L’Etat de Vaud veut classer « monument historique » le bâtiment situé au 23 de la rue de l’avenue Mordagne. Les façades et les intérieurs sont jugés remarquables.
Textes: Jérôme Christen | Photos: Michel Duperrex
Yvonand pourrait bientôt compter un monument historique de plus. L’Etat de Vaud met à l’enquête publique jusqu’au 22 août le classement du No 23 de l’avenue de la Mordagne, édifice qui date de 1684 selon l’inscription qui figure sur la façade. Cette maison ne paie a priori pas de mine parce qu’elle est dans un état délabré, mais la façade et les éléments intérieurs sont jugés exceptionnels.
Selon l’étude historique établie par Véronique Chaudet, l’organisation du rez et les vestiges de la grande cheminée du 1er étage datent de la fin du Moyen Âge. Au 2e étage, un ensemble exceptionnel d’aménagements de cette époque a été conservé. En particulier des éléments de menuiserie et de serrurerie de portes. «Le soin apporté aux façades et aux aménagements intérieurs est remarquable et rare – si ce n’est inédit – pour un bâtiment inséré dans une rangée en ordre contigu. A l’intérieur, les décors peints et les menuiseries ouvragées évoquent des aménagements de maisons seigneuriales ou demeures aristocratiques», peut-on encore lire dans la notice établie par Véronique Chaudet, archéologue et historienne des monuments. Elle y voit là un désir d’affirmer son prestige social. Son premier propriétaire connu, le notaire et lieutenant Martin Cuagnier – dont la famille était probablement la commanditaire de la dernière reconstruction de la fin du XVIIIe siècle – n’appartenait pas à la noblesse, mais sa famille comptait des notables et des personnes occupant des charges importantes.
De manière générale, le bâtiment com-prend des éléments remarquables de la fin du Moyen-Âge et un ensemble exceptionnel du dernier quart du XVIIe siècle. L’historienne émet l’hypothèse que d’autres décors peints que ceux visibles sont conservés sous des enduits sur les façades et à l’intérieur au 1er étage. Elle conclut qu’il convient d’aller plus loin dans l’étude historique et archéologique du bâtiment qui pourrait déceler des éléments aujourd’hui cachés par des panneaux d’isolation et des protections fixes.