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«Les réseaux sont trop cloisonnés»

2 février 2011

Toutes les communes vaudoises paient cinq francs par habitant à la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE). Mais toutes n’ont pas accepté d’appartenir à un des réseaux de la FAJE, surtout dans le Nord vaudois.

Certaines communes refusent toujours d’adhérer à un réseau d’accueil de jour.

Certaines communes refusent toujours d’adhérer à un réseau d’accueil de jour.

Un quart des communes du Nord vaudois n’ont toujours pas adhéré à un réseau d’accueil de jour de la petite enfance. Une proportion élevée au vu de ce qui se passe dans le reste du canton: la très large majorité des communes non membres sont issues de notre région. Cinq réseaux se partagent pourtant le territoire: Grandson et environs (RAdEG), Yverdon-les-Bains et environs (RéAjy), Sainte-Croix et environs, Orbe et Vallorbe (AJOVAL), ainsi qu’Yvonand et Menthue.

Anne-Marie Maillefer, secrétaire générale de la Fondation pour l’accueil de jour des enfants, dresse les avantages d’appartenir à un réseau: «Une commune entre ainsi dans un projet régional qui réunit à la fois collectivités et entreprises, elle obtient les subventions de la FAJE, elle devient partie prenante du développement en places d’accueil et, ainsi, contribue à promouvoir une politique familiale, elle s’adapte aux mutations qui touchent la famille, le monde du travail, et, aux bouleversements économiques et démographiques, et attire des jeunes familles sur son territoire.» Selon elle, celles qui préfèrent rester en dehors des réseaux, «le font souvent parce qu’elles estiment que les besoins de leur population sont relativement faibles et qu’ils peuvent être couverts au sein de la commune».

Difficulté de choisir un réseau

Les principaux intéressés ne donnent pas tout à fait la même réponse. «Les réseaux sont cloisonnnés. Or notre population se dirige partout professionnellement. Adhérer à un seul réseau ne répondrait donc pas aux attentes», explique Jean-François Dériaz, syndic de Donneloye. Et d’ajouter: «Ce n’est pas une question financière, mais l’absence d’interconnexion entre les réseaux qui motive notre décision. Le système proposé convient bien à Lausanne, mais pas ici. Nous trouvons des alternatives pragmatiques.» Même discours chez les voisins d’Orzens. «Ce n’est pas qu’on ait pas envie d’appartenir à un réseau, mais aucun n’est adapté à notre situation. Nous discutons avec nos voisins pour trouver des solutions communes. Par exemple, nous souhaiterions uniformiser nos subventions avec nos voisins confrontés aux mêmes difficultés », explique le syndic Thierry Perey. En effet, dans ces villages, une aide communale à la demande est possible pour les familles qui placent leurs enfants à la garderie des Oursons, à Ursins.

Etienne Mieville, municipal en charge des affaires sociales à Essert-Pittet, lui, pense qu’à terme, sa commune devra se rallier à un réseau d’accueil de jour: «Pour l’heure nous n’avons adhéré à aucun, mais l’Etat nous pousse fortement à le faire. Nous sommes membre de la RAS Yverdon-Grandson, mais de par les écoles, nous sommes plutôt tournés vers Orbe et Chavornay; nous envisageons donc de nous tourner vers le réseau d’Orbe-Vallorbe.»

Manque de clarté

Le syndic de Novalles,André Guillet, pense qu’un manque de clarté dans l’attribution des places a joué dans le refus du Conseil général de rejoindre un réseau: «Bon nombre de conseillers ont craint de devoir payer pour des prestations auxquels finalement nous n’aurions pas accès. On ne nous a pas donné l’assurance que nos enfants seraient accueillis dans les structures et nous avions l’impression que priorité serait donnée aux Grandsonnois», a-t-il argumenté. Mais d’ajouter, lucide: «Pour l’instant aucun subventionnement n’est prévu. Il va quand même falloir que nous trouvions des solutions pour les jeunes parents.»

Tous passent à la caisse

A noter que les communes non membres d’un réseau, comme toutes les autres, doivent s’acquitter d’un montant de cinq francs par habitant auprès de la FAJE, mais qu’elles ne touchent aucune aide en compensation. «Que voulez-vous, c’est la loi», philosophe le syndic de Novalles. Celui de Essert-Pittet, lui, voit cette facture comme une incitation de plus à adhérer au système. Les réseaux, comme les communes qui jouent les indépendantes, vont devoir imaginer des solutions pour trouver des places pour tous les enfants, à l’heure où les listes d’attente des garderies s’allongent.

Sonia Délèze