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Un projet d’aquaculture à Bretonnières

15 juin 2012

La société Nodules & Pebbles SA a présenté son projet au Conseil général de Bretonnières. Elle l’imagine à l’emplacement de l’actuelle gravière, une parcelle propriété de la Commune.

Vue aérienne de la gravière convoitée par Nodules & Pebbles.

L’exploitation de la Gravière de Bretonnières touche à sa fin et le site devra retrouver sa forme première, estiment de nombreuses personnes. D’où l’opportunité, pour des promoteurs, de tirer avantage du site actuel et d’y construire un parc d’aquaculture souterrain, en recréant les courbes initiales du terrain, et en y incluant un reboisement de la parcelle.

La parcelle est éloignée du village, à proximité des voies de chemin de fer, un atout que les concepteurs espèrent développer, tout en évitant des nuisances supplémentaires aux villageois pour joindre le site. L’accessibilité aux véhicules est envisagée avec un ancien passage sous-voies en amont de la gravière.

Une approche respectueuse

L’approche des concepteurs se veut «respectueuse de l’environnement» pour cette gravière qui est visible depuis Lignerolle: l’impact sur le paysage des constructions projetées sera d’épouser le dénivelé de la colline, avec une fusion visuelle et arborisée, moderne et naturelle de la forêt avoisinante. Il est envisagé la construction d’un bâtiment sur «pilotis», au-dessus du parc, qui pourrait recevoir des infrastructures diverses (service hôtelier, appartements, restaurant, etc.) et selon son orientation, la pose de panneaux solaires permettrait de couvrir une part des besoins en électricité du parc.

Une masse critique est de rigueur pour assurer la viabilité d’une telle entreprise (rotation de production et livraison pour un marché européen qui est en pleine croissance). Ce projet (le cinquième pour Ludovic Suarez, (un homme qui a déjà construit quatre parcs aquacoles en Afrique et au Canada) prévoit l’implantation de 350 bassins de 15 m. de diamètre et d’une hauteur de 9 m (7,50 m sous terre) Une surface de 50 hectares est requise avec un cordon sanitaire de 20 hectares. La production mensuelle prévue est d’environ 180 tonnes par mois, pour augmenter progressivement à 250 tonnes par mois (soit 3000 tonnes par année).

Le nourrissage des poissons (Tilapia) est uniquement à base de céréales (maïs et soja), mais adaptable en fonction des produits disponibles (blé par ex.).

Bonnes conséquences économiques

La création de postes de travail, au minimum 25 pour l’exploitation de la ferme, sera réservée aux autochtones. Les concepteurs assurent que les retombées économiques seront importantes, lors de la construction, puis de l’exploitation, «avec une demande de céréales auprès des paysans de la région».

Les phases de production seront maîtrisées sur le site: de l’œuf au géniteur, puis de la préparation de produits finis (filets, poissons entiers) pour l’expédition. De plus, tous les déchets provenant du filtrage de l’eau seront traités sur place, et convertis en engrais. Il en sera de même avec les déchets relatifs à la production (peau pour la maroquinerie, ainsi que divers sous-produits pour la cosmétique et la pharmaceutique).

Marlène Dutoit

 

Le syndic poussé à la démission

Si le projet a l’air alléchant présenté comme ceci, il est, de l’avis du président du Conseil général Patrick Chezeaux, prématuré. «Je l’ai mis à l’ordre du jour à la demande écrite de plusieurs membres du Conseil. Le terrain en question est propriété de la Commune, mais pour l’heure aucun préavis n’a été émis concernant sa vente ou sa mise à disposition», révèle-t-il. Même son de cloche de la part de la vice-syndique Birte Guinand, qui précise que tout n’est encore qu’à la phase des discussions.

Le poste de syndic est quant à lui vacant depuis la démission le 23 mars de William Trolliet, qui n’est pas sans lien avec ce projet: «Je suis l’administrateur de la société à la base de ce projet et on me reprochait ma double casquette. Les intérêts de la Commune passaient avant pour moi, mais je pensais que ce parc d’aquaculture pourrait avoir des retombées fiscales intéressantes.» Patrick Chezeaux précise que si l’exploitation de la gravière devrait prendre fin dans les prochaines années, aucune échéance n’est encore fixée: «Sans compter que le projet est flou et change souvent de forme. On nous demande 70 hectares, ce qui représente plus de 13% de la superficie de la commune. C’est énorme. Et la parcelle se trouve en zone forêt; le Canton étudie la possibilté d’un dézonage.» L’élection complémentaire à Bretonnières, qui devait avoir lieu ce dimanche, a été reportée, Christophe Bunting, l’un des candidats, n’étant pas éligible. «Un étranger, selon la loi, doit non seulement avoir passé dix ans sur le territoire helvétique pour pouvoir se présenter, mais également trois ans dans le même canton», explique la préfète Evelyne Voutaz.

La Municipalité de Vallorbe a également eu le droit à une présentation de ce parc et se déclare «éventuellement intéressée».

Sonia Délèze