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Les chances s’amenuisent pour Momo
©Michel Duperrex

Les chances s’amenuisent pour Momo

20 janvier 2017 | Edition N°1917

Orbe – Malgré le soutien du Grand Conseil et de la population, le dossier de Mohamed Bangoura ne sera pas envoyé à Berne pour être réétudié. Mais son comité de soutien est bien décidé à se battre jusqu’au bout.

Mohamed Bangoura espère encore qu’une solution lui permettra de rester en Suisse. ©Michel Duperrex

Mohamed Bangoura espère encore qu’une solution lui permettra de rester en Suisse.

Mohamed Bangoura, que tout le monde appelle Momo à Orbe, pourra-t-il enfin avoir une situation stable et rester en Suisse ? Les lueurs d’espoir apparues l’automne dernier, lorsque le Grand Conseil a accepté d’entrer en matière sur son cas, semblent s’estomper. Bien que le Parlement vaudois ait accepté une pétition munie de près de 800 signatures et demandé au Conseil d’Etat de suggérer à Berne de délivrer un permis humanitaire à ce citoyen de Sierra Leone qui vit depuis 18 ans en Suisse, il n’en sera rien. Une décision du Gouvernement cantonal, datant du 11 janvier, invite Momo «à quitter la Suisse de manière autonome ». Il sera expulsable dès le 27 janvier.

«Ça fait bientôt vingt ans que je n’ai pas mis les pieds en Afrique. Je n’ai aucun avenir là-bas», craint Mohamed Bangoura, qui ne demande qu’à avoir le droit de vivre et de travailler comme tout le monde.

«On va se battre jusqu’au bout pour lui ! Nous avons réagi dès que nous avons appris que le dossier ne serait pas remis à Berne et nous explorons toutes les pistes qui pourraient encore exister», lance l’ancien municipal d’Orbe Pierre Mercier, du comité de soutien de Momo, qui pense devoir se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme. Ce comité s’était déjà mobilisé le printemps dernier, lorsque l’Africain de 46 ans avait reçu une ordonnance de renvoi en Guinée, un pays qui n’est pas le sien. Une décision résultant d’un refus, en 2011 par la Confédération, de sa demande d’asile.

Lors de l’arrivée de Mohamed Bangoura en Suisse, en 1999, les autorités ne sont pas entrées en matière en ce qui concerne sa demande d’asile, car elles estimaient que le requérant mentait sur sa nationalité.

«Il a toujours affirmé venir du petit village de Lakhata, proche de la frontière avec la Guinée, explique Denis Barclay, président du Groupe d’Accueil des Migrants à Orbe (GAMO). Mais les autorités ont déclaré que ce village n’existait pas et elles ne veulent pas changer d’avis malgré les preuves que nous leur avons soumises.» Un autre problème du dossier de Mohamed Bangoura, pointé du doigt par le Conseil d’Etat, est que Momo a «disparu des radars» durant trois ans, après avoir quitté un centre d’accueil. «Nous avons des témoignages prouvant qu’il est resté à Lausanne», ajoute Regula De Souza, membre d’Intégration-Orbe.

«Le Secrétariat d’Etat aux migrations n’entre pas en matière pour réévaluer le dossier. Il ne se base que sur le cadre purement légal, alors que Mohamed a été placé pendant quatre ans dans un abri PC, qu’on n’a pas reconnu son village et qu’on lui a permis de rester 18 ans en Suisse. Ça fait beaucoup de failles dans ce système que personne ne veut admettre», conclut le municipal Luiz De Souza.

Un homme intègre et apprécié à Orbe

La décision du Conseil d’Etat constitue une déception pour le député au Grand Conseil Denis Maillefer, membre du comité de soutien. ©Michel Duperrex

La décision du Conseil d’Etat constitue une déception pour le député au Grand Conseil Denis Maillefer, membre du comité de soutien.

Mohamed Bangoura est arrivé en 2011 dans la Commune d’Orbe. Il a vécu durant quatre ans dans l’abri PC de la commune, avant d’être reçu par une particulière vivant à Corcelles-sur- Chavornay. Au bénéfice de l’aide d’urgence, il a travaillé au Triage forestier du Suchet, et comme bénévole au Café Contact de la Commission d’intégration Suisse-étrangers et prévention contre le racisme Orbe-Chavornay. «Il a toujours demandé à travailler. C’est une personne intègre qui suscite beaucoup de sympathie», fait remarquer Pierre Mercier, du comité de soutien, avant de préciser que le casier judiciaire de Mohamed Bangoura est vierge et qu’un employeur attend depuis de longs mois que le requérant d’asile obtienne un permis l’autorisant à travailler. «On lui reproche de ne pas travailler, mais il n’en a pas le droit. C’est le serpent qui se mord la queue», conclut Pierre Mercier.

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Muriel Aubert