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Anne Cuneo a été distinguée par la France

8 mars 2013

La journaliste et écrivaine a reçu, mercredi à Berne, le titre de commandeur de l’Ordre national du mérite. Une reconnaissance de la France qui réjouit son éditeur urbigène Bernard Campiche.

Anne Cuneo et ses deux éditeurs, Bernard Campiche (à g) et Ricco Bilger.

«C’est le seul auteur que j’ai contacté, par téléphone. C’était en 1988 ou 1989. Elle m’a répondu qu’elle n’avait rien à publier. Et puis un jour elle m’a dit: j’ai un truc, c’est du théâtre…» Bernard Campiche, l’un des rares éditeurs indépendants de Suisse romande, se souvient très bien de ses premiers contacts avec Anne Cuneo, journaliste et écrivaine, une femme dont il admire la persévérance.

Le titre de commandeur de l’Ordre national du mérite, qui lui a été remis, mercredi soir, par l’ambassadeur de France à Berne, Michel Duclos, vient, trois ans après avoir été nommée Chevalier des arts et des lettres, conforter une reconnaissance tardive, mais combien méritée, de cette fille d’immigrés italiens, née à Paris, puis, au décès de son père, confiée à des orphelinats religieux en Italie et en Suisse. Car la France a longtemps ignoré cette écrivaine de talent, passée maître dans l’art de la narration.

«Pas de la littérature»

«Au début, elle a été complètement snobée. Les Français disaient que ce n’était pas de la littérature. Maintenant, elle est partout. Elle est reconnue dans tous les milieux. C’est le résultat d’un énorme boulot», explique Bernard Campiche.

De «Station Victoria», un livre inspiré par son séjour à Londres -elle parle parfaitement l’anglais-, à «La Tempête des heures», qui vient de paraître, Anne Cuneo a conduit une double carrière de journaliste et d’écrivaine. Elle a travaillé de très longues années, à Zurich, pour la Télévision Suisse Romande et sa grande soeur suisse alémanique (DRS). Cette activité lui a permis d’assumer ses besoins quotidiens et d’avoir l’esprit plus libre pour l’écriture.

Elle aurait très bien pu faire carrière dans le cinéma, domaine d’activité dans lequel elle a aussi oeuvré comme scénariste et réalisatrice.

Femme courtoise

Anne Cuneo, c’est un solide caractère, forgé au cours d’une enfance où rien ne lui a été épargné. Elle entretien des liens privilégiés avec son éditeur romand, dont elle est l’écrivaine-phare. «Elle a toujours été d’une courtoisie totale à mon égard», relève Bernard Campiche.

On ne commande pas un livre à Anne Cuneo. «En général, c’est elle qui dit. Elle prévient qu’elle a un projet en cours. Je connais souvent le sujet, mais je ne vois rien avant le manuscrit final», ajoute Bernard Campiche.

Il faut dire que les romans d’Anne Cuneo sont véritablement ciselés. Qu’il s’agisse de procédures ou de processus, elle vérifie tout, en véritable journaliste. Et puis elle soumet les passages «techniques» à l’analyse des spécialistes, à un médecin par exemple lorsque cela touche à la médecine.

Elle n’a pas travaillé autrement pour son dernier livre, «La tempête des heures», qui vient de paraître aux Editions Campiche. Ce roman historique a pour décor le «Schauspielhaus» de Zurich, durant la Seconde guerre mondiale.

Une «artiste plurielle»

«Anne Cuneo est une figure importante de la scène littéraire romande, qui fait rayonner largement la francophonie au-delà des frontières», et aussi «une artiste plurielle», relève Michel Tarpinian, conseiller culturel à l’Ambassade de France en Suisse, faisant allusion aux pièces de théâtre qu’elle a écrites et à son activité dans le cinéma. Rappelons que la Compagnie du Clédar, en 2005 au Sentier, avait créé «Rencontre avec Hamlet», d’Anne Cuneo, dans ce qui est aujourd’hui «Le Petit Globe», implanté aux Rives du Lac, à Yverdon.

 

Isidore Raposo