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«J’ai mis du temps à trouver mon clown»
Lausanne, 13 septembre 2019. Vincent Kucholl. © Michel Duperrex

«J’ai mis du temps à trouver mon clown»

17 septembre 2019 | Edition N°2582

Yverdon-les-Bains – L’enfant du Nord vaudois est entré dans l’arène du cirque. Avec son fidèle compagnon Vincent Veillon, Vincent Kucholl figure en tête d’affiche de la tournée du 100e anniversaire de Knie.

Le fameux chapiteau blanc et rouge de la famille Knie tutoie à nouveau le ciel yverdonnois pour deux soirées spéciales, entre hier et ce soir. Il s’agit en effet d’une étape clé dans la tournée du célèbre cirque suisse, qui fête ses 100 ans cette année, car il s’agit d’un retour aux sources pour l’une des têtes d’affiche: Vincent Kucholl. Depuis son enfance entre Donneloye, Rances et Yverdon-les-Bains, le Nord-Vaudois d’origine a bien grandi. Après avoir quitté le district à 22 ans, pour suivre un cursus en sciences politiques à l’Université de Lausanne, il est devenu une figure de Suisse romande grâce au duo comique qu’il forme avec Vincent Veillon. Les deux compères commentent avec piquant l’actualité sur les ondes et les écrans de la RTS.

Vincent Kucholl, que ressentez-vous à l’idée de revenir à Yverdon-les-Bains en tant que star de la tournée de Knie?

ça ravive des souvenirs plutôt chouette, puisque j’allais voir le cirque chaque année avec ma maman. C’était toujours à la même période, sauf qu’avant, c’était le week-end. Je m’en rappelle très bien, parce que j’avais le droit d’aller me coucher tard le dimanche vu que le lundi était férié. Et du coup, je pouvais assister au démontage du chapiteau jusqu’à 23h ou minuit.

Pourquoi aimiez-vous rester éveillé pour voir le cirque partir?

Mais parce que c’est fascinant! Il y a des tracteurs qui tirent des roulottes, la tente qui descend, les animaux qui partent à la gare…

Suiviez-vous le cortège à la gare?

Oui! Je pouvais même toucher les trompes des éléphants qui sortaient des wagons à bestiaux. Et j’adorais voir le balais des tracteurs qui amenaient les roulottes sur les trains de marchandises. Tout se faisait au sifflet, avec des gyrophares orange, et tout était réglé comme du papier à musique.

Quel âge aviez-vous? 

Je ne sais plus exactement, mais je devais être petit, car je me souviens que j’avais un tracteur en plastique et quand j’allais à Rances, chez mon père, je montais dessus et j’allais dans la rue en faisant vram vram vram. Je m’imaginais tirer les remorques du cirque et le trottoir était comme le quai de chargement du train. C’est débile, mais j’ai l’impression que j’ai fait ça toute ma jeunesse!

Enfant, souhaitiez-vous devenir chauffeur de tracteurs pour le Knie? 

Non, je rêvais de devenir éclairagiste-poursuiteur pour regarder le spectacle 350 fois.

Lors de votre passage à Yverdon-les-Bains, allez-vous renouer avec le rituel de votre enfance? 

C’est clair! Je crois que je n’ai pas de rendez-vous le mardi matin (ndlr: il vérifie sur son agenda électronique). Rien avant 9h, c’est bon, j’irai voir le démontage!

Quel était le numéro favori du petit Vincent Kucholl?

Les clowns.

Lequel n’aimiez-vous pas? 

Celui avec les chevaux. ça m’ennuyait au plus haut point. Mais quand j’ai vu les numéros de cette année, j’ai été impressionné. Vraiment. Comme quoi notre regard change avec l’âge.

Qu’est-ce que cela change pour vous de jouer dans une arène de cirque?

Il y a plein de choses différentes. Les gens viennent au cirque pour le cirque, pas pour nous, sauf ma mère. Et le fait qu’on joue à 270 degrés, on doit toujours penser à tous les gens, sinon on perd une partie du public. Et c’est quelque chose à laquelle jefais attention parce que lorsque j’allais au cirque avec maman, on était plutôt modestes. On avait des places au fond et pas en face de la scène.

Et pour votre style, avez-vous dû l’adapter à ce monde circassien?

Bien sûr, mais on a la chance de jouer tout le temps et on a donc pu adapter nos numéros au fur et à mesure des représentations. Quand on regarde le texte du début et ce qu’on fait aujourd’hui, ça a déjà beaucoup changé. Après, ce qu’on n’arrivera jamais à faire, c’est de l’humour visuel pour les enfants de 3 ans.

Quel type de clown êtes-vous sous le chapiteau de Knie? 

J’ai mis du temps à trouver mon clown. à l’école de théâtre, à Genève, je n’arrivais pas à le définir, mais maintenant je dirais que c’est un clown aux multiples facettes. Il y a une base commune entre tous mes personnages et, ensuite, j’ajoute des artifices.

Vos proches viendront-ils vous voir? 

Mon père, j’en suis sûr. Ma mère, elle a déjà dû voir le spectacle cinq fois. J’ai quatre sœurs, dont une qui habite à Yverdon-les-Bains et qui viendra avec ses enfants.

Aiment-ils le cirque autant que vous?

Je ne sais pas. Mais je me réjouis de pouvoir leur faire découvrir les coulisses. Si quelqu’un me les avait montrées quand j’étais enfant, ça aurait été l’apothéose.

Christelle Maillard