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«Ces cloches nous empêchent de dormir»

7 août 2009

Les paisibles bovins plaisent à tout le monde, ou presque! Adorables et affables, les vaches ont cependant aussi leurs inconvénients, entre autres le bruit de leurs cloches ou leur amour pour les plantes. Un nouvel habitant de Suchy s’en est ému.

Les cloches ne plaisent pas à tout le monde!

Les cloches ne plaisent pas à tout le monde!

La guerre des vaches n’aura pas lieu! Suchy est un petit village paisible, tout juste troublé parfois par les clameurs émanant du terrain de football, où l’équipe locale vient de brillamment obtenir sa promotion en 4e ligue. Superbe vue sur la plaine, mais aussi sur le Jura: Suchy a tout pour plaire et attire de plus en plus de citoyens aisés, désireux de trouver une jolie habitation à prix modéré, et à proximité de l’autoroute. Suchy, le paradis.

Pas de bruit après 22 heures!

La Commune, désireuse de garantir le bien-être de tous ses citoyens, anciens citadins comme bourgeois historiques du bourg, a ainsi récemment envoyé une circulaire dans le village pour rappeler quelques règles élementaires, comme l’interdiction de faire du bruit après 22 heures. Un de ces nouveaux citoyens, habitant le village depuis deux ans et au bénéfice d’un joli accent chantant, a pris la Commune au pied de la lettre, envoyant aussi sec un e-mail remerciant les autorités pour leur courrier et demandant, («sur le ton de la plaisanterie») que la directive soit appliquée à tous, habitants comme…bovins! Ce brave citoyen ne peut en effet plus dormir avec les fenêtres ouvertes, les bovins et leurs cloches gênant son sommeil. «Je suis d’accord de vivre à la campagne, et je suis très bien ici à Suchy. Simplement, il faut aussi nous comprendre: ces cloches font du bruit et nous empêchent de dormir», s’exclame l’homme, toujours avec le sourire, mais fermement.

L’inconvénient de la vie à la campagne, non? «Oui et non. Nous attendons quand même une réaction de la Municipalité.» Les cloches des vaches sonnneront-elles encore à Suchy ? Il y a peut-être plus grave comme enjeu de société, mais une interdiction serait quand même symptomatique d’un changement profond dans la nature de nos campagnes. Affaire à suivre!

Les vaches aiment le lierre

Il n’y a pourtant pas que les nouveaux citoyens qui peuvent se montrer agacés par les paisibles bovins. Sébastien Collet, agriculteur et heureux propriétaire de vingt magnifiques Red Holstein à Suchy, en a fait l’expérience, après avoir provoqué quelques remarques désagréables, etmême quelques menaces, de la part d’un couple d’habitants du village. La raison du conflit? Le troupeau passe quotidiennement à travers le village pour se rendre au pâturage et la lente procession bovine s’arrête parfois ici et là pour se frotter contre un mur ou manger un peu de lierre.

Rien de bien grave, mais de quoi susciter pourtant un certain agacement chez ce couple, situé sur le parcours. Madame s’en explique: «Nous n’avons rien contre les vaches, bien au contraire! Je suis dans le village depuis 45 ans et je n’ai jamais rien eu à dire. Mais là, manifestement, il y a un problème: les vaches ne sont pas guidées! Mais bon, j’en ai pris mon parti. Tant pis pour mon lierre et ma glycine». Sébastien se défend bien évidemment de toute négligence: «Ce sont les aléas de la vie à la campagne. Oui, les vaches prennent de la place, mais franchement… Je fais juste mon travail et je le fais bien. Ces gens sont les seuls à se plaindre et à être désagréables. Et moi je n’ai menacé personne!»

Les bovins n’ont pas l’air de s’en plaindre et si ceux de Sébastien n’ont pas de cloches, ils n’ont pas l’air malheureux pour autant et se moquent pas mal des polémiques provoquées. Les vaches ruminent et le pâturage passe. Pour de longues années encore, quoi qu’en pensent les habitants, anciens et nouveaux.

Timothée Guillemin