Logo
À l’écoute de la terre
Maxime Cosandier (à g.) et Cédric Gottofrey sur le site de valorisation de l’entreprise Dynaecosol à Bavois. Leurs machines ont été adaptées pour le travail sur les terrains tourbeux.

À l’écoute de la terre

13 juin 2025 | Texte: Robin Badoux Photos: Gabriel lado
Edition N°3958

Le phénomène est bien connu des agriculteurs de la région. Les sols de la plaine de l’Orbe se minéralisent et, à force, des centaines d’hectares de terres agricoles risquent de disparaître. Toutefois, des solutions existent pour freiner le phénomène.

Comment sauver les riches sols organiques de la plaine de l’Orbe? Une question que se sont posée nombre d’agriculteurs de la région et d’experts de l’Etat de Vaud. Car, petit à petit, ces terres se minéralisent et perdent de la profondeur physiologique à raison de quelques centimètres par an en partie à cause de l’érosion éolienne et hydraulique.

Ainsi, les terres s’affaissent, se rapprochent de la nappe phréatique et finissent parfois immergées, rendant la production agricole difficile. Si rien n’est fait, un large pan du Nord vaudois pourrait ainsi devenir un désert agricole, là où ces sols, autrefois marécageux, sont pourtant connus pour leur fertilité.

Mais des solutions existent pour endiguer le phénomène. Une de ces idées a été explorée par l’entreprise Dynaecosol qui dispose depuis 2017 d’une plateforme de valorisation à Bavois. «On a ouvert ce site lors d’un projet pilote mené de concert avec la Confédération et l’Etat de Vaud sur des parcelles tests de la région», explique Cédric Gottofrey, fondateur de l’entreprise basée à Echallens.

Appauvrissement salutaire

La solution proposée par Dynaecosol consiste à apporter sur ces anciennes tourbières une couche de terre qui a été travaillée, mélangée avec des matériaux d’excavation de bonne qualité, fournis par des entreprises de la région. «Il faut au moins 47% de sable dans ces déblais terreux. On est très exigeants quant à leur qualité», précise Maxime Cosandier, directeur de l’entreprise. Ces produits, dont certains sont par exemple issus des travaux en Gruvatier à Orbe, sont amenés sur le site de Bavois pour y être criblés et y être mélangés en un tas homogène. Celui-ci sera ensuite étalé sur les parcelles lorsque la météo et les terrains le permettent. Des machines spéciales, dont une dameuse à neige modifiée, permettront de travailler sur ces sols marécageux sans s’enfoncer et en minimisant les vibrations.

La couche ajoutée, inerte en elle-même, est alors labourée avec la terre noire. Le nouvel horizon ainsi créé est donc moins riche, comparé à la tourbe initiale, mais présente de nombreux avantages pour les agriculteurs.

Une terre revalorisée

Parce que «les terres de la plaine de l’Orbe sont riches, mais difficiles à travailler», décrit Philippe Egger, agriculteur à Chavornay. La fertilité et l’humidité des sols sont en effet propices à la prolifération des mauvaises herbes, ravageurs et maladies. «Il y a de fortes pressions, ainsi qu’une carence en oligoéléments, comme le manganèse. La mauvaise portance du terrain oblige aussi à travailler avec des véhicules spéciaux.»

Les matériaux apportés par Dynaecosol permettent de résoudre une grande partie de ces problèmes. «La portance s’en retrouve améliorée, la carence en manganèse est résolue, il y a moins de risques de maladie et le volume de mauvaises herbes est réduit par un facteur de 10. C’est impressionnant», constate l’agriculteur, dont plusieurs parcelles ont été traitées par Dynaecosol. Moins légère que la terre noire, la couche apportée résiste également mieux à l’érosion éolienne. Un désavantage toutefois, cette solution retire la capacité des sols à être travaillés rapidement après la pluie. «Mais c’est insignifiant comparé aux avantages», remarque Philippe Egger, qui ajoute que cette revalorisation des sols facilite désormais les échanges de terrains avec d’autres agriculteurs, autrefois frileux, lors de rotations de cultures.

Cette technique se heurte toutefois, dans son application, à la lourde pesanteur de l’administration. «Les résultats sont excellents au fil des années et nous sommes pionniers au niveau mondial, mais on bute sur des problèmes d’ordre politique et la lenteur de l’administration», déplore l’agriculteur. «C’est une bataille de patience, abonde Maxime Cosandier. Cela nous prend beaucoup de temps, d’énergie et d’argent, car dans chaque cas, il y a des études qui sont faites par un bureau de pédologie pour confirmer si un terrain est éligible, puis la demande passe par tous les services de l’Etat avant qu’un permis ne soit accordé. Cela dit, c’est à chaque fois un défi intéressant.»

Résumé de la politique de confidentialité

La Région S.A.s'engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l'utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans notre politique de confidentialité.

En savoir plus