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Le grand retour de Matt Moussilou

14 avril 2016 | Edition N°1722

Football – Challenge League – Après plus de huit mois d’absence, l’attaquant franco-congolais est de retour d’une sévère blessure. Rencontre avec celui qui était attendu comme le messie au FC Le Mont.

Comblé, Matt Moussilou ne verrait pas d’objection à poursuivre l’aventure montaine encore quelques années. © Simon Gabioud

Comblé, Matt Moussilou ne verrait pas d’objection à poursuivre l’aventure montaine encore quelques années.

On joue la 70e minute de jeu de la rencontre entre Wohlen et Le Mont, le samedi 2 avril dernier. Matt Moussilou fait son entrée sur la pelouse argovienne. Il ne lui faudra que quatre petites minutes pour trouver le chemin de filets, pour son deuxième match de championnat sous les couleurs montaines. Un retour gagnant au plus niveau pour celui qui s’était gravement blessé, une semaine après son arrivée au club, en juillet de l’année dernière.

Le sort s’était acharné lors d’un match de préparation face à Yverdon Sport. L’attaquant de 33 ans se rompait un tendon d’Achille. «Ça a été un moment très difficile pour moi, admet-il. On ne sait jamais comment on reviendra après une telle blessure. Sans parler du fait qu’on ne peut rien faire pour aider l’équipe.»

Pas moins de huit mois ont été nécessaires pour revenir au plus haut niveau et retrouver la joie de jouer au football. «Après ces longs mois éloigné des terrains, j’étais comme un gamin au moment de fouler les pelouses et de taper dans un ballon, lâche, tout sourire, l’international congolais. Evidement, marquer dès mon retour a été une grosse satisfaction pour moi. Je suis fier de m’être relevé de tout cela. Finalement, c’était une sorte de récompense pour tout le travail de l’ombre accompli.»

«Tirer à la même corde»

Riche d’une carrière à faire pâlir nombre de ses coéquipiers, l’ancien attaquant de Ligue 1 est conscient qu’il a été engagé afin d’apporter une réelle plus-value à son nouveau club. «J’assume pleinement cette étiquette de renfort. Après mon passage à Lille (ndlr: il a mené l’équipe jusqu’à la Ligue des Champions 2005-2006), les attentes étaient grandes envers moi. Je suis habitué à cette situation. Aujourd’hui, je souhaite apporter surtout de la sérénité, de l’intensité et de l’expérience dans le jeu.»

Actuels 10es et derniers de Challenge League, les hommes de Claude Gross se retrouvent dans une situation inquiétante. «On ne pourrait pas être plus bas, reconnaît-il. Maintenant, il faut que toute l’équipe enfile son bleu de chauffe, qu’on tire tous à la même corde. Il nous reste encore neuf matches, c’est suffisant. Le destin est entre nos mains.»

Si les maux des Montains ne peuvent pas tous être soignés en quelques rencontres, il y en a un pour lequel il est urgent de trouver remède: le secteur offensif. Avec cinq buts inscrits en neuf parties, l’attaque de l’équipe qui évolue à Sous-Ville est très -trop- discrète pour espérer grappiller quelques places au classement. «On doit se montrer plus incisifs devant le but, et exploiter un maximum les ballons en profondeur», affirme celui que l’on aime surnommer la «fusée humaine».

Pour son troisième match joué consécutivement à domicile, Le Mont accueille le leader Lausanne-Sport, dimanche (voir encadré). Une rencontre particulière pour celui qui a porté, entre 2011 et 2013, le maillot bleu et blanc. L’occasion, pour Matt Moussilou ,de se remémorer, avec un brin de nostalgie, les années passées dans la capitale vaudoise. «Après six mois de chômage, la parenthèse lausannoise était spéciale, lâche l’ancien protégé de Martin Rueda. Lorsque l’on vous promet à une carrière radieuse, atterrir au LS, ici en Suisse, a sonné comme une déception, au début. Puis, j’ai retrouvé goût au football, avec des gens formidables. Je dois une fière chandelle au club.» Quant au fait d’affronter ses anciens coéquipiers, il n’en fait pas une fixation: «Lorsque j’avais quitté le LOSC pour rejoindre, entre autres, Saint-Etienne, Nice et Marseille, j’ai été amené à jouer contre des équipes au sein desquelles j’avais évolué. Cela ne m’a jamais affecté. Au contraire, ça m’a plutôt bien réussi.»

A bientôt 34 ans, le Franco- Congolais en est conscient: il est plus près du crépuscule que de l’aube de sa carrière. Au moment de regarder dans le rétroviseur, se dessine un sentiment bigarré: la satisfaction d’une carrière que beaucoup envient, mais la sensation, aussi, de gâchis. «Après mes sélections en équipe de France espoirs, beaucoup me voyaient comme le nouveau prodige du football français, argue-t-il. Mais, même s’il y a un peu d’amertume de n’avoir pas mieux percé, je suis tout de même fier de ce que j’ai accompli.»

Matt Moussilou n’a pas encore grillé toutes ses cartouches et se voit fouler les pelouses encore quelques années: «J’ai toujours faim de football et ma famille se plaît dans la région. Je ne vois donc pas de raison que mes enfants ne me voient pas porter le maillot du Mont encore quelques années.»

Le choc face au LS

Le denier de classe, Le Mont, accueille le leader, Lausanne- Sport, dimanche, au Stade Sous-Ville, à Baulmes (coup d’envoi à 15h). Un derby vaudois a priori déséquilibré, qui vaudra son pesant d’or. Sorti sur blessure contre Schaffhouse, Matt Moussilou souffre d’une contracture musculaire à une cuisse. A la suite d’examens réalisés en début de semaine, il a pu reprendre l’entraînement. Il devrait être opérationnel pour le match de dimanche.

Plus fort que Zlatan

L’année 2005 avait été celle de tous les superlatifs pour Matt Moussilou. En plus d’avoir été couronné meilleur buteur de la saison -toutes compétition confondues-, devant Pauleta et un certain Alexander Frei, l’ancien attaquant de Lille a réussi la performance historique d’inscrire trois goals en l’espace de cinq minutes, lors de la victoire 7-0 face à Istres. Ce record de rapidité n’a, aujourd’hui, toujours pas été battu.

«C’était une journée particulière, se souvient-il, ému. Une amie proche avait été poignardée deux jours auparavant. J’étais anéanti, mais j’avais décidé de jouer pour elle. Je lui ai dédié ces trois buts. C’était un moment fort de ma carrière.»

A noter que, le 13 mars dernier, Zlatan Ibrahimovic a frôlé le record, en réalisant un triplé en… neuf minutes (victoire 9-0 du PSG face à Troyes).

Simon Gabioud