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«C’est le chaos ici au Népal»

29 avril 2015

Corcelles-sur-Chavornay – Parti effectué un trek autour de l’Everest, le Nord-Vaudois Bastian Fleury était au coeur du séisme qui a dévasté, samedi, le Toit du Monde. Il raconte le choc, la peur, puis le soulagement.

Coincé à plus de 4000 mètres d’altitude, Bastian Fleury n’avait pas réussi, hier, à rejoindre la capitale Katmandou, les chemins étant impraticables. DR

Coincé à plus de 4000 mètres d’altitude, Bastian Fleury n’avait pas réussi, hier, à rejoindre la capitale Katmandou, les chemins étant impraticables.

Il était parti pour le Népal le 16 avril, deux jours après son 24e anniversaire. A son arrivée, Bastian Fleury, de Corcelles-sur-Chavornay, s’était directement envolé pour Lukla, point de départ des treks autour de l’Everest, là où, justement, le séisme de 7,8 sur l’échelle de Richter a provoqué, samedi dernier, de violentes avalanches. C’est donc peu dire que les heures ont été interminables pour ses parents, qui ont heureusement reçu un message rassurant par téléphone satellite, en fin de journée, samedi, de la part d’un des membres du groupe d’amis de leur fils. «On a vraiment eu peur», confie sa mère, Francine Fleury.

Quant à Bastian Fleury, il a réussi, hier, à atteindre le village de Pheriche, à 4371 mètres d’altitude, où les blessés viennent tout juste d’être évacués. Contacté par e-mail, il raconte ce terrible 25 avril: «Soudain, vers midi, le sol s’est mis à trembler, d’abord doucement. Nous nous sommes précipités dehors. Le séisme est devenu de plus en plus puissant et certaines parties de notre lodge sont tombées en ruine. C’était la panique, les gens criaient. Le tremblement de terre a duré environ 45 secondes. Il était d’une extrême violence».

Coincé à plus de 4000 mètres d’altitude, Bastian Fleury n’avait pas réussi, hier, à rejoindre la capitale Katmandou, les chemins étant impraticables. DR

Coincé à plus de 4000 mètres d’altitude, Bastian Fleury n’avait pas réussi, hier, à rejoindre la capitale Katmandou, les chemins étant impraticables.

Mais, alors que les secousses devenaient de moins en moins puissantes, un énorme bruit a retenti. «Je ne voyais alors rien, pris dans un épais brouillard, mais j’ai tout de suite reconnu le bruit. C’était celui d’une avalanche… Personne ne savait quoi faire.» Le Nord-Vaudois décrit ensuite son soulagement, le besoin de rassurer ses proches en Suisse, les pleurs des villageois, la peur. «Il y a un lac au-dessus du village, qui menace de déborder depuis plusieurs années, souligne Bastian Fleury. S’il cela devait arriver, la vallée toute entière serait dévastée.» Sans compter que le samedi après-midi a été ponctué de répliques sismiques: «C’était effrayant et nous devions à chaque fois courir dehors.»

Avec les tristes nouvelles arrivant de Katmandou par la radio népalaise, le Suisse commence à mesurer l’ampleur de la catastrophe. Il s’inquiète du sort de personnes rencontrées en route et qui étaient censées se trouver au camp de base de l’Everest et dont il est sans nouvelle. Bastian Flury arrive à envoyer un deuxième message à ses parents. Le jeune homme devra attendre encore sur place avant de pouvoir redescendre à Katmandou, les chemins n’étant pas encore praticables. «C’est le chaos ici», décrit encore Bastian Fleury. A son retour dans la capitale, il a prévu de prendre contact avec des associations et de rester quelques temps au Népal pour venir en aide aux victimes.

 

«Tout tombait, les gens hurlaient»

Sunil Gautam. DR

Sunil Gautam.

«Je n’avais jamais ressenti quelque chose de pareil de toute ma vie. C’était fou, témoigne, depuis la capitale dévastée de Katmandou, Sunil Gautam. Tout tombait. J’entendais des hurlements venant des toits, des femmes criaient…». A l’heure du séisme, le jeune tatoueur de 25 ans se trouvait dans son magasin du centre-ville, situé dans le quartier touristique de Thamel: «J’étais entouré d’étrangers, c’était la panique générale.» A dix minutes à pied de sa boutique, les somptueux temples de Dubar Square ne sont déjà plus qu’un tas de briques et de bois…

Samedi, Sunil Gautam a dû s’habituer aux répliques. Il a trouvé un endroit à découvert pour dormir, dans le froid, mais loin des murs devenus trop dangereux. Mais aujourd’hui, la peur a laissé la place au soulagement. Ses proches vont bien. Une chance, car le bilan, terrible, pourrait atteindre les 10 000 morts.

Camille Bardet

 

Journée de solidarité

La Chaîne du Bonheur a récolté 1,36 million de francs en trois jours, suite au tremblement de terre qui a frappé, samedi, le Népal. Elle organisera, avec la SSR, une journée nationale de solidarité le mardi 5 mai prochain. Treize ONG partenaires ont commencé à porter secours aux victimes. A l’image d’Handicap International, qui affirmait, hier, que jusqu’à 50 000 personnes pourraient être blessées. Les cinquante employés de l’organisation, sur place, donnent la priorité aux soins aux blessés, leur objectif étant d’appuyer les hôpitaux saturés et de limiter les risques de handicaps durables. Hélène Robin, responsable de l’urgence Népal à Handicap International, a comparé la situation au séisme de janvier 2010 à Haïti.

Trois jours de deuil

Le premier ministre népalais, Sushil Koirala, a décrété trois jours de deuil national, à partir d’hier, en souvenir des victimes du séisme qui a tué plus de 5000 personnes, selon un dernier bilan. Il pourrait monter jusqu’à 10 000. Le magistrat a aussi remercié les donateurs, lors d’une allocution télévisée.

ATS

Com./Réd.