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«Aller au-delà des partis, pour l’intérêt commun»
© Michel Duperrex

«Aller au-delà des partis, pour l’intérêt commun»

15 octobre 2020

Christophe Loperetti a rejoint les Vert’Libéraux cet été, après avoir quitté le PS. Le «lanceur d’alerte» veut désormais aller de l’avant et aider son nouveau parti à se développer sur le plan communal.

 

Le nom de Christophe Loperetti était partout dans les journaux cet été, puisque le conseiller communal est à la base des révélations concernant le Service jeunesse et cohésion sociale. Il est en effet l’homme qui a fait part en premier des soupçons portés contre le fonctionnaire communal accusé de harcèlement. Passé chez les Vert’Libéraux, l’ancien Socialiste regarde vers l’avant et prépare les élections communales de mars. A ce titre, il a accepté l’idée d’une interview avec un message clair: retrouver le calme et faire en sorte qu’Yverdon sorte des débats stériles. «La priorité aujourd’hui, c’est de penser à l’intérêt commun, celui de la ville», nous a-t-il confié en préambule à la rencontre.

 

Déjà, pourquoi avoir choisi les Vert’Libéraux après votre départ du PS? Il y a d’autres partis sur la place yverdonnoise, plus puissants…

Pour l’aspect écologique en premier lieu. Cet aspect me manquait au Parti socialiste. Et comme les Verts ne m’intéressent pas, pour diverses raisons, les Vert’Libéraux étaient un choix logique. C’est un parti jeune, progressiste, et je pense que c’est ce dont on a besoin aujourd’hui au sein de cette politique yverdonnoise qui est ancrée dans les clivages gauche-droite, ceux des partis traditionnels. Je pense qu’on a besoin de partir sur une nouvelle politique, de quelque chose de plus constructif. Le Parti vert’libéral, en n’étant ni à gauche ni à droite, permet d’accéder à ça.

Et le fait que la section soit petite vous offre plus de liberté, du coup?

C’est vrai qu’elle compte peu de monde pour l’instant. La section est d’ailleurs en phase de construction à Yverdon. Cela permet encore plus d’ouverture et c’est ce que j’ai trouvé intéressant. Mon but, c’est vraiment d’avoir une politique constructive, comme quand je me suis allié avec Ruben Ramchurn, qui vient d’un autre parti que le mien, dans l’affaire qui a agité Yverdon ces dernières semaines. On n’a pas pensé à l’étiquette, mais on a œuvré pour l’intérêt commun. Au dernier Conseil, pour les pistes cyclables, on s’est alliés avec l’UDC. Là aussi on est allés au-delà des partis.

Vous voyez donc les Vert’Libéraux comme le parti qui peut faire basculer une décision d’un côté ou de l’autre?

C’est exactement ça. On veut passer outre les clivages et nous intéresser à la Ville et à son développement.

Mais pour jouer ce rôle de médiateur, il faut des élus… Avez-vous déjà une idée du nombre de conseillers communaux que vous aimeriez arriver à faire élire?

Il nous reste peu de temps. On est à l’aube des élections, c’est sûr. Mais comme il s’agit d’un parti qui est dans l’air du temps, progressiste, on n’aura aucune difficulté à trouver des membres motivés. On vise une trentaine de personnes sur notre liste pour le Conseil communal et je pense que d’ici novembre on aura facilement atteint ce chiffre.

Et pour la Municipalité? Lancer un candidat vous permettrait de gagner en visibilité, non?

Pour le moment, c’est en négociation. On est encore dans l’attente de l’évolution. Pour ma part, c’est à titre tout à fait personnel, je pense que ce serait une bonne idée, mais ce n’est pas encore l’avis du parti. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant.

Vous êtes trois à avoir quitté le PS pour les Vert’Libéraux cette année, puisque Gildo Dall’Aglio et Thierry Gaberell ont fait le même choix que vous. Y a-t-il eu de la méfiance de la part de vos nouveaux collègues? Ou avez-vous été accueillis chaleureusement?

Très. J’ai été accueilli en premier par la conseillère nationale Isabelle Chevalley, qui m’a très bien reçu. C’est une personne qui m’a beaucoup plu, ce qui m’a aidé pour mon choix. Ensuite, dans la section yverdonnoise, j’ai été bien accueilli. Quand je suis arrivé on était en pleine construction du comité, ça se passe très bien. Je n’ai senti aucune réticence, au contraire.

Vous étiez-vous concertés les trois?

Absolument pas. J’ai croisé Gildo Dall’Aglio qui m’a dit: « Ah tu vas chez les Vert’Libéraux, c’est drôle, on a eu la même idée!». Et on s’est revus du coup à l’assemblée générale des Vert’Lib un peu plus tard.

Depuis combien de temps étiez-vous au PS?

J’y étais depuis trois ans environ.

Les Vert’Libéraux existaient déjà à l’époque… Pourquoi avoir choisi le PS à ce moment si les Vert’Libéraux correspondent tellement à vos valeurs?

Quand je me suis engagé en politique, c’est vrai que je n’y connaissais pas grand-chose. Je me suis tourné vers le parti qui me parlait le plus au niveau des valeurs. Le social, l’humanitaire, l’attention accordée à l’être humain… Je me suis rendu compte par la suite que ce n’était pas ce que j’imaginais, mais à la base c’est ce qui m’a séduit.

Votre nom est sorti à de multiples reprises dans la presse ces dernières semaines, pas toujours en bien… Comment l’avez-vous vécu?

C’est assez drôle, parce que finalement certaines personnes m’ont remercié, m’ont dit bravo pour ce que j’avais fait. Il y en a d’autres avec qui ça s’est moins bien passé, on s’est même fait traiter de hyènes à la télévision… Je pense qu’il faut se détacher. Heureusement, c’est quelque chose que j’ai appris au cours de ma vie. Si on veut pouvoir avancer, il ne faut pas le prendre personnellement et réussir à le voir d’une position «méta». C’est ça la politique. Du moment que notre nom apparaît, il ne faut pas le prendre personnellement, sinon on se fait bouffer.

Y-a-t-il eu des répercussions sur le plan personnel ou professionnel en tant qu’éducateur social?

Non, pas pour l’instant. Après, je ne sais pas comment ça va se passer plus tard. Je ne l’espère bien sûr pas.

Vous avez 33 ans, vous êtes conseiller communal de la deuxième plus grande ville du Canton, cela peut donner des idées… Avez-vous planifié une carrière politique?

Je n’y ai jamais vraiment pensé. Mon but a toujours été de m’impliquer pour ma ville. Maintenant, je me rends compte que la politique touche tous les niveaux et que pour faire passer ses valeurs, il y a quelque chose à faire que ce soit au niveau professionnel ou politique au niveau national, même s’il n’y a rien de prévu pour l’instant. On verra ce que l’avenir nous réserve.

Les Vert’Libéraux sont un jeune parti, c’est vrai, mais cela fait un moment qu’il peine à décoller. Est-ce vraiment le parti de demain, au fond?

Je le pense clairement. Ce qui manquait, c’était surtout le marketing, qui est en train de se développer. Il y a peut-être eu une petite timidité au début, mais avec les bonnes personnes au bon endroit, comme c’est le cas aujourd’hui, on peut décoller. C’était comme un diesel, je dirais. Là, on a démarré (sourires).

Tim Guillemin