Quand les architectes prisaient le style cubique 1930
15 février 2017Edition N°1935
Yverdon-les-Bains – Grâce à Horace Decoppet, le patrimoine bâti de la Cité thermale peut s’enorgueillir de plus d’une dizaine d’édifices cubiques, typiques des années 1930. Redécouverte.
Le badaud qui se promène, aujourd’hui, dans les rues yverdonnoises peut se laisser surprendre par la sobriété de certains édifices construits entre 1931 et 1938. Ce type de construction moderne émerge à une époque où l’architecture subit l’influence du style Bauhaus et de L’Esprit nouveau, insufflé par des architectes précurseurs.
Lors d’un séminaire consacré à dix architectes vaudois des 19e et 20e siècles -lequel était organisé par Dave Lüthi, professeur d’histoire de l’Université de Lausanne- Gaëlle Nydegger, une étudiante en master, s’est penchée sur la personnalité d’Horace Decoppet (1894-1975), connu pour avoir réalisé, entre 1931 et 1935, six bâtiments de style cubique dans la Cité thermale.
Un architecte du cru
«La période architecturale dans laquelle évolue Horace Decoppet est particulièrement riche», affirme Gaëlle Nydegger. On connaît les grandes figures de l’architecture moderne, telles que Le Corbusier, de L’Esprit nouveau, ou Walter Gropius, du Bauhaus, mais les styles architecturaux dont ils sont les parangons ont aussi essaimé chez des architectes de moindre envergure.»
Issu d’une famille aisée d’Yverdon-les-Bains, Horace Decoppet étudie l’architecture à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, où il obtient son diplôme en février 1918. Quatre ans plus tard, il s’associe avec Paul Brunner, un autre architecte reconnu de la Cité thermale.
A cette époque, Yverdon-les-Bains s’industrialise avec, entre autres, l’implantation de Paillard et Cie en 1919. La ville s’érige en un pôle industriel important du canton. «Une nouvelle population ouvrière et rurale s’établit, pour laquelle il faut construire de nouveaux logements», écrit Gaëlle Nydegger. Horace Decoppet est à l’origine de plus de cinquante constructions. Il bâtit autour du centre historique, dans des zones telles que les Quatre-Marronniers, le Buron, le Valentin, Saint-Roch et Bel-Air.
Onze bâtiments
Dans une étude pionnière, publiée en 1988 par André Rouyer, architecte et urbaniste de la Ville de 1983 à 1999, onze édifices avait été répertoriés sous l’appellation «architecture cubique des années 30», dont ceux construits par Horace Decoppet. Ce sont soit des villas, sises au milieu de jardins plus ou moins étendus, soit des immeubles d’habitation de taille moyenne, qui jouxtent les routes principales. Bien qu’il s’agisse d’objets isolés, trois édifices constituent un ensemble cohérent d’immeubles, à la rue des Quatre- Marronniers.
Sans être aussi spectaculaires que les bâtiments crées par les différents mouvements européens d’architecture moderne de l’époque, les édifices cubiques de la Cité thermale méritent une attention particulière. «Construits à une époque de crise économique, ils étonnent dans une ville où rien, notamment aucun mouvement culturel, ne pouvait favoriser leur éclosion», remarque André Rouyer. Les maisons cubiques d’Yverdon-les-Bains sont l’expression d’une architecture élémentaire typique de cette époque : réduction des formes et des masses à des volumes fondamentaux simples, tels que le cube, le prisme et le cylindre. «Elles se caractérisent par des angles vifs et des arêtes lisses, par des façades planes, des fenêtres de formes élémentaires, des toits plats, des balcons profonds et la quasi absence d’éléments décoratifs», conclut l’ancien urbaniste.