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Sur Grati déchaîne les passions

8 juillet 2014

Clôturée hier à minuit, la mise à l’enquête du projet de parc éolien prévu au sud-est de Vallorbe, fait l’objet de plusieurs oppositions.

Dans un tel climat, les éoliennes du projet Sur Grati ne semble pas prêtes à voir le jour.

Dans un tel climat, les éoliennes du projet Sur Grati ne semble pas prêtes à voir le jour.

Le ciel est loin d’être dégagé pour les six éoliennes prévues sur le pré de Sur Grati. Tel est le constat qui s’impose au moment de boucler la période de consultation portant sur l’épais dossier du parc éolien, un projet fruit d’un partenariat entre Premier, Vallorbe, Vaulion et la société VO Energies Eole S.A.

Sans être en mesure de donner des détails chiffrés, les syndics des trois communes nord-vaudoises font état d’oppositions, des marques de désaveu sur lesquelles ils devraient se pencher aujourd’hui.

«C’est épouvantable. C’est à désespérer de ce pays. On fait un procès à l’éolien mais personne ne propose rien d’autre. Nous sommes entourés de centrales nucléaires françaises, mais cela n’inquiète personne. C’est toujours aux autres de produire de l’énergie», s’indigne Etienne Candaux, syndic de Premier, qui déplore, sans souhaiter en dire plus, le nombre élevé d’oppositions essuyées globalement par le parc éolien Sur Grati.

Stéphane Costantini et Claude Languetin, ses homologues de Vallorbe et Vaulion, indiquaient, hier, avoir reçu plusieurs courriers de particuliers souhaitant mettre leur veto au projet présenté.

Parmi les opposants aux éoliennes de Sur Grati, on retrouve l’association Paysage-Libre Vaud, créée il y a à peine plus d’une année à Echallens. Accusant les partenaires du projet de ne pas avoir collaboré dans le cadre de la diffusion des informations (lire encadré), cette organisation a envoyé un document d’une vingtaine de pages vendredi dernier aux trois communes.

Des griefs portant sur l’approche de la notion d’impact paysager y sont notamment formulés (lire aussi, à ce propos, l’encadré bleu). «Des séances d’informations ont été organisées dans les communes participant au projet, alors que treize d’entre elles vont être très impactées par le projet», souligne Jean-Marc Blanc, secrétaire général de l’association. Les modalités du défrichement et les incidences sur la faune de cette région préservée sont aussi pointés du doigt par Paysage Libre-Vaud.

Fronde locale

A l’échelon local, SOS Jura- Vaud (Sud) est aussi monté aux barricades. Cette association créée en février dernier regroupe actuellement une soixantaine de membres. Son président Italo Facchinetti affiche une détermination à toute épreuve.

«Référendum, tribunal : nous allons aller jusqu’au bout. Ce projet est une catastrophe, tant d’un point de vue financier, que du rendement ou de l’impact paysager », déclare-t-il. Selon lui, rien n’impose la précipitation. «Je soutiens la volonté de la Confédération, mais la sortie du nucléaire ne doit pas se faire à n’importe quel prix», conclut-il.


Une étude révèle que Vallorbe et Yverdon seraient cernés par les éoliennes

Directeur adjoint de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, Roman Hapka, déplore l’absence de vision globale liée au développement de parcs éoliens sur le sol helvétique. L’étude commandée par son organisation à Meteotest a permis de mesurer l’impact visuel des projets éoliens sur la population du canton de Vaud et du Val-de-Travers, en terres neuchâteloises. Sur les 524 629 personnes vivant dans le périmètre d’investigation, le 38,1% (soit un peu plus de 200 000 personnes) devra compter avec la présence d’installations visibles dans un rayon de 10 kilomètres.

«En Europe, des projets proches l’un de l’autre comme Sur Grati, le Mollendruz ou Bel Coster ne formeraient qu’un seul parc. Les entités politiques sont petites dans notre pays. En comparaison européenne, le cumul d’éoliennes prévu dans certaines régions représente une densité extrême», indique Roman Hapka.

Et de préciser : «Beaucoup de machines seront présentes autour d’Yverdon, mais à une distance relativement grande. Il n’en va pas de même pour Cossonay, Vallorbe et le Val-de-Travers, où on trouvera de nombreuses éoliennes orientées dans toutes les directions dans un rayon de moins de 5 kilomètres».

Roman Hapka annonce en outre que le Canton de Vaud a repris cette étude et va l’actualiser avec de nouvelles données.


Objectif transparence

Stéphane Costantini réfute «l’entrave à l’information» dont prétend avoir été victime Paysage Libre-Vaud, l’association n’ayant pas reçu, comme demandé, les documents de la mise à l’enquête sous forme électronique. «Nous n’avons pas l’infrastructure logistique pour le faire. En revanche, nous nous sommes mis à disposition, même le week-end, pour fournir les renseignements.», explique le syndic de Vallorbe.

Ludovic Pillonel