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«Le thermalisme n’a pas de stratégie»

29 juin 2012

Alors que les actionnaires du Grand Hôtel des Bains se détermineront aujourd’hui sur les mesures d’assainissement, Pierre-André Michoud, vice-président d’Hôtellerie Romande, déplore l’absence de stratégie.

Pierre-André Michoud affirme que l’hôtellerie est une affaire de professionnels.

«Il n’y a pas de stratégie. Je m’insurge. La Ville est là pour donner des impulsions et des idées, pas pour gérer un produit!» Propriétaire de l’Hôtel du Théâtre et vice-président d’Hôtellerie Romande, Pierre-André Michoud ne mâche pas ses mots. Tout simplement parce que, à ses yeux, la situation où se trouve aujourd’hui le navire amiral de l’hôtellerie yverdonnoise était prévisible.

Certes, le tourisme suisse souffre du franc fort, mais il ne suffit pas à expliquer la situation financière critique dans laquelle est plongée la société Grand Hôtel des Bains S.A., dont la Ville d’Yverdon-les-Bains est le principal actionnaire.

S’il ne met pas en cause les personnes en tant que telles, ce hôtelier, qui s’exprime non pas en concurrent -il rappelle constamment que le Grand Hôtel des Bains est l’établissement phare de la région-, Pierre-André Michoud déplore, notamment, la composition du conseil d’administration. Un constat qu’il étend d’ailleurs à Cité des Bains S.A., société qui exploite le Centre thermal: «Je félicite les autorités qui ont pris l’initiative, il y a plus de trente ans, de relancer le thermalisme. Mais aujourd’hui, les conseils sont composés de personnes qui veulent se garder des prérogatives. Or, pour s’occuper d’un tel objet, il faut des compétences spécifiques.»

Et d’ajouter: «Si Lavey accueille aujourd’hui plus d’un demi-million de personnes, c’est parce que l’Etat de Vaud a vendu ce centre à des professionnels du thermalisme qui ont réussi à en faire un produit attractif.»

Reconstruire… ailleurs!

A ceux qui, depuis des décennies -mais l’heure est à l’ouverture à un partenariat-, plaident pour un maintien du Centre thermal et du Grand Hôtel dans le patrimoine de la Ville-, le vice-président d’Hôtellerie Romande rétorque: «La richesse d’une ville ne réside pas que dans le patrimoine, mais bien plus dans les conditions-cadre qui favorisent l’activité de professionnels. Le rôle de la Ville est de créer une stratégie touristique. J’ose espérer que l’instauration du tourisme dans un dicastère corresponde à la volonté de développer une stratégie.»

Pierre-André Michoud, qui, alors qu’il était conseiller communal, avait préconisé de se séparer du Grand Hôtel, est convaincu qu’il serait mieux de le vendre avec le Centre thermal: «Nous aurons plus de chances de trouver un investisseur si on met les deux dans le même panier.»

Et l’hôtelier de se demander s’il ne vaudrait pas mieux construire un nouveau centre thermal sur les terrains situés entre la Prairie et le Motel. Car les importants travaux de rénovation du centre actuel lui paraissent incompatibles avec le maintien en exploitation.

Une telle option permettrait, une fois le nouveau centre ouvert, d’affecter tout ou partie de l’actuel à la création d’un centre de congrès.

Isidore Raposo