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«Aisha, Aisha, t’en va pas»

23 septembre 2009

Le lynx qui venait d’arriver à Juraparc s’est échappé de son enclos au Mont d’Orzeires. Tout est mis en oeuvre pour récupérer Aisha en bonne santé. Récit de l’évasion.

Un regard à la Michael Scofield et Aisha s’enfuit en public, alors que depuis son arrivée à Juraparc, elle s’était terrée sans se montrer.

Un regard à la Michael Scofield et Aisha s’enfuit en public, alors que depuis son arrivée à Juraparc, elle s’était terrée sans se montrer.

«Aïcha, Aïcha, écoute-moi. Aïcha, Aïcha, t’en vas pas. Aïcha, Aïcha, regarde-moi. Aïcha, Aïcha, réponds-moi.» L’Aïcha de Khaled avait certainement quelque chose de félin, mais le chanteur algérien de raï n’avait certainement pas imaginé que le refrain de son tube s’appliquerait à merveille à l’évasion d’un lynx, Aisha.

Lundi, cette femelle de deux ans et demi a pris la poudre d’escampette sous les yeux d’Olivier Blanc, propriétaire de Juraparc, au Mont d’Orzeires, et sous les objectifs des photographes, parvenant à s’agripper à la falaise, de l’autre côté de la clôture, suite à un bond prodigieux. L’enclos avait pourtant été homologué par un zoologue suisse avant l’arrivée de l’audacieux animal, vendredi dernier.

Alors âgée de trois mois, Aisha avait été retrouvée orpheline à Wattenwil (BE), en 2007, par des écoliers. Elle a ensuite été élevée à Landshut (BE) et Langenberg (ZH). Maline, saura-t-elle alors survivre dans la nature? «C’est possible, mais la question reste ouverte. Elle a été recueillie très tôt, commente Marie-Pierre Ryser, docteur vétérinaire, responsable du groupe faune sauvage de l’Université de Berne, qui a suivi tout le parcours d’Aisha. Des lâchés d’orphelins ont été réalisés à l’étranger et les lynx ont survécu. Mais ils avaient vécu en captivité moins longtemps.» Pour se nourrir, il n’est pas à exclure qu’Aisha s’approche d’habitations, si elle ne parvient pas à chasser. Le lynx sillonne la région depuis longtemps, il n’y a pas de danger pour l’être humain.

Sur les traces des bisons

En accord avec les autorités cantonales, des pièges (des caisses en bois) vont être aménagés pour capturer l’animal vivant. «On va tout mettre en oeuvre pour retrouver Aisha en bonne santé et le plus vite possible», souligne Olivier Blanc. En cas de succès, il faudra resécuriser l’enclos pour ne pas connaître la même péripétie.
En 1996 déjà, quatorze bisons s’étaient fait la malle de Juraparc. «Ils avaient alors enfoncé l’enclos», se souvient le propriétaire du parc. Les bovidés avaient été facilement retrouvés. Espérons qu’il en soit de même pour Aisha.

Manuel Gremion