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Anarchie à la gare d’Yverdon après le déraillement

28 avril 2015

Yverdon-les-Bains – Les voyageurs ont dû prendre leur mal en patience, hier matin, dans la Cité thermale suite au déraillement survenu à Daillens. Prise de température avant l’arrivée des bus de remplacement.

Les bus de remplacement ont été pris d’assaut par les voyageurs, hier en début de matinée. © Michel Duperrex

Les bus de remplacement ont été pris d’assaut par les voyageurs, hier en début de matinée.

Hier, 6h30. La gare d’Yverdon-les-Bains, encore plongée dans l’obscurité, est douchée par une pluie conséquente. Un climat dont se seraient sans doute passés les travailleurs, en route pour une nouvelle semaine, qui commencent à affluer sous leurs parapluies. Malheureusement pour eux, la météo capricieuse n’est pas la seule mauvaise nouvelle du moment. Comme l’indiquent les panneaux d’affichage, les trains à destination de Lausanne sont supprimés. Cette conséquence du déraillement d’un train de marchandises survenu samedi, au petit matin, à Daillens, laisse certains usagers perplexes, à l’image d’un jeune homme au téléphone sur le quai. «Ils prévoient que le bus arrive à 8h. Ils sont drôles quand même», commente-t-il. Non loin de lui, un employé des CFF renseigne des pendulaires. «Il y a un bus direct jusqu’à Cossonay. Les départs sont prévus toutes les heures», indique-t-il à une voyageuse. Valérie va justement utiliser ce moyen de transport, puis le train régional jusqu’à Lausanne, où elle officie comme technicienne en analyses biomédicales. «Je suis partie une demi-heure plus tôt de chez moi pour arriver en retard au travail, constate-t-elle, tout en tenant à saluer l’alternative proposée par les CFF. «C’est une chance que cela soit arrivé en Suisse. Dans d’autres pays, il aurait fallu se débrouiller soi-même», pense-t-elle.

Mieux que la voiture

A l’image de bon nombre d’autres usagers, Salvatore a appris les chamboulements occasionnés par l’accident de Daillens aux informations. «J’ai appelé le 0900 300 300 (le Rail Service des CFF, ndlr.), où l’on m’a dit qu’il y aurait des navettes et que le retard sur l’horaire habituel serait d’environ 30 minutes», déclare ce fonctionnaire se rendant à Genève. La Cité de Calvin est aussi le point de chute de Delphine, une conseillère aux études domiciliée sur la Commune de Sainte- Croix. Malgré le contretemps programmé, pas question, pour elle, de prendre la voiture, car «c’est trop compliqué de parquer à Genève».

Une marée de pendulaires

D’abord de dimension confidentielle, le groupe attendant les transports publics le long de la place de la Gare, sous l’abri traditionnellement réservé aux clients des taxis, a grossi au fil de l’arrivée des correspondances. Les employés des CFF doivent faire face à des mécontents, dont Raquel. «On m’a dit qu’il y aurait un bus ici à 7h et je ne vois toujours rien. Personne ne nous communique rien du tout. Cela dure depuis samedi. On est en Suisse, on paie beaucoup», s’indigne cette garde d’enfants.

D’autres usagers, la plupart des gens rencontrés, en somme, semblent moins affectés: «Au pire, on loupera le début des cours», déclarent Marion et Romane, respectivement étudiantes à la Haute école pédagogique (HEP) et en apprentissage.

La foule massée sous le couvert pour s’abriter de la pluie se met bientôt en mouvement, comme aimantée par les portières des bus qui se présentent. Aux alentours de 7h45, la majorité des voyageurs est entrée dans l’un de ces véhicules d’appoint. Les passagers restés sur place pianottent sur leur écran tactile ou passent un coup de téléphone, sans doute pour signaler leur retard. A 8h15, les traces de cette effervescence passagère ont disparu. Pour l’heure, impossible de dire combien de temps durera encore la valse des pendulaires.

 

Des perturbations à prévoir ces prochains jours

Il était toujours impossible de déterminer, hier, dans quel délai un retour à la normale pourrait être envisagé pour les pendulaires touchés par les répercussions de l’accident ferroviaire survenu, samedi, à Daillens. «Il faut compter avec un prolongement du temps de parcours de 30 à 60 minutes», précise Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Il signale que ce délai a encore été augmenté de manière significative, hier matin, au départ d’Yverdon-les-Bains, en raison d’un accident sur l’autoroute. Il remercie les usagers pour leur patience et renvoie à l’adresse www.cff.ch/166 pour tout renseignement. A noter que les gares d’Eclepens et de La Sarraz sont ouvertes au trafic. Des bus permettent d’établir la jonction avec Cossonay depuis celles-ci. Ce même moyen de transport est toujours en vigueur entre Yverdon-les-Bains et Cossonay, les trains régionaux prenant ensuite le relais.

La Police cantonale vaudoise signale, en outre, que «l’accès routier à Eclépens, via Daillens, reste fermé. Quant aux entreprises situées aux environs du lieu du sinistre, elles ont pu reprendre leurs activités hier matin». Les opérations de transvasage des substances chimiques se poursuivaient hier après-midi, alors que les opérations de relevage des wagons devaient débuter la nuit passée.

 

© Michel Duperrex«Je n’étais pas au courant de la situation. Si j’avais su, je me serais déplacé en moto avec mon collègue.»

Kaladji, cuisinier

 

© Michel Duperrex«J’aurais apprécié une meilleure communication de la part des CFF. Il s’agit selon moi d’une question de respect.»

Jon, directeur d’école privée

Ludovic Pillonel