Logo

Visions antagonistes d’un drame routier

30 août 2016 | Edition N°1817

Yverdon-les-Bains – Un automobiliste impliqué dans un accident mortel survenu à Essertines il y a cinq ans s’est présenté hier au Tribunal. Il plaide l’acquittement.

L’accident a eu lieu sur un tracé sinueux, avec une mauvaise visibilité. ©Antille-a

L’accident a eu lieu sur un tracé sinueux, avec une mauvaise visibilité.

Un drame particulièrement douloureux a occupé hier à Yverdon-les-Bains, le Tribunal de police de l’arrondissement du Nord vaudois. Il s’agissait d’examiner un accident de la route survenu en juillet 2011 sur la route secondaire entre La Robellaz et Essertines-sur-Yverdon. Cette collision entre une voiture et une moto avait coûté la vie à un jeune de dix-sept ans et demi domicilié dans la région.

«Il voulait aller mettre de la benzine et faire un petit tour. 48 heures plus tard, je l’ai retrouvé dans une chambre mortuaire. C’était la quatrième dimension», s’est exclamée la mère du défunt, dans une atmosphère pesante, qui a vu chacune des deux parties maintenir sa version des faits.

Brièvement questionné par la présidente, le prévenu a signalé qu’il circulait sur sa voie et s’était déporté sur sa gauche pour éviter, hélas sans succès, la moto en sens inverse. «Elle m’arrivait dessus. Je me suis vu rouler sur ce garçon. C’est un sentiment indescriptible», a commenté ce quadragénaire habitant dans le district de Nyon. Pour donner plus de poids à ses propos, ce dernier a fait appel à plusieurs avis de spécialistes en complément des deux expertises judiciaires réalisées dans le cadre de la procédure. L’acte d’accusation indique, a contrario, que le véhicule du prévenu «empiétait largement sur la partie de la chaussée réservée aux usagers de la route venant en sens inverse» avant l’impact.

La victime ne peut pas, selon sa famille qui s’est constituée partie plaignante, endosser une quelconque responsabilité dans l’accident, tant sa conduite était prudente et sa connaissance de la route, très grande, puisqu’il l’empruntait quotidiennement pour aller travailler.

«Vous êtes responsable du décès. Il faudra un jour ou l’autre que vous l’admettiez», a lancé le procureur à l’accusé lors de son réquisitoire. Après que les deux camps ont terminé leur bras de fer en s’appuyant essentiellement sur les résultats des expertises effectuées, le prévenu a, pour sa part, déclaré : «Je ne peux pas tolérer qu’on puisse dire que j’ai assassiné cet enfant. Je vais me battre jusqu’à l’épuisement». Le Ministère public demande que l’accusé soit reconnu coupable d’homicide par négligence, la défense a plaidé l’acquittement pur et simple. Le jugement sera communiqué prochainement.

Enregistrer

Enregistrer

Ludovic Pillonel