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«Omnikin… bleu!»

17 octobre 2012

Kin-ball – Une intouchable formation mixte venue du Québec a affronté, au cours d’un match exhibition organisé à la salle des Isles, les équipes suisses féminines et masculines, en marge des Championnats d’Europe.

Tout à gauche, un Canadien s’apprête à frapper dans la balle. Avant cela, son équipe doit désigner, par sa couleur, la formation qui aura pour mission de réceptionner l’envoi avant un contact avec le sol. L’annonce doit systématiquement être précédée du mot «omnikin».

«Ah, il y a quand même une vraie différence de niveau entre ces trois équipes. Il faut dire que jamais une équipe canadienne n’a perdu une rencontre internationale!» L’accent québecois du speaker retentit dans les hauts-parleurs de la salle des Isles. Ses explications tactiques, mâtinées d’une pointe de chauvinisme de bonne guerre, sont d’un grand secours à une bonne partie du public, qui découvrait le kin-ball à l’occasion d’un match exhibition organisé jeudi dernier entre les équipes suisses masculine et féminine, ainsi qu’une formation mixte du Canada.

Un nouveau sport à l’école

De mercredi à dimanche dernier, les Championnats d’Europe de la discipline se déroulaient à Neuchâtel. En marge de la compétition, les équipes participantes se sont mises à la disposition de qui voudraient les accueillir pour une démonstration. Une opportunité que n’a pas hésité à saisir Serge Schnegg, professeur de sport à Léon-Michaud et converti à ce drôle de jeu. «J’ai suivi un cours de formation continue consacrée au kin-ball, une discipline qui m’a séduit. Aujourd’hui, à Yverdon, nous sommes équipés et nous la pratiquons à l’école!»

Il faut dire que ce sport peu connu dans nos contrées présente de multiples avantages à être pratiqué en milieu scolaire. «Tous les membres d’une équipe sont obligés de participer: ils doivent tous toucher la balle au moment de la frappe. Personne ne peut rester en retrait, dans son coin», précise Serge Schnegg.

L’importance du collectif

Les membres de l’équipe suisse évoquent les mêmes arguments lorsqu’on leur demande la raison pour laquelle ils se sont pris de passion pour cette discipline. Alors qu’ils pratiquaient le football, Patrick Brülhart et Johan Göri ont vu un reportage consacré au kin-ball et ont eu envie d’essayer. Dès le premier entraînement, ça a été le coup de foudre. «Toute l’équipe est obligée de tirer à la même corde si on veut réussir quelque chose», souligne le premier. «C’est un sport véritablement basé sur le collectif», renchérit le second. Et les deux joueurs de 25 et 24 ans ne ménagent pas leurs efforts pour progresser. «En vue des Championnats d’Europe, nous nous sommes entraînés quatre à cinq fois par semaine, pour pouvoir prétendre à une place sur le podium», note le Loclois Patrick Brülhart. Mission accomplie: la Nati a terminé deuxième, derrière la Belgique, tandis que les Suissesses ont remporté le bronze lors de la finale.

Sur la terrain de la salle des Isles, rendons aux Canadiens ce qui leur appartient, ils se sont montrés intraitables. Il faut dire que le kin-ball a été créé au Québec en 1986 et n’a été importé en Suisse qu’en 2009, avec la création de l’équipe nationale, en marge de celle du club de Neuchâtel. Depuis, la pratique de la discipline se développe; des sociétés apparaissent aux quatre coins du pays, tandis que le championnat se met petit à petit en place. «A Neuchâtel, nous sommes aujourd’hui une quarantaine de membres», précise le Chaux-de-Fonniers Johan Göri. Le club accueille volontiers de nouvelles personnes pour un essai et davantage si affinités.

Dans nos contrées, l’existence du kin-ball demeure très confidentielle. Mais à observer l’attirance des gamins pour ce ballon plus gros qu’eux dès que le match d’exhibition a pris fin, il n’est pas à exclure que la discipline se développe par chez nous comme ailleurs. La (grosse) balle est dans le camp des sportifs d’aujourd’hui et de demain.

 

Kin-ball: l’essentiel

Un match de kin-ball met aux prises trois équipes: une bleue, une noire et une grise.

Pour remporter la partie, une équipe doit remporter trois manches (qui se terminent soit au bout d’un laps de temps imparti, soit lorsqu’une des équipes atteint un score prédéfini).

Le principe du jeu: lorsqu’une équipe s’empare de la balle, elle doit crier la couleur de l’une des autres formations (précédée du mot omnikin: «Omnikin… bleu!»), puis frapper la balle de manière à ce qu’elle touche le sol avant que l’équipe désignée ne parvienne à s’en emparer.

Lionel Pittet