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A la conquête des lacs sur un drôle d’engin

29 juillet 2014

Surf bike – Arnaud Durand s’est lancé le défi de faire le tour des grands lacs suisses d’ici 2014. Il a rayé ceux de Joux et de Neuchâtel de sa liste la semaine dernière.

Carte d’identité

Arnaud Durand a terminé son tour du lac de Neuchâtel vendredi, au port des Iris. Comme ailleurs, sa présence n’a pas manqué d’intriguer les touristes, comme les habitués des lieux.

Arnaud Durand a terminé son tour du lac de Neuchâtel vendredi, au port des Iris. Comme ailleurs, sa présence n’a pas manqué d’intriguer les touristes, comme les habitués des lieux.

Nom : Arnaud Durand.
Age : 21 ans.
Domicile : Prangins.
Profession : Apprenti éducateur de la petite enfance dans une crèche. Il est également «très actif en politique», au sein du PDC.

Si vous avez profité des rayons de soleil de la semaine dernière pour vous promener au bord du lac, vous avez peut-être aperçu un jeune homme sur un drôle d’engin nautique. Une planche, qui évoque celles utilisées pour faire du standup paddle, une selle, un pédalier, un guidon : cela s’appelle un surf bike et on n’en croise pas à chaque coin de rue, pardon, au large de chaque port. Arnaud Durand est, à sa connaissance, le seul à en posséder un dans les environs et il aime tellement s’y dépenser qu’il s’est lancé un défi inédit : celui de faire le tour de tous les lacs suisses d’importance d’ici 2024. Après avoir réalisé le premier volet de son périple sur le Léman, il s’est attaqué, la semaine dernière, aux lacs de Joux et de Neuchâtel, avec des crochets par ceux de Morat et de Bienne. L’occasion d’une rencontre, au port des Iris, vendredi dernier.

Canadien par sa mère, Arnaud Durand dispose «depuis longtemps» d’un surf bike, un engin peu commun dans nos contrées, mais très populaire outre-Atlantique. «J’avais l’habitude d’en faire près de chez moi, à Prangins, sur de petites distance, raconte-t-il. Et puis, un jour, j’ai décidé d’aller jusqu’à Genève et retour.» Le plaisir est au rendez-vous, tandis que ses connaissances l’encouragent à se lancer dans de plus grandes aventures. Il se laisse convaincre pour un tour du Léman. «Mais, comme je suis quelqu’un d’assez peu sportif, je me suis préparé pendant une année avant de me lancer», précise-t-il.

Le Léman en quatre jours

Il y a deux mois, il est enfin parti, transportant sur sa planche un matériel de camping sommaire. Au bout de quatre jours et demi, après 33h30 à pédaler, l’objectif était atteint. Et il n’a pas tardé avant d’imaginer le suivant : un véritable tour des lacs suisses, à accomplir en dix ans. C’est que le jeune homme de 21 ans adore les sensations que lui procurent le surf bike. «Le fait d’être sur l’eau, en hauteur, c’est génial», décrit-il.

Et puis, son passage ne cesse de provoquer des élans de sympathie de la part des gens qu’il croise. «A Estavayer- le-Lac, un couple m’a abordé pour me demander ce que je faisais, qu’est-ce que c’était que cette planche, se souvient-il. Ils m’ont payé le café, c’était sympa.» Le fait qu’il ne s’éloigne jamais plus de 300 mètres de la terre ferme favorise les rencontres, autant que le fait qu’au bout de chaque journée (jusqu’à 8h sur l’eau !), il recharge ses batteries dans les campings de bord de lac. Il y a dix jours, il a d’ailleurs profité du camping gratuit organisé en marge de Festi’Cheyres pour passer la nuit à moindres frais…

Excès de vitesse présumé

Sa planche de 3,50 mètres peut supporter jusqu’à 120 kilos et elle lui permet d’atteindre une vitesse de 12 kilomètres/heure. Sur un canal, il a toutefois été pris en flagrant délit… d’excès de vitesse ! «Un bateau s’est approché de moi pour me signaler que je dépassais presque les 15 km/h autorisés, sourit-il, pas tout à fait convaincu d’avoir atteint ce rythme. L’effort est plus ou moins le même que sur un vélo de route, mais il n’y a pas de vitesse, juste une hélice qu’actionnent les coups de pédale. A un moment, on ne peut pas aller plus vite.»

Prochaine étape ? Boucler le tour du lac de Bienne, qu’il n’a pu achever la semaine dernière à cause des conditions météo, puis s’attaquer au lac des Quatre-Cantons, sans doute en 2015. D’ici 2024, on aura eu l’occasion de le voir passer dans toute la Suisse. Peut-être que le quidam saura alors tout de son drôle d’engin. Ou pas. Mais le défi d’Arnaud Durand contribuera sans doute à l’installer dans le pays.

Lionel Pittet