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Le drone des pompiers sous la loupe

23 octobre 2015

Nord-vaudois – Un projet de recherche, conduit par l’Université de Neuchâtel, se penchera sur l’utilisation des objets volants par le SDIS Nord vaudois.

Christophe Porchet, du SDIS, guide l’objet volant avec précision. © Duperrex -a

Christophe Porchet, du SDIS, guide l’objet volant avec précision.

Les drones parcourent toujours davantage le ciel suisse, et le nombre de cas d’usage civil de ces engins s’envole. Afin d’expliquer ce phénomène des plus actuels, l’Université de Neuchâtel (Unine) a initié une étude sur l’utilisation des drones civils dans le pays, nommée «Power and Space in the Drone Age». Trois chercheurs, issus de la chaire de géographie politique, exploreront la question dès février prochain et durant 3 ans. La recherche est soutenue financièrement par le Fonds national suisse, à hauteur d’un montant de 440 000 francs.

Observer le SDIS

L’idée générale est de «comprendre comment sont, concrètement, utilisés les drones dans des milieux différents», déclare Francisco Klauser, professeur de géographie politique à l’Unine et coordinateur de l’étude. Il ajoute son intérêt pour l’analyse des avantages et des inconvénients de ces objets de haute technologie.

Francisco Klauser et Silvana Pedrozo, les initiateurs du projet. © Agathe Seppey

Francisco Klauser et Silvana Pedrozo, les initiateurs du projet.

Côté méthode, les chercheurs se pencheront sur des études de cas précises, en observant tant des institutions publiques que privées. Dans ce cadre, le Service incendie et secours (SDIS) du Nord vaudois a été repéré comme un bon terrain d’étude. «Nous voulons saisir en profondeur les raisons pour lesquelles le SDIS utilise ces engins, ainsi que, notamment, l’impact que cela engendre dans la gestion de leurs interventions», commente Silvana Pedrozo, doctorante et chercheuse pour le projet.

Le service régional des pompiers figure effectivement parmi les précurseurs, à l’échelle cantonale, en matière d’usage de drones dans des missions. Depuis plus d’un an, un objet volant accompagne, ponctuellement, les sapeurs-pompiers dans leurs mouvements. Eric Stauffer, commandant du SDIS régional du Nord vaudois, explique qu’un drone «permet, par la vision aérienne qu’il offre, de mieux décider des moyens à engager, de les orienter et d’en constater les effets». Les drones sont, par exemple, très utiles en cas de feux de toitures, où le sinistre est difficile à évaluer dans son intégralité, illustre le commandant. Il ajoute que l’engin est intéressant en cas de pollution sur le lac ou de crues importantes.

Une poignée d’enjeux

Actuellement, si leur nombre s’élève déjà à 22 000 en Suisse, les drones sont encore en phase d’émergence, et leur avenir, tout comme les conséquences de leur usage, restent flous. «On a un phénomène en pleine évolution, des tests se font un peu partout», constate Francisco Klauser, «ce qui est intéressant, ce sera de voir à l’avenir comment les gens vont apprendre à s’en servir, comment les connaissances vont se transmettre». Le professeur désire, par le projet «Power and Space in the Drone Age», approfondir la recherche académique autour de la propagation de cette technologie dans la société.

La généralisation des drones questionne, en effet, plusieurs enjeux, cités par Francisco Klauser. Parmi eux, il mentionne la gestion de l’espace aérien, de plus en plus occupé par les petits appareils volants. Il pointe également la problématique sécuritaire, en expliquant que, de par sa petite taille, un drone peut facilement s’immiscer partout. De plus, la fragilisation, probable, de la sphère privée est également mentionnée par le professeur, entre plusieurs autres enjeux.

Face à ces questions importantes, le projet espère, par dessus tout, susciter un «débat de société et préparer les décisions politiques», souligne Francisco Klauser.

Agathe Seppey