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A chacun son carnaval et ses traditions

2 mars 2011

Aujourd’hui carnaval, parfois sous la dénomination de brandons, se fête partout en Suisse. Pourtant, il n’a pas partout la même histoire. Dans certaines villes, cette manifestation est plus que centenaire et dans d’autres même pas trentenaire.

 

L'année dernière à Orbe.

L'année dernière à Orbe.

Des guggenmusiks, des confettis, des déguisements loufoques, des cortèges avec des chars, des bals le soir, tous les carnavals se ressemblent. Pourtant, tous n’ont pas le même âge, la même origine et le même sens.

 

Le carnaval, à l’origine, désigne la période qui s’étale du 6 janvier (Epiphanie) à l’entrée du Carême. Une tradition qui s’est perdue, à quelques exceptions près, comme à Evolène, où tous les week-ends durant cette période des rites se perpétuent: le son des cloches annonce l’entrée dans cette période, puis les week-ends «les peluches», personnages habillés de peaux non tannées d’animaux et portant des masques en bois sculptés par les artisans de la région déferlent sur le village à la recherche de victimes, enfin les derniers jours les empaillés, vêtus de sacs de jute remplis de paille, font leur apparition.

Les excès avant l’abstinence

Dans les cantons catholiques, le carnaval a toujours lieu partout en même temps, juste avant le mercredi des cendres. D’ailleurs, le jour précédent cette date fatidique est appelé «mardi gras». Autrement dit, c’est le dernier moment de s’empiffrer et de manière générale de faire des excès en tout genre. Devrait s’en suivre pour tout bon catholique une période de quarante jours, le temps que Jésus a passé dans le désert à déjouer les tentations du diable, de pénitence. Même si comme le reconnaît Charly Vernaz, président du Carnaval de Monthey, «ce sens-là se perd un peu aujourd’hui». Reste que dans les régions catholiques, cette fête a un réel ancrage historique, à l’instar du Carnaval de Monthey qui organise sa 139e édition.

Dans le Nord vaudois, les organisateurs des différents brandons et carnavals, eux, se mettent d’accord sur la date pour attirer le maximum de monde de l’extérieur; leur planning est déjà réalisé jusqu’en 2015. «Pour nous, c’est toujours le week-end qui suit les vacances scolaires», explique Allan Müller, président du carnaval de Sainte-Croix. Ce qui semble être également le cas dans le reste du Canton: les Brandons de Moudon sont toujours fixés, comme le souligne le président Willy Blaser, deux semaines après ceux de Payerne.

De jeunes carnavals

Bon nombre de carnavals du Nord vaudois ont vu le jour il n’y a que quelques décennies. A Orbe, en 1983, les membres de l’assemblée générale du Théâtre des Jeunes d’Orbe cherchent une solution pour renflouer les comptes plutôt dans le rouge. Et c’est ainsi qu’à lieu la première édition de ce qui a été nommé un peu artificiellement le Carnaval d’Orbe en mars 1984. La même année, le comité de la Maison des Jeunes et de la Culture de Sainte-Croix a eu la même idée. «A la base il s’agissait simplement d’une soirée tropique à type carnavalesque», explique Allan Müller. Bien que les brandons désignaient les feux que l’on faisait le premier dimanche du Carême, déjà dans les années 1800, à Grandson, à en croire Christian Berney, les Brandons ne sont guère plus vieux: «Cela fait 23 ans qu’une bande de copains a décidé de lancer cette fête.» Et d’ajouter: «Les Brandons marquent la fin de l’hiver. Aujourd’hui les gens ont besoin de ces fêtes pour échapper au stress.»

Si le carnaval s’éloigne de son sens religieux, il a gagné au fil des ans une dimension satirique, voire politique, plus ou moins cultivée d’un lieu à l’autre. A Sion et à Grandson, on évite les thèmes politiques. A Monthey, les groupes s’occupant des chars reçoivent une liste de sujets d’actualité: lors du défilé, Koh-Lanta et Bernard Rappaz seront représentés. A Moudon, même si aucune incitation n’a été donnée dans ce sens, il sera question des 33 mineurs chiliens et de «la mort de Cardinal». Alors qu’à Sainte-Croix, le thème «Au pays du soleil, le vent» a bien été compris par le char gagnant qui montrait un Olivier Lador, président de l’Association pour la protection de la Gittaz-Dessous et du Mont-des-Cerfs, tronçonnant une éolienne de Romande Energie.

La neige n’a pas gâché la fête

Quelques confettis dans la rue, quelques gueules de bois aussi, il restait, lundi, à Sainte-Croix quelques traces du week-end carnavalesque. C’est l’heure du premier bilan, plutôt positif pour le nouveau président, Allan Müller: «Nous sommes satisfaits, surtout de l’ambiance bon enfant qui a régné dans le village ces trois jours.» Aucun incident grave n’est venu entacher la fête, si ce n’est quelques petites bagarres rapidement maîtrisées: «Le travail de prévention en amont à payé et le service de sécurité a été très efficace», se félicite-t-il.

Côté affluence, Allan Müller parle d’une année dans la moyenne, peut-être un peu en dessous de ses attentes: «Nous n’avons pas encore le comptage des entrées. Mais je pense qu’il y avait à peu près 1500 personnes vendredi, 2000 samedi, 1000 lors de la parade de dimanche et 500, principalement des Sainte-Crix, pour la dernière soirée.» Il faut dire que le Carnaval de Sainte-Croix a été victime d’une météo défavorable. «Nous avons eu plusieurs week-ends de grand beau temps, et ce week-end, manque de chance, il a neigé lors des deux cortèges.»