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À la pointe de l’épée
© Gabriel Lado

À la pointe de l’épée

3 octobre 2024 | Textes: Manuel Gremion | Photo: Gabriel Lado
Edition N°3801

Clément Balka se trouve aux portes du circuit de Coupe du monde. Le tireur yverdonnois de 22 ans espère franchir le pas cette saison.

L’escrime suisse connaît sa petite révolution : tandis qu’une génération talentueuse arrive sur la scène internationale à l’épée, une sérieuse restructuration a lieu à la fédération nationale. « Cela pourrait ouvrir quelques portes, c’est motivant pour la suite », entrevoit Clément Balka.

Voilà près de cinq années que l’Yverdonnois qui a grandi à Grandson milite sur le circuit européen M23, passerelle entre la relève et la Coupe du monde élite. Un niveau auquel il n’a jamais encore eu le plaisir de tirer l’épée de son fourreau. « Avec cette grosse génération dans ma classe d’âge, j’ai toujours eu de la peine à entrer dans les sélections pour les épreuves de Coupe du monde », glisse celui qui a, une fois, été réserviste.

L’étudiant à l’EPFL a bon espoir que le plongeon dans le grand bain soit pour cette saison. Peut-être déjà en novembre, à Berne, où il espère se qualifier. « Disputer une Coupe du monde me donnerait l’opportunité d’inscrire des points en seniors et, ainsi, dans rentrer dans le système », ambitionne celui qui jongle entre sa carrière de sportif d’élite et son bachelor, qu’il a l’opportunité de réaliser en quatre ans plutôt que trois.

Passionné, le Nord-Vaudois n’imagine pas sa vie sans escrime « Quant à savoir si cela sera toujours en compétition à haut niveau, ça, ce sont les résultats qui le détermineront », est-il bien conscient, relevant également qu’il n’est pas rare de voir des épéistes percer sur le tard.

Le sportif au patronyme aux origines hongroises se débrouille également pour financer au maximum ses activité sportives lui-même, afin de ne pas trop en demander à ses parents. « Comme je n’ai pas de carte olympique, je ne bénéficie pas d’aides étatiques », regrette celui qui, en plus d’avoir déniché quelques sponsors depuis deux ans, travaille chaque été dans une entreprise de maçonnerie à Bonvillars. Atteindre le circuit mondial vaut bien ces efforts.


Les épéistes, ces « gens singuliers »

Passé par les cadres suisses en M20, l’athlète du Cercle des Armes de Lausanne, qui se prépare physiquement au Centre Sport et Santé de Dorigny, a commencé à tirer à Yverdon, au sabre, avant de pratiquer le hockey, puis de revenir à l’escrime, mais à l’épée, à Neuchâtel.

« L’épée est plus libre que les autres armes. Ont peut avoir un jeu très singulier, d’ailleurs ce sont souvent des gens très singuliers, qui font des choses bizarres, qui en pratiquent. Et ça fonctionne! », sourit Clément Malka, qui ajoute que l’escrime est également « un combat contre soi-même » et qu’il s’agit de « se canaliser ».

Avec 1m70 sous la toise, l’Yverdonnois est un petit gabarit. « Jeune, l’avantage de mes adversaires était plus marqué, estime le droitier. Je ne peux toutefois pas me permettre d’être moyen, car si je ne suis pas parfait, mon vis-à-vis a plus d’allonge. A notre niveau, tout le monde est bon techniquement. Le mental devient la composante la plus importante. » Une main rapide et sa mobilité lui permettent de rivaliser.