Annulée l’an dernier en raison de la pandémie, la manifestation revient en force pour fêter sa 25e édition.
«L’an passé, nous avons dû annuler et nous étions un peu frustrés. Mais nous sommes heureux de pouvoir enfin fêter cet anniversaire!» Marcel Bossel est l’exemple même du commerçant de proximité. Cet attachement à la clientèle et à sa ville d’Orbe se manifeste dans toutes ses actions au quotidien. Ainsi lorsqu’au printemps 1996 l’idée de créer une manifestation avant les fêtes a été émise, il n’a pas hésité un instant à s’engager. Un quart de siècle plus tard, et alors qu’il est âgé de 78 ans, il est toujours l’animateur du trio qu’il compose avec son épouse Linda et Cornel Roulin, un autre commerçant du lieu.
«A trois, les décisions sont vite prises. Mais le jour de la manifestation, nous avons de nombreux bénévoles et amis qui viennent nous donner un coup de main», explique le pilier de la Foire de Noël, qui n’aime pas se mettre en avant. Il préfère saluer l’engagement de ceux qui viennent le dimanche à 6h du matin pour faciliter la mise en place des stands.
L’idée d’une telle manifestation a été émise à la sortie d’une séance de la SICUP, l’association des commerçants urbigènes de l’époque, en mai 1996. «Les années 90 à 95 n’étaient pas terribles pour le commerce. L’un de nos collègues a dit: et si on organisait un marché de Noël? Nous nous sommes retrouvés à trois ou quatre en juillet. Nous visitions les marchés d’été pour trouver des exposants. Et lors de notre premier marché, on avait 80 stands! C’était une journée magnifique. Il a plu jusqu’à 6h du matin. Puis on a eu le soleil. Et en fin d’après-midi, la pluie était de retour», se souvient Marcel Bossel.
Ce premier succès a véritablement stimulé les organisateurs. «C’était une réussite. Les gens étaient enthousiastes. Et puis, on était parmi les premiers du canton à organiser un telle manifestation. Alors on a décidé de continuer. Et je suis toujours là. Mais j’ai 78 ans et il faut songer à laisser gentiment la place aux jeunes», explique le coordinateur.
Et lorsqu’on l’interroge sur cette longévité, alors qu’il a remis il y a fort longtemps déjà sa quincaillerie – ce commerce existe toujours –, Marcel Bossel n’hésite pas un instant: «Quand on aime, on ne compte pas!»
Il faut avoir une foi inébranlable dans le commerce local pour tenir aussi longtemps. Chez Marcel Bossel, c’est une conviction bien ancrée: «Je fais le 98% de mes achats à Orbe. On n’a pas besoin d’aller à Yverdon ou En Chamard, on a tout ici!»
C’est dire que la manifestation donne la priorité aux commerces et aux artisans de la région. «Nous n’en avons que très peu de l’extérieur. Il y a par exemple une dame de Jougne (F). Mais cela fait vingt ans qu’elle participe», relève l’organisateur.
Ce dimanche, donc, 82 artisans proposeront leurs produits et créations dans les rues du centre-ville, de 9h à 17h. Et les commerces urbigènes exploités par les familles seront également ouverts. On en dénombre une bonne vingtaine, sans compter bien évidemment les établissements publics, qui figurent au premier rang des bénéficiaires de l’événement. Même pour les stands de nourriture et autres boissons, la priorité est donnée aux clubs et associations locales, qui profitent de l’occasion pour redonner des couleurs à leur trésorerie.
Cette édition de la Foire de Noël est non seulement celle du 25e, mais aussi celle qui a bénéficié d’un soutien inconditionnel de la Municipalité. En effet, lorsque les organisateurs ont découvert les contraintes imposées par les services du médecin cantonal et l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC), ils ont failli se décourager.
«Heureusement, le responsable de la cohésion sociale a pris en main tous ces aspects administratifs. Cela nous a soulagés. Au départ, il fallait envisager un contrôle à l’entrée. Or il y a douze entrées possibles dans le périmètre. Cela aurait été impossible de trouver des CRS pour occuper ces postes», relate Marcel Bossel, un brin taquin.
Un consensus a finalement été trouvé avec les autorités cantonales: il ne sera pas nécessaire d’avoir le pass sanitaire pour entrer dans le périmètre de la manifestation. Il sera par contre exigé dans les établissements publics. «Cela s’est toujours bien passé. A Orbe, nous n’avons jamais eu d’incident et je suis persuadé qu’il en ira de même ce dimanche», conclut Marcel Bossel.
Dimanche 9h-17h. Entrée libre. Pass Covid pour entrer dans les établissements publics.
Il faudra éviter les attroupements et respecter les distances
Même si le nombre de contagions n’est pas comparable à celui que connaît l’Autriche, et dans une mesure relativement proche à certains cantons de Suisse orientale, il faudra respecter les distances et surtout éviter les attroupements. Des assistants de police vont ainsi patrouiller tout au long de la journée, afin de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’attroupements, en particulier près des stands de boissons et de nourriture. Bien évidemment, un vin chaud se partage volontiers entre amis, mais cette année, il va falloir faire un petit effort.
Les commerçants devront également mettre à disposition du public un gel désinfectant, afin de prévenir dans la mesure du possible d’éventuelles contagions. Et une distance minimale de 1,5 mètre devra être respectée entre les stands.
Globalement, l’événement, dispersé sur la rue Centrale, la Grand-Rue, la rue Sainte-Claire et la place du Marché, pourrait accueillir jusqu’à 3700 personnes. Mais la fréquentation dépend beaucoup des conditions météorologiques. S’il fait beau dimanche, le service d’ordre devra être beaucoup plus attentif que de coutume.
«Au début, on a eu le sentiment que les autorités cantonales nous comparaient aux Marchés de Lausanne et de Montreux. Ces manifestations-là ont un gros budget. Le nôtre se monte à quelque 4000 francs, dont 3600 francs sont affectés aux frais. Et avec les 400 francs restants, on fait un bon repas avec tous ceux qui nous ont aidés à mettre la manifestation sur pied», conclut Marcel Bossel, que les 32 ans passés à la tête de l’unique quincaillerie subsistant à Orbe n’ont pas usé. Avec des personnalités aussi optimistes et fidèles, le commerce local a encore de beaux jours devant lui.