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Le déplacement de Coop refusé

7 décembre 2016 | Edition N°1887

Yvonand – Le Conseil communal a refusé, d’une petite voix, la vente d’un terrain au géant bâlois, qui projetait de construire un magasin plus moderne.

La séance d’information du mois dernier avait réuni un nombreux public. ©Alkabes-a

La séance d’information du mois dernier avait réuni un nombreux public.

A 21h30, lundi dernier, le président du Conseil communal d’Yvonand, Gilbert Noverraz, met un terme à près d’une heure de débats. Il fait passer au vote le préavis -amendé peu avant- sur l’achat d’un terrain de 6200 m2 par Coop pour l’aménagement d’un magasin agrandi et encore mieux achalandé que celui actuel, sis au centre du village, et prévu pour la fin 2019. Au final, 24 voix contre et 23 pour. Un résultat des plus serrés pour un sujet hautement émotionnel, qui a légitimement fait couler autant d’encre que de salive. Rideau sur presque trois ans de tractations ? Peut-être pas tout à fait.

Controverse

Flash-back tout d’abord sur cet avant-vote : un public plus nombreux qu’à l’accoutumée avait fait le déplacement du Forum du Collège En Brit, démontrant ainsi l’importance du sujet pour la population villageoise. Une importance qui a failli prendre une tournure étonnante, lorsque Gilbert Noverraz relayait le courrier d’une hoirie familiale tapa-sabllia se déclarant prête à vendre au géant bâlois de l’alimentaire une parcelle dont elle est propriétaire, en plein cœur d’Yvonand, d’une surface quasi égale à celle de l’objet du préavis.

Une proposition tempérée par le municipal Guy-Daniel Beney : «La parcelle n’est pas du tout constructible en l’état actuel et avant une éventuelle révision du plan général d’affectation, qui devrait prendre entre quatre et sept ans.»

Commission divisée

De son côté, la commission des finances a reconnu, dans son rapport, que le prix convenu de 400 francs le m2 «est correct, car il permettrait de dégager les liquidités nécessaires pour initier les aménagements adéquats».

La commission regrettait toutefois «que la Municipalité n’ait pas approfondi la question d’un éventuel droit de superficie». La commission ad hoc, quant à elle, a accepté dans sa majorité le préavis, mais un rapport de minorité, initié par trois de ses membres issus de la gauche, a été présenté dans la foulée, avec force arguments en défaveur du projet, dont celui «du risque de diminuer l’attractivité au centre du village».

A l’issue du vote, la première réaction officielle est venue de l’Exécutif, par la voix du syndic Philippe Moser. Devant les 47 membres du Conseil, il a tenu à remercier chacun pour les nombreux débats qui sont restés corrects durant tout ce temps : «J’ai apprécié que vous ayez toutes et tous pu présenter et défendre vos points de vue. La Municipalité prend acte et veut maintenant se tourner vers l’avenir. Cette parcelle est vide, mais elle a un coût. Il est temps d’en faire quelque chose et de repenser complètement notre futur.»

Au terme de cette séance forcément historique, le groupe socialiste, fervent opposant au projet, a lui aussi pris acte : «Les commerçants d’Yvonand avaient peur que le déménagement de la Coop signifie la mort du centre de notre village. Si le préavis avait été accepté, un comité référendaire aurait été formé. Ce projet a eu le mérite d’ouvrir le débat. Maintenant, l’important sera de savoir comment gérer au mieux ce terrain public.»

Et si d’aucuns espèrent que Coop accepte le verdict et prolonge son bail à son emplacement actuel, Gilbert Noverraz, une fois la séance levée, s’est réjoui «du débat citoyen qui a eu lieu, davantage que du débat politique», tout en reconnaissant la possibilité que le PLR lance un référendum et que le dernier mot revienne, ainsi, aux habitants d’Yvonand.

Le nouveau magasin régional pourrait bien être construit dans une commune voisine…

©Alkabes-a

©Alkabes-a

Patron de Coop en Suisse romande, Sissigno Murgia (photo) est très déçu du résultat du vote du Conseil communal. Il en prend acte, mais s’interroge sur certaines attitudes qu’il juge égoïstes : «C’est triste pour les mères de famille qui doivent se déplacer En Chamard pour trouver certains articles qu’elles ne trouvent pas sur place.»

Pour ce haut responsable du grand distributeur, le projet aurait permis de renouveler les installations et de répondre à des critères élevés en matière d’environnement : «Je dois garantir la fraîcheur des produits là où nous sommes. Mais il faut que les magasins soient équipés en conséquence, avec des installations qui respectent l’environnement. Le nouveau magasin aurait répondu à ces exigences.»

Que va-t-il se passer maintenant ? «Je vais continuer de faire avec», souligne Sissigno Murgia, manifestement contrarié. Et d’ajouter : «Je ne veux pas m’emballer à chaud. On va réfléchir. En janvier on revient avec un ressenti et les futures mesures à prendre.»

Cheyres en lice ?

S’il ne cache pas qu’il a un plan B, le patron de Coop ne veut pas en dire plus. Pourtant, lors de la présentation publique, en novembre dernier, des rumeurs faisaient état de la possibilité de construire un nouveau magasin dans la localité voisine de Cheyres, car celui projeté à Yvonand était destiné à une clientèle régionale. Si cette alternative venait à se réaliser, Yvonand réaliserait à coup sûr une mauvaise affaire, en matière d’emplois et de proximité. I.Ro

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Aurélien Abla