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Drago-Bencivenga, le duo de feu du FC Champvent

15 mars 2013

Football – 2e ligue – Incroyable, Dario Drago est de retour en Suisse, en 2e ligue! L’ancien attaquant de Baulmes et de Lausanne-Sport est revenu pour relancer sa carrière, mais il n’a pas le droit, durant ce second tour, de jouer plus haut pour des raisons réglementaires.

Dario Drago lors de son dernier passage au FC Baulmes, en automne 2009.

«Tant que je suis plus rapide que les autres, je n’ai peur de personne.» A 29 ans, Dario Drago est de retour sur les pelouses helvétiques. Pas en Challenge League ou en 1re ligue promotion, non. Mais bien en 2e ligue, sous les couleurs du FC Champvent.

Une question de nouveau règlement international, pas de manque d’ambition de l’attaquant italien, qui allait s’engager avec Yverdon Sport. Malheureusement pour lui, le 19 février, il était quatre jours trop tard pour avoir le droit d’être transféré de Calcio Lecco, en Serie C italienne, en Suisse.

«Je veux que mon nom apparaisse à nouveau en Suisse, je ne veux plus jouer en Italie. Là-bas, tu ne sais jamais si tu seras payé ou pas. Mais, ici, je n’ai le droit de jouer qu’en 2e ligue cette saison. Ça m’a cassé», reconnaît le footballeur formé à Bari. La solution transitoire est finalement venue du FC Champvent: il y évolue durant ce deuxième tour et le club lui propose du travail. Ce que Dario Drago s’est finalement convaincu d’accepter: «Je n’avais encore jamais travaillé de ma vie, même pas pour aider mon père, lâche-t-il. J’ai toujours joué au foot avec l’ambition d’arriver à un certain niveau.»

Le voilà donc prêt à refaire parler de lui en Suisse, en partant de plus bas, avec le désir de retrouver, à Yverdon ou ailleurs, de l’embauche «au moins en 1re ligue promotion» cet été.

La chance de Champvent

Une aubaine pour le FC Champvent: «Un duo Drago-Bencivenga, ça a fière allure, reconnaît calmement Jean-Daniel Tharin, l’entraîneur du FCC. Maintenant, on attend la preuve du terrain.» En tête de son groupe, les Chanvannais doivent impérativement terminer à l’une des deux premières places pour jouer les finales de promotion. Un joli challenge pour Drago: «Il va découvrir un nouveau niveau. Ce ne sera pas facile pour lui. Mais, de ce que j’ai pu voir jusque-là, il va jouer la carte du collectif», se réjouit «Tonton» Tharin.

Dario Drago est heureux d’avoir trouvé une équipe solidaire à Champvent. «Tonton m’a dit: avec toi, on va monter! Franchement, je suis obligé de le faire, sinon les gens vont dire quoi? Que je suis fini!»

Bien sûr, il aurait voulu chausser les crampons à un niveau plus conforme à ses compétences: «C’est sûr, j’aurais aimé jouer pour Yverdon. A 29 ans, je dois tout recommencer, dit-il. Mais j’ai confiance en moi. Je ne suis jamais fatigué, je suis un garçon hyperactif, et tant que j’ai ça et ma vitesse, j’y crois.»

Travail de pro

Découvrir le monde du travail, dans le bâtiment, n’est pas facile pour lui. Chaque matin, il se lève à 6 heures, puis, une fois rentré, il s’astreint à des exercices pour garder la forme, avant d’aller à l’entraînement avec le FC Champvent, ou avec Yverdon Sport quand son club ne pratique pas. «Je suis encore un pro dans ma tête et je m’entretiens comme tel. Mais de faire tout ça, c’est dur pour un garçon qui n’a jamais travaillé.»

Ces derniers mois, il est passé par des moments de doute, une hernie discale ne lui ayant pas permis de jouer durant l’automne. «J’ai cru que j’allais abandonner, que c’était fini pour moi. J’ai payé cher pour me soigner, admet-il. A présent, je veux bien jouer pour montrer que Dario est toujours lui-même et qu’il mérite de revenir plus haut!»

Sa plus grande erreur

Son plus grand regret, son erreur la plus crasse, est de ne pas avoir renouvelé son contrat avec Lausanne-Sport, alors qu’il en avait la possibilité. «J’ai écouté les mauvaises personnes, regrette-t-il vivement. J’ai grillé ma carrière, car après le LS ne m’a plus fait jouer et je me suis retrouvé à Baulmes à l’époque de Bernard Mouthon, avec tous les soucis qu’il y avait.»

Depuis, il est passé par Schaffhouse et la case chômage, avant de retourner en Italie la saison dernière, après de longues années d’absence, du côté de Gallipoli, en quatrième division, où il a fait les finales de promotion, sans succès, ce qui lui a fait perdre la moitié de son salaire. Puis il y a eu Lecco, «un club avec une super histoire, du public au stade», l’automne passé. Mais, là encore, une fois blessé, il n’a pas été payé, affirme-t-il.

Tout le monde lui ressasse inlassablement son mauvais choix de quitter Lausanne et son penalty manqué quand Baulmes était en Challenge League. Mais Dario Drago veut faire taire ces voix. Il a encore la flamme, déterminé à prouver qu’il est encore ce joueur qui va si vite, qui provoque des penalties, qui marque, qui fait des passes de but. «Que le gens se disent à nouveau: Wow, Dario, il est fort!»

 

Opérations promotion et sauvetage

Le droit de rêver au Battoir

La reprise du deuxième tour du championnat, c’est toujours l’occasion d’avoir de l’enjeu. En tête du groupe 2 de 2e ligue, juste devant Stade Payerne, le FC Champvent du duo Drago-Bencivenga a les faveurs de la cote, forcément. Enfin, il faut toutefois encore que Dario Drago obtienne sa qualification. «Et que mes hommes se mettent dans la tête que ce sera difficile, car, si je me fie à nos matches amicaux, ils ne s’y sont pas encore préparés. On ne doit pas dormir sur l’acquis du premier tour», insiste Jean-Daniel Tharin.

Bavois II n’est lui qu’à six longueurs de la première place, plus du tout concerné par la barre, alors que les autres régionaux du groupe, Grandson, Orbe et Donneloye, qui ont respectivement sept, sept et quatre points d’avance sur le premier relégable, devront avant tout faire le nécessaire pour se sauver.

Les championnats de 3e, 4e et 5e ligues recommenceront dans une semaine, sauf pour quelques équipes qui jouent déjà ce week-end leurs matches en retard.

Manuel Gremion