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«Etre sur le terrain est indispensable»

18 avril 2012

Cesla Amarelle, première conseillère nationale yverdonnoise depuis 1995, a déjà pris ses marques au Parlement. Les questions nationales la passionnent, mais cette militante de la première heure connaît l’importance du travail sur le terrain.

Cesla Amarelle est une vraie militante, toujours présente au contact de la population.

Yverdon-les-Bains attendait un représentant au Conseil national depuis le départ de Pierre Duvoisin (PS), en 1995. Dix-sept ans après, Cesla Amarelle, présidente du PS vaudois (une fonction qu’elle abandonnera le 2 juin prochain), est venue brillamment mettre fin à cette attente lors des dernières élections fédérales. Sa deuxième session en tant que conseillère nationale s’étant achevée il y a quelques semaines, il est temps de tirer un premier bilan avec la seule représentante yverdonnoise à Berne, notamment membre de la commission des institutions politiques, plus de 130 jours après son assermentation officielle, le 5 décembre dernier.

La Région: Madame la conseillère nationale, comment se sont déroulés ces 130 jours et ces deux sessions?

Cesla Amarelle: En deux phases! Disons que j’ai été mise rapidement dans le bain lors de la première session avec l’élection au Conseil fédéral, avec des discussions soutenues, comme vous pouvez l’imaginer. Ensuite, lors de la session de printemps, nous avons abordé la question de l’asile et notamment l’accélération des procédures concernant les requérants, dont le nombre est en constante augmentation. J’ai notamment pu collaborer avec Simonetta Sommaruga, que je ne connaissais pas, concernant la possibilité pour les migrants sans-papiers de suivre un apprentissage, un dossier que je défends. Je fais également partie de la commission de l’immunité et suis, à ce titre, invitée à me pencher sur le cas de Christoph Blocher. Cela permet de rapidement se mettre à jour concernant le fonctionnement du Parlement et l’action d’un parlementaire. Ce sont des sujets techniques, qui sont très passionnants. Au niveau fédéral, les questions tournent très souvent autour du droit, et je m’y sens plus utile, en tant que juriste, qu’au niveau communal, où, je pense, les compétences d’un géographe ou un urbaniste sont plus utiles. Et il y a également toute la question fiscale, notamment concernant les exonérations dans le Canton de Vaud. J’ai déposé une interpellation à ce sujet et j’attends les réponses du Conseil fédéral.

Un début de législature bien occupé!

Oui, on peut le voir comme ça (rires)! Mais vous savez, avec tous ces événements et cette immersion rapide, on trouve vite sa place, même au milieu de ce grand cercle de 200 personnes!

Vous sentez-vous proche des deux autres conseillers nationaux du district? On vous imagine volontiers ayant plus d’affinités avec votre camarade de parti Josiane Aubert (Le Chenit) qu’avec l’UDC Jean-Pierre Grin (Pomy)…

J’étais très contente de retrouver Josiane, on se connaît depuis très longtemps, puisqu’elle était présidente du PSV, lorsque j’en étais vice-présidente! Nous sommes assises tout près au Parlement et avons déjà échangé longuement, bien sûr. Avec Jean-Pierre Grin, les rapports sont courtois et sympathiques. Je n’ai aucune inquiétude, lorsqu’il faudra effectuer du travail d’intérêt propre au Nord vaudois, dans le cadre des transports par exemple, nous serons amenés à resserrer les rangs pour le bien de notre région.

Justement, vous sentez-vous plus dans la peau d’une conseillère nationale yverdonnoise ou provenant du district Jura Nord vaudois, si vous me pardonnez cette question un peu provocatrice? On reproche volontiers aux autorités yverdonnoises leur volonté de dicter leur loi à une région qu’elles dédaigneraient…

Je connais ces querelles, bien sûr, mais je dois avouer que je n’ai jamais vraiment bien compris ces clivages. Au niveau fédéral, ils sont extrêmement relatifs. En fait, pour répondre à votre question sur le même ton de la provocation, je vous dirai volontiers que je me sens Vaudoise, voire même Romande! Plus sérieusement, ces problèmes se posent dans tous les centres urbains, qui paient pour les structures d’accueil de jour, l’offre culturelle ou les transports. Ce que décide Lausanne par rapport à la taxe au sac, par exemple, ou ce que Lausanne ne décide pas, a un impact sur sa région. En ce qui nous concerne, Josiane Aubert, Jean-Pierre Grin et moi, il est bien clair que la suppression de l’arrêt CFF à Nyon et Morges pour les voyageurs circulant depuis Yverdon a un impact sur toute la région, pour ne citer que cet exemple.

Sur un plan plus personnel, on vous aperçoit souvent sur les marchés, on vous sent à l’aise avec la population, contrairement peut-être à d’autres élus, y compris au sein du PS. Est-ce quelque chose de naturel pour vous?

Complètement! J’ai commencé à l’âge de seize ou dix-sept ans, avec la vente de timbres pour le WWF. C’est plus facile d’entreprendre cette démarche lorsqu’on est jeune que de s’y mettre à quarante ans! J’ai toujours eu cela en moi et je considère que c’est très important. Si l’on prend le dossier des requérants d’asile, j’ai une position bien tranchée, mais ce que j’entends dans la rue, lorsque les gens viennent vers moi, fait également partie de ma réflexion. A Vallorbe, les requérants sont une préoccupation évidente pour la population. Chacun a le droit d’être écouté. La politique, c’est une question de prise en compte des préoccupations de la population, afin que tout le monde y trouve son compte. Etre sur le terrain est indispensable.

Quel serait votre vote lors la prochaine élection présidentielle en France? François Hollande (PS), Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche), voire Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste)?

Philippe Poutou, j’aime bien son nom, mais je ne le trouve pas très convaincant (rires). En fait, mon coeur balance entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande. Mélenchon a un «parler-vrai», qui sonne juste, particulièrement en période de crise. En ce qui concerne le PS, je ne cache pas que j’aime beaucoup Martine Aubry, une femme admirable, mais je pourrais voter pour Hollande, sans souci. En fait, je pense que le PSV a réussi ce que le PS français n’a pas su faire, c’est-à-dire rassembler les forces. Pour moi, Mélenchon et Hollande devraient être dans le même parti. Dans le canton de Vaud, les gens votaient popiste, il y a cinq ou dix ans, et aujourd’hui, ils votent socialiste, parce que le PSV a su rassembler.

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour les cinq ans à venir?

Du travail, plein de travail! Des dossiers passionnants, aussi. J’espère que les cinq ans à venir seront une addition entre le travail du terrain, de militantisme et de l’étude de dossiers. Le mandat politique en lui-même est une chance. Souhaitez-moi donc beaucoup de travail (rires)!

Timothée Guillemin