Logo
Accueillir les gens du voyage indigènes
May Bittel et Albert Barras, de la communauté des Yéniches suisses, entourent Fiona Wigger, de l’Office fédéral de la culture, le préfet Etienne Roy, et le député et syndic d’Yverdon-les-Bains Jean-Daniel Carrard. @ Isidore Raposo

Accueillir les gens du voyage indigènes

27 mars 2018 | Edition N°2214

Minorité reconnue, les gens du voyage indigènes rencontrent les mêmes difficultés que les autres. Une table ronde a esquissé des solutions.

L’image du gitan mal aimé et voleur de poules colle à la peau des gens du voyage, qu’ils soient indigènes ou étrangers. Et pourtant, si elles partagent une certaine philosophie de la liberté, ces communautés n’ont pas toutes le même respect des us et coutumes du pays. Organisée à l’initiative du préfet du Jura-Nord vaudois Etienne Roy, médiateur désigné par le Conseil d’Etat pour la problématique des gens du voyage, et accueillie par la Ville d’Yverdon-les-Bains, une table ronde a réuni hier matin à l’Hôtel de Ville les représentants des autorités et des milieux concernés par ce dossier qui, à l’instar des hirondelles, revient chaque printemps avec la même acuité.

Car il ne faut pas se leurrer, a relevé May Bittel, figure emblématique des Yéniches suisses, la communauté indigène souffre du dégât d’image provoqué par d’autres, «surtout auprès des communes».

Minorité reconnue, les Yéniches suisses ont non seulement le droit de mener leur vie temporairement nomade, mais aussi de disposer de terrains d’accueil. Et pourtant, a rappelé Albert Barras, leur représentant en Suisse romande, le feuilleton se répète invariablement: «Si on demande l’autorisation, on nous la refuse en invoquant les règlements sur le camping et le caravaning. Et si on s’installe, il faut négocier…»

Il y a toutefois des exceptions. Etoy, après une entrée en matière conflictuelle, accueille les Yéniches suisses chaque année. Plus près de nous, Valeyres-sous-Rances fait preuve de la même ouverture. Même s’il n’a pas été simple d’obtenir un compromis, a rappelé la syndique Corinne Tallichet-Blanc.

Dans le canton de Vaud, quatre places à disposition deux fois deux semaines par année pour chaque famille suffiraient à faire le bonheur d’Albert Barras et des siens. Pour May Bittel et sa mission, il faut pouvoir accueillir entre 30 et 50 attelages. Mais rien n’est impossible pour le charismatique pasteur, qui s’est battu jusqu’au Tribunal fédéral pour faire entendre raison à certaines autorités.

La problématique des gens du voyage en transit, provenant de l’étranger, doit être traitée séparément. Nous y reviendrons dans une prochaine édition.

Isidore Raposo