Logo

Marche blanche pour Kayla et Cristina

25 juillet 2016 | Edition N°1792

Yverdon-les-Bains – Une manifestation a été organisée, vendredi soir, en souvenir de la fillette et de sa maman tuées lors de l’attentat de Nice, le 14 juillet.

La marche blanche s’est terminée sur la place Pestalozzi. Comme lors du précédent hommage, lundi dernier, les participants ont déposé des fleurs et des peluches devant le Temple. Certaines personnes ont également écrit quelques mots en hommage à Kayla et à sa maman. ©Michel Duperrex

La marche blanche s’est terminée sur la place Pestalozzi. Comme lors du précédent hommage, lundi dernier, les participants ont déposé des fleurs et des peluches devant le Temple. Certaines personnes ont également écrit quelques mots en hommage à Kayla et à sa maman.

L’émotion était forte, vendredi soir, vers 20h, au moment où la foule a entonné un «Notre Père» face au Temple, devant un parterre de peluches et de fleurs, déposées en souvenir de Kayla (6 ans) et de sa maman Cristina, deux Yverdonnoises tuées lors de l’attentat de Nice (La Région Nord vaudois du 18 et du 19 juillet). Quatre jours après un premier hommage, quelque 150 personnes ont participé à une marche blanche, organisée par la communauté brésilienne, et qui a relié la gare à la place Pestalozzi, où le drapeau de la Ville avait été mis en berne.

 

«Au milieu de cette violence, il y a eu beaucoup de solidarité»

Rentrée de Nice jeudi dernier, la grand-maman de Kayla, Inès, a accepté, en marge de la marche blanche, de revenir sur le drame que sa famille traverse.

Inès (au centre) était en tête du cortège, vendredi. ©Michel Duperrex

Inès (au centre) était en tête du cortège, vendredi.

Comment vivez-vous ces heures douloureuses ?

Il y a beaucoup de tristesse. Le bilan est lourd : j’ai perdu ma fille et ma petite-fille. Je pense aussi à mon beau-fils qui, lui, a perdu sa femme et l’une de ses filles.

Comment va ce dernier ?

Pour lui, c’est très dur psychologiquement. Grâce à un réflexe, il a réussi à sauver ses deux cadettes (ndlr : 4 ans et 8 mois), en arrachant notamment la plus petite des bras de ma fille, mais il n’a pas pu sauver toute sa famille. Il a tout vu…

Vous revenez à peine de Nice…

C’était horrible. La ville pue le sang ; elle pue la mort. Quand je suis arrivée, je savais que Kayla était morte, mais personne ne pouvait me dire où était ma fille Cristina. Je ne savais pas si elle était décédée ou blessée, aux soins intensifs. Ce fut une véritable descente aux enfers. Je n’avais pas accès à l’hôpital. Je me suis retrouvée dans un centre d’accueil, où l’on nous offrait du café… Mais moi, je n’avais pas besoin de café, j’avais besoin de réponses… J’aurais voulu échanger la minute de silence qui a été faite contre deux minutes d’explication. Puis, il y a eu ce téléphone, le dimanche (le 17 août) de quelqu’un de la Confédération qui confirmait que Cristina était morte… Il était 23h50…

Vous avez reçu beaucoup de marques de soutien, notamment du Nord vaudois. Cela vous aide-t-il ?

Oui. Au milieu de toute cette violence, il y a eu beaucoup de solidarité et d’humanité. J’aimerais profiter pour remercier -pas une fois, mais mille et une fois- la direction de La Solution, mon employeur, ainsi que tous mes collègues. Leur soutien a été incroyable, comme celui, à Nice, des représentants de la Suisse. Un jour, j’irai à Berne les remercier.

Vous parlez avec beaucoup de dignité et de générosité. Mais ne ressentez-vous pas de la colère ?

A quoi cela servirait-il d’en vouloir à tout le monde. Cela ne ramènera pas ma fille. Cela ne ramènera pas ma petite-fille. Je veux maintenant les enterrer. Elles le seront à Yverdon-les-Bains. Ma fille est née au Brésil, à Rio. Mais c’est ici qu’elle a eu ses trois filles, qu’elle a été accueillie.

 

Enregistrer

Yan Pauchard