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La Fête de la bondelle a réussi son retour

24 juillet 2017 | Edition N°2044

Yvonand – Après deux ans d’absence, la manifestation a été relancée, samedi dernier. L’événement était attendu, puisque près de 400 poissons ont été pêchés pour l’occasion et presque tous ont été dégustés durant la soirée.

Jean-Louis Pahud (à g.), aidé notamment du municipal Alexandre Lecoutier, a pris très à coeur sa mission : fumer les bondelles comme le faisait son ami Luc Ottonin. ©Michel Duperrex

Jean-Louis Pahud (à g.), aidé notamment du municipal Alexandre Lecoutier, a pris très à coeur sa mission : fumer les bondelles comme le faisait son ami Luc Ottonin.

Ils l’attendaient avec impatience et ils n’ont pas été déçus. Les Tapa- Sabllias ont célébré, samedi soir au village des pêcheurs d’Yvonand, la Fête de la bondelle. Ce petit poisson typique du lac de Neuchâtel a été fumé, selon la tradition, dans «Le» tonneau utilisé depuis le lancement de cet événement, il y a près de quinze ans. Jusqu’en 2014, elle était organisée par Bernard Krieger. Aujourd’hui, c’est l’Association tourisme Yvonand Menthue (ATYM) qui a repris le flambeau. Bien lui en a pris, puisque le public est venu en nombre, à tel point que la quasi totalité des poissons ont été vendus, que les stocks de gâteaux à la crème de Viviane David et les limonades ont vite été épuisés. «La bondelle est excellente, elle est même meilleure qu’un homme !», s’est exclamé une Sainte-Crix avec amusement. «C’est un vrai plaisir», a confié, quant à lui, Philippe Moser, syndic d’Yvonand.

 

En souvenir du pêcheur

 

L’ambiance était festive et décontractée, samedi soir, au village des pêcheurs. Invités et organisateurs ont apprécié renouer avec ce rendez-vous estival traditionnel ©Michel Duperrex

L’ambiance était festive et décontractée, samedi soir, au village des pêcheurs. Invités et organisateurs ont apprécié renouer avec ce rendez-vous estival traditionnel

Si le rituel a été respecté à la lettre (voir encadré), une personne a, malheureusement, dû être remplacée : Luc Ottonin, l’âme de la fête qui pêchait et fumait ces corégones depuis plusieurs années. Dernier pêcheur professionnel d’Yvonand, il s’est éteint en juin 2016. «C’est aussi en souvenir de lui que nous avons souhaité relancer cette fête», a expliqué Alexandre Lecourtier, municipal de la commune et membre de l’ATYM.

 

 

Le groupe nord-vaudois Les Chorizos a mis l’ambiance, dès 20h, avec Tullio Argenziano, Pascal Girod, Giovanni Sacchetta et Jacques Planchamp (de g. À dr.). ©Michel Duperrex

Le groupe nord-vaudois Les Chorizos a mis l’ambiance, dès 20h, avec Tullio Argenziano, Pascal Girod, Giovanni Sacchetta et Jacques Planchamp (de g. À dr.).

De ce fait, c’est la famille Oberson, de Corcelles-près-Concise, qui a attrapé les quelque 93 kilos de bondelles, soit près de 400 poissons. Ensuite, la maman et la soeur de Luc Ottonin, Laurence et Danielle, se sont attelées à les saumurer. Finalement, c’est Jean-Louis Pahud, fils et petit-fils de pêcheur, et Jacky Bovay qui ont réalisé la technique du fumage, comme le pêcheur tapa-sabllia le leur avait montré. «Quand les membres de l’ATYM m’ont demandé de les aider, je leur ai répondu que je ne pouvais pas leur faire faux bond», a commenté Jean-Louis Pahud, qui aidait souvent Luc Ottonin. «Il nous a sauvé, parce que nous (ndlr : l’ATYM) connaissions la théorie, mais ne l’avions jamais mise en pratique», a ajouté Françoise Guilloud, l’une des organisatrices.

Pari réussi pour cette édition, qui sera peut-être la dernière organisée dans ce lieu symbolique. Car si la commune n’a plus de pêcheur, l’endroit doit retourner à la nature. Cette fête avait donc aussi vocation à renouer avec ce lieu et à motiver un potentiel successeur.

 

Méthode ancestrale

 

Aussitôt cuits, aussitôt mangés. Les succulents poissons n’ont pas fait long feu devant les invités, venus en nombre pour les savourer. ©Michel Duperrex

Aussitôt cuits, aussitôt mangés. Les succulents poissons n’ont pas fait long feu devant les invités, venus en nombre pour les savourer.

Ce n’est pas si simple de cuire les bondelles correctement. Il faut préparer le feu au moins une heure à l’avance pour qu’il ne reste que les braises. «Nous devons utiliser un bois dur qui ne sent pas trop fort, pas comme le chêne, détaille Jean-Louis Pahud. Nous avons commandé un stère de frêne.» Une fois la cinquantaine de poissons accrochés, la fournée est installée dans le tonneau, qui doit ensuite être refermer avec deux couvercles et des sacs de café en toile, empilés en quinconce. Durant environ vingt minutes, les chefs doivent arroser l’entrée d’air pour éviter qu’il y ait un appel d’air et la création de flammes.

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Christelle Maillard