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A 62 ans, elle participe à des raids extrêmes

24 mai 2017 | Edition N°2003

Yverdon-les-Bains – Depuis quinze ans, la Combière Marcelle Fressineau s’entraîne pour deux des plus difficiles courses de chiens de traîneau au monde. Elle présentera, jeudi, son 3e livre qui retrace ses aventures.

Marcelle Fressineau à son départ de la Yukon Quest, en 2013, avec son traîneau tiré par ses deux meilleurs Alaskan Husky, Mister X (devant à g.) et Morrison (devant à dr.). ©DR

Marcelle Fressineau à son départ de la Yukon Quest, en 2013, avec son traîneau tiré par ses deux meilleurs Alaskan Husky, Mister X (devant à g.) et Morrison (devant à dr.).

Marcelle Fressineau n’a pas froid aux yeux et ce n’est rien de le dire. Cette Combière d’origine de 62 ans est un musher ou pilote d’attelage. Depuis quinze ans, elle participe à des courses de chiens de traîneau et elle a notamment pris part trois fois à la Yukon Quest et deux fois à l’Iditarod. La première relie Whitehorse, au Canada, à Fairbanks, en Alaska. La seconde traverse ledit pays d’est en ouest. Toutes deux comptent plus de 1600 km de parcours et sont considérées, dans ce milieu, comme les plus difficiles compétitions au monde. Une expérience physique et humaine que raconte Marcelle Fressineau dans son troisième livre, intitulé «Ces extraordinaires chiens de traîneau», sorti en février. L’auteure a fait le déplacement depuis le Canada pour présenter, ce soir au Restaurant de La Plage à Yverdon-les-Bains, son nouvel ouvrage.

 

Conditions extrêmes

 

Qui dit Alaska, dit grand froid. Et ça, Marcelle Fressineau en a fait les frais : «J’ai passé quelques nuits à -50 degrés, mais c’est surtout la force du blizzard qui m’a impressionnée, confie-t-elle. Finalement, ce n’est pas le froid le plus difficile dans ces raids, c’est le manque de sommeil.» Car, durant les huit à quinze jours de parcours, la sportive ne dort que quelques heures, généralement à l’extérieur ou dans l’un des points de contrôle disséminés tous les 80 ou 160 km, selon les courses.

Si elle accepte d’endurer tout ceci alors qu’elle termine toujours en bas du classement (parmi les vingt concurrents de la Yukon Quest et les quelque 80 participants de l’Iditarod), c’est parce qu’elle y trouve son bonheur. «Je le fais pour partager une expérience avec mes chiens et les mushers, pour voir les grands espaces naturels, les couchers et les levers de soleil, ainsi que les aurores boréales. Mon but est de finir la course. Je ne pense même pas au classement », avoue Marcelle Fressineau, qui a prévu de s’inscrire à la prochaine Iditarod en 2018. «Une fois que l’on y a goûté, on ne veut plus s’arrêter de courir. Parce que quand on fait ce type d’aventure, on développe une complicité incroyable avec les chiens.»

 

Un prestige qui coûte cher

 

Pour résister à de telles conditions, le musher doit se préparer : «L’entraînement m’accapare les trois quarts de mon temps», explique la Combière. Et il faut avoir les moyens financiers pour participer à ces raids extrêmes, puisqu’ils demandent, selon elle, un budget d’environ 21 000 francs, dont quelque 2000 francs d’inscription. A cela s’ajoute l’équipement et la nourriture. «J’utilise en moyenne 2000 chaussons pour les pattes des chiens et je leur prépare une tonne de nourriture à chaque course.»

 

L’appel de la nature

 

Son amour pour les chiens a poussé Marcelle Fressineau à quitter son logement au Sentier et son travail à la banque Crédit Mutuel, en 1996, pour partir, avec ses six Husky, au Canada. «A la vallée de Joux, il m’était difficile d’avoir plus de chiens à cause de la réglementation et du manque d’espace. Alors j’ai commencé à chercher un autre endroit, et j’ai trouvé une place au Canada», explique-telle simplement. Une fois arrivée, elle a très vite agrandi sa famille en adoptant 34 autres chiens . Puis, en 2002, elle s’est lancée dans sa première course de traîneau, la Yukon Quest.

Aujourd’hui, elle a soixante Alaskan Husky et elle vit grâce à eux, puisqu’elle organise des balades en traîneau pour les touristes. En plus d’avoir déniché un petit coin de paradis, elle a également trouvé l’amour. «J’adore ma vie là-bas et je suis consciente d’avoir une chance inouïe», conclut-elle.

Marcelle Fressineau présentera son livre «Ces extraordinaires chiens de traîneau», jeudi soir à 19h, au Restaurant de La Plage à Yverdon-les-Bains. En vente sur : www.alayuk.com.

 

Sa vie mise par écrit

 

Marcelle Fressineau. ©DR

Marcelle Fressineau,

Marcelle Fressineau a déjà publié deux autres livres depuis son départ de Suisse, en 1996. Et ses ouvrages, c’est un petit peu ses bébés, puisqu’elle les a écrits, édités, publiés et c’est aussi elle qui en a fait la promotion sur son site et sur Facebook. Le premier, intitulé «Le traîneau de la liberté», sorti en 2004, raconte l’immigration de la Combière au Yukon (Canada), où elle a décidé de s’installer. Puis, «Empreinte dans la neige» est arrivé en 2012. Ce livre s’est vendu à environ 400 exemplaires entre la Suisse et le Canada. «C’est déjà pas mal en éditant soi-même un ouvrage», confie l’auteure. Celui-ci relate sa vie de Suissesse à Whitehorse, capitale du Yukon, où elle vit avec son conjoint et ses 60 chiens.

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Christelle Maillard