Logo
Il rêve de briller devant son public
©Carole Alkabes

Il rêve de briller devant son public

20 octobre 2016 | Edition N°1853

Badminton – Le badiste du BCY Clément Lanfranchi prendra part au Swiss International, dès aujourd’hui à Yverdon. Une première pour ce jeune talent. Portrait.

Dans «sa» salle des Isles, Clément Lanfranchi attend de pied ferme l’Allemand Simon Wang, son premier adversaire du tournoi. ©Carole Alkabes

Dans «sa» salle des Isles, Clément Lanfranchi attend de pied ferme l’Allemand Simon Wang, son premier adversaire du tournoi.

Sourire aux lèvres, sweat à capuche sur les épaules et sac de badminton au dos, Clément Lanfranchi débarque en trombe dans un café de la Cité thermale, où le rendez-vous a été fixé. «Ça me fera une pause entre mes deux entraînements du jour», lâche le Chavornaysan. Deux séances quotidiennes ; il lui faudra bien ça pour rivaliser avec quelques-uns des meilleurs badistes de la planète, dès aujourd’hui aux Isles, à l’occasion du Swiss International. Une compétition d’envergure à laquelle prendra part pour la première fois le jeune joueur du club d’Yverdon. «J’ai appris ma sélection ily a deux ou trois semaines. C’était évidemment une belle surprise», lâche le jeune homme qui a fêté ses 18 ans cette année. Avant d’admettre : «Je pensais quand même avoir de bonnes chances d’être retenu par les organisateurs.» Aux côtés de huit autres coéquipiers du BCY, Clément Lanfranchise mesurera à des joueurs de classe mondiale. Pas de quoi, pour autant, inquiéter ou faire douter celui qui sera aligné à la fois en simple et en double messieurs. «Je ne me sens pas stressé et ne ressens pas de pression particulière. Avant,c’était mon plus gros défaut ; je ne la supportais pas. Mais c’est quelque chose que j’ai appris à gérer», souligne-t-il. De quoi lui donner des ailes ?«Je porterai le costume d’outsider, tempère le jeune athlète. Mais c’est sûr que je souhaite faire bonne figure devant ma famille, mes proches et mes coéquipiers.»

«Faire bonne figure»: excès d’humilité ou pronostic réaliste ? «Même si le plateau est moins relevé que l’année dernière (ndlr : beaucoup de joueurs professionnels avaient fait halte dans la Cité thermale pour préparer les Jeux olympiques), le niveau reste extrêmement élevé. Je vais déjà essayer de ne pas me faire massacrer au premier tour. Pour le reste, on verra», souffle, un sourire en coin, celui qui devra passer par la case des qualifications, dès aujourd’hui, face au jeune Allemand Simon Wang. «Je ne connais pas grand-chose de lui. Je me souviens juste de l’avoir vu jouer lorsqu’il évoluait chez les juniors. C’est un bon joueur, c’est sûr, mais je pense qu’il y a clairement un coup à jouer. En tout cas, je vais tout faire pour le bousculer et l’embêter un peu», lance, volontaire, le Nord-Vaudois.

Le badminton à 100 %

Atteindre un niveau international ne se fait pas en deux jours, ni sans sacrifices. Et ce n’est pas Clément Lanfranchi qui dira le contraire. «Je ne compte plus le nombre de fois où, après des matches perdus ou des entraînements difficiles, j’ai hésité à tout plaquer. Mais, à chaque fois, l’envie de continuer était plus forte», reconnaît celui quia décidé, après l’obtention de sa maturité en juillet dernier,de prendre une année sabbatique pour se consacrer exclusivement à son sport.

«J’ai mis toutes les chances de mon côté pour voir de quoi je suis capable, et jusqu’où je peux aller», souligne l’ambitieux badiste. Résultat : deux entraînements quotidiens, représentant au total une vingtaine d’heures par semaine.

Sans compter les cours de badminton qu’il donne aux jeunes du club. Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne lésine pas sur les moyens. Ni sur les concessions. «C’est clair que c’est un investissement à100 %. Un choix de vie, aussi», déclare-t-il. Suffisant pour briller un jour au plus haut niveau ? «Je ne vise de toute façon pas une carrière pro, clâme Clément Lanfranchi. Pour moi, le badminton est avant tout et surtout une passion.» Une passion débordante qui l’a mené jusqu’en Asie, terre fertile du badminton. C’était l’été passé, en Malaisie. «J’ai suivi un stage de trois semaines avec des entraînements spécifiques, en compagnie de joueurs locaux d’un niveau exceptionnel», confie l’un des espoirs du BCY.

Avant de poursuivre : «J’ai rencontré des jeunes de 25 ans qui s’entraînaient trois fois par jour pour faire vivre toute leur famille. C’était hallucinant !» Prendre une année sabbatique était également l’occasion pour lui de consolider son rôle-clé dans l’équipe de Ligue nationale B du club yverdonnois et, pourquoi pas,briguer une place dans la catégorie reine. «Je suis sur la dernière marche avant d’atteindre le Graal», lâche celui qui a touché sa première raquette à l’âge de 13 ans. «Si j’en ai l’occasion, j’espère même faire une ou deux piges dans la première équipe cette année déjà», confie-t-il. Quid du double, l’autre catégorie dans laquelle il est régulièrement aligné ? «A la base, je suis un spécialiste du simple et je veux le rester. Si tu veux être un top joueur, tu ne peux pas éternellement jouer sur tous les tableaux», relate, réaliste,le jeune homme.

Féru de badminton, le droitier du BCY ne souhaite pas faire de la compétition à haut niveau une fixation. Du moins pas à long terme. «Je me verrais bien prof de sport ou coach sportif», souffle celui qui envisage de débuter un bachelor en sport à l’Université de Lausanne. «Tôt ou tard, je sais que je ne pourrai plus me consacrer à 100 % à ma discipline. Mais ça ne fait rien ; ce sera un retour à un statut normal, pas à un sous-statut», conclut, philosophe, Clément Lanfranchi.

Avec neuf Yverdonnois

Le Swiss International, mouture 2016, débute aujourd’hui au Centre sportif des Isles, à Yverdon-les-Bains. Neuf badistes du club d’Yverdon se mesureront aux athlètes nationaux et internationaux. Parmi eux,Oliver Colin (12h35), Anthony Dumartheray (13h),Thibault Bernetti (13h10), et Clément Lanfranchi (13h45) devront passer l’écueil des qualifications en simple messieurs, aujourd’hui, pour se retrouver dans le tableau principal, dès demain. Valentin Baula, Christophe Debétaz, Jan Fröhlich, les soeurs Sarah et Malika Golay, et Ayla Huser compléteront «l’armada » des joueurs du BCY. L’entrée à la manifestation est gratuite aujourd’hui et demain, et se monte à cinq francs samedi et dimanche.

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Simon Gabioud