Le projet d’aire d’accueil au Stand de Floreyres est abandonné. Pour un autre site…
Le projet d’aire d’accueil pour les gens du voyage d’origine suisse, principalement des Yéniches, au Stand de Floreyres est abandonné. Il faut dire que cette tentative a fait un flop, moins en raison de l’indignation soulevée dans le voisinage que par le manque de fréquentation. En effet, les utilisateurs intéressés jugeaient le site inadéquat. Mais la Municipalité yverdonnoise va sans doute leur en proposer un autre.
Il y a une dizaine de jours, la Municipalité a informé les voisins du Stand de Floreyres, par leur porte-parole, que l’initiative ne serait pas renouvelée. Cette annonce a bien évidemment suscité un soulagement, particulièrement dans la copropriété voisine de l’aire d’accueil provisoire.
Un autre lieu à l’étude
Cela dit, s’il renonce à ce site, l’Exécutif yverdonnois ne ferme pas la porte. En effet, dans la même missive, il explique qu’un groupe de travail a été constitué pour «étudier des solutions d’accueil alternatives et durables sur l’ensemble du territoire communal, en tenant compte des expériences précédentes et des besoins de chacun».
Une perspective que confirme le municipal Christian Weiler, en charge du dossier: «C’est vrai, mais je ne peux rien dire d’autre, car la Municipalité doit prendre une décision mercredi.» Et de préciser que pour être renouvelée, l’expérience du Stand de Floreyres aurait nécessité une mise à l’enquête publique, avec la certitude de provoquer un tollé.
Il est donc plus que probable qu’un site a déjà été envisagé. Reste à obtenir l’aval de l’Exécutif, ce qui ne saurait tarder. En effet, après la pause hivernale, les gens du voyage se mettent en route début mars.
Crime contre l’humanité
Il faut encore préciser que les gens du voyage indigènes ont été reconnus comme une communauté du pays il y a passablement de temps déjà, et que la semaine dernière, le Conseil fédéral a admis sa responsabilité dans l’enlèvement de nombreux enfants dont les parents, au début du siècle dernier, étaient considérés comme des vagabonds. Le gouvernement a reconnu «un crime contre l’humanité».
Dans ces circonstances, les autorités doivent tout mettre en œuvre pour réparer, un tant soit peu, le mal fait à cette communauté.
«Nous apprécions cette reconnaissance. Adolf Ogi s’était déjà excusé au début des années nonante. Maintenant, nous attendons des actes. Par exemple, qu’on nous laisse séjourner deux ou trois semaines sur un terrain communal sans nous chasser», explique Albert Barras, qui fait autorité dans la communauté Yéniche de Suisse.
Deux sites potentiels
Pour revenir à Yverdon-les-Bains, les autorités, représentées sur le terrain par le premier-lieutenant Perrin, ont proposé un site sur l’aire de stationnement des Grèves de Clendy (accès à la plage). Selon Marius Gerzner, représentant de la communauté Yéniche dans le canton de Vaud, ce site à l’inconvénient d’occuper des places de stationnement, avec le risque d’incommoder les utilisateurs et le voisinage.
Il a proposé, et visité avec l’officier de police, un autre site disposant des infrastructures nécessaires, non loin du lac, à ses yeux moins problématique, et pouvant accueillir une dizaine de caravanes.
Pas de tolérance hors place officielle
«Nous n’avons pas de problèmes avec les Yéniches. Cela se passe généralement bien. Mais avec les gens du voyage venant de l’étranger, c’est autre chose. Nous allons être fermes, c’est tolérance zéro», explique Laurent Curchod, délégué à la coordination et médiateur pour les gens du voyage.
Les gens du voyage venant de l’étranger ont une quarantaine de places à disposition à Rennaz, près du Centre de police. C’est la seule place officielle. Mais la Ville de Lausanne, même si elle n’a pas communiqué sur le sujet, a également prévu un site de même capacité.
Par contre, Yverdon-les-Bains a clairement manifesté son refus d’accueillir des gens du voyage étrangers.
Afin de prévenir des incidents tels que ceux enregistrés l’an dernier, le médiateur a eu des contacts avec les communautés des gens du voyage de l’étranger: «Ils connaissent les conditions. S’ils s’établissent hors les sites prévus, ils seront dénoncés pour violation de domicile et d’autres infractions potentielles», précise Laurent Curchod.
L’an dernier, plus de 150 amendes à 300 ou 500 francs ont été distribuées, avec les frais en prime.
En vertu des accords bilatéraux, les gens du voyage étrangers peuvent entrer en Suisse. «Mais on n’a pas l’obligation de les accueillir», conclut le médiateur.