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«La Municipalité s’est sentie trompée»
Pierre Dessemontet, syndic d'Yverdon, demande le départ des activistes. © Michel Duperrex

«La Municipalité s’est sentie trompée»

21 octobre 2021

Yverdon – Après cinq jours d’occupation du quartier de Clendy-Dessous, le syndic Pierre Dessemontet ne change pas de ton: il ne concède rien aux activistes et est toujours fermement opposé à l’action illégale.

Pierre Dessemontet a longuement convoité ce poste. Et maintenant qu’il est syndic, il prend très à cœur de respecter tout ce qui va avec le rôle. Impossible de connaître son ressenti personnel, alors qu’une des premières situations délicates à gérer de sa législature a surgi le week-end dernier. Pierre Dessemontet parlera plus tard, seul le syndic s’exprime en ce moment.

Un syndic qui représente l’autorité et qui, en ce sens, ne peut pas tolérer ce qui se passe à Clendy-Dessous. Loin de la «compréhension» dont faisaient preuve les différents cadres des partis de la gauche yverdonnoise, le syndic ne tolère pas l’occupation des deux logements et annonce que la relation de confiance est entamée.

 

Monsieur le syndic, après cinq jours d’occupation, comment jugez-vous ce qui se passe à Clendy-Dessous?

Comme lors du premier jour. La situation n’a pas évolué. Nous demandons et exigeons le départ des militants des lieux occupés.

 

Quand la Municipalité a-t-elle été mise au courant de cette action?

Nous avons reçu un rapport de police le samedi soir. À ce moment-là, selon les informations que nous avions, l’occupation avait essentiellement lieu sur le domaine public, ainsi que dans un verger privé. Nous nous sommes tout de suite rendus sur place, le municipal de la sécurité, Christian Weiler, la vice-syndique, Carmen Tanner, et moi-même, dans le but d’informer les militants qu’ils étaient dans une situation illégale et qu’elle devait cesser.

 

Et comment s’est passée cette discussion?

C’était courtois, mais assez bref. Pour résumer, nous leur avons demandé de partir et ils ont refusé.

 

Vingt-quatre heures plus tard, la situation avait évolué. Deux logements étaient officiellement occupés et les activistes annonçaient vouloir y rester le plus longtemps possible, et pas seulement un week-end comme ils l’avaient initialement prévu. Comment avez-vous réagi après avoir appris la nouvelle?

Je m’exprime au nom de l’exécutif. Ce qu’a ressenti Pierre Dessemontet n’est pas important. La Municipalité s’est sentie trompée lorsqu’elle a vu l’évolution de la manifestation qu’elle avait autorisée. Puis elle s’est sentie flouée une seconde fois lorsque l’occupation de logements a été annoncée. La relation de confiance est largement entamée.

 

Cela signifie-t-il que vous pensez que les organisatrices du défilé autorisé sont derrière l’occupation?

Ce que je dis, c’est que le lien de parenté entre les trois étapes semble évident.

 

Comment va agir la Municipalité ces prochains jours?

L’objectif est toujours de résoudre la situation illicite qui perdure dans le quartier, si possible le plus vite possible. Notre but est de prendre les mesures les moins dommageables pour les uns et les autres, toujours en gardant à l’esprit le principe de proportionnalité. Concrètement, cela signifie que nous évaluons nos options avec toutes les parties concernées. Mais je ne peux évidemment pas vous décrire les prochaines étapes.

 

Quel est le rôle de la Ville dans ce conflit? Les propriétaires ayant déposé plainte, n’est-ce pas simplement une affaire qui les concerne eux, le procureur et la gendarmerie?

Le domaine public a aussi été occupé ce week-end. Notre intérêt est donc légitime. Mais maintenant que le domaine public est libéré, c’est vrai qu’il s’agit d’un problème privé. Même si nous le voulions, nous ne pourrions pas intervenir aujourd’hui, à moins de recevoir un ordre du procureur. Néanmoins, même s’il s’agit d’une affaire privée, la Ville reste en soutien rapproché, car il est dans l’intérêt public que la loi soit respectée.

 

En tant qu’élu de gauche, cette action ne vous met-elle pas dans une situation inconfortable? Le président de l’UDC Yverdon, Ruben Ramchurn, a notamment estimé que vous récoltiez ce que vous aviez semé en allant chercher des voix à l’extrême-gauche…

La période ne se prête pas à l’introspection. Ce débat se fera après, une fois la situation légale rétablie. Quant à monsieur Ramchurn, nous sommes dans un pays libre et il peut raconter ce qu’il souhaite.


Une occupation en plusieurs étapes

Samedi dernier, à l’issue d’une manifestation autorisée, les militants ont été invités à prendre part à une protestation «plus concrète». Dès 16h, une centaine d’écologistes se sont rendus à Clendy-Dessous. La rue a été bloquée, et un jardin collectif a été créé dans un verger, évidemment sans l’autorisation des autorités et des propriétaires des parcelles.

Le «quartier vivant», qui dénonce le projet immobilier de 170 logements qui devrait naître dans le quartier, ne devait initialement durer qu’un week-end. Mais dimanche, deux petits groupes se sont installés dans deux logements vides, affirmant leur volonté de rester «jusqu’à la démolition». Les propriétaires ont déposé une plainte pour violation de domicile et dommages à la propriété.

Depuis lundi, la rue de Clendy-Dessous est dégagée, mais une quinzaine d’activistes (en plus de ceux s’étant établis dans les logements) continuent d’occuper les lieux. Des activités étaient d’ailleurs prévues encore hier. En plus du jardinage quotidien du potager collectif, des buts de foot devaient être montés en fin d’après-midi afin de dynamiser le quartier.

Massimo Greco