Athlétisme – Blessée aux deux talons l’été passé, Elodie Jakob a effectué son retour à la compétition au cours des Championnats de Suisse, le week-end dernier. L’heptathlète yverdonnoise de 23 ans s’est alignée dans deux disciplines, avec des résultats encourageants et sans douleur. De quoi lui redonner le sourire.
Une année. C’est le temps, précisément, qu’il a fallu à Elodie Jakob pour retrouver la compétition. Le week-end dernier, à l’occasion des Championnats de Suisse disputés à Zurich, l’heptathlète s’est présentée au concours du javelot et à celui du 100m haies. Tout comme douze mois plus tôt quand, malgré les douleurs à ses talons, elle avait participé à la compétition nationale à Genève. Entre deux, une longue période de pause, de souffrance, de rééducation et de doutes.
«Pouvoir reconcourir, c’était quelque chose d’important à mes yeux. Cela m’a permis de rompre avec cette longue séquence, insiste l’Yverdonnoise de 23 ans. C’est d’autant plus réjouissant que j’ai pu évoluer sans la moindre douleur.»
L’été passé, elle avait dû interrompre sa saison pour soigner une rupture du tendon d’Achille. Plutôt que l’opération, la sportive a, de concert avec les spécialistes, choisi de laisser la nature (re)faire les choses. Elle a pu reprendre progressivement les exercices après trois mois d’arrêt total. Elodie Jakob a pourtant à nouveau été freinée en avril dernier, quand elle a dû subir des injections pour évacuer le liquide qui la faisait souffrir. Depuis lors, la triple championne nationale de 2015 (au javelot, et en heptathlon élite et M23) n’a plus mal et a pu reprendre un entraînement plus complet. «En compétition, on s’investit plus. C’est pourquoi, en participant aux Championnats de Suisse, face à une concurrence de qualité, j’ai pu tester comment mon corps réagit, explique l’athlète de l’USY. Les nouvelles sont bonnes, j’espère pouvoir recommencer les sauts et ce qui concerne l’explosivité. Je dois en discuter avec ma physiothérapeute. Je sais que même si je n’ai pas eu de douleurs, cela ne signifie pas forcément que je peux déjà tout faire.»
Car même si elle a fini 4e du 100m haies (14’’25) et 6e au javelot (43m28) au Letzigrund, l’Yverdonnoise reste encore loin de ce qu’elle peut donner. Il lui manque de la vitesse, avant tout. Ce que la revenante n’a pas pu travailler jusqu’ici. Ce qui lui permettra, aussi, de se réaligner en heptathlon.
Alors qu’elle était forcément un peu stressée sur le tartan zurichois -ce d’autant plus qu’il y a eu deux faux départs lors de sa première série-, le plaisir a rapidement pris le dessus. «Voir un chrono au bout d’une course, ça fait du bien», lâche-t-elle, avant de se remémorer les moments difficiles de sa rééducation : «Il m’est arrivé de vouloir tout arrêter. Puis, quand j’ai pu reprendre des exercices qui ressemblaient à de l’athlétisme, je me suis souvenue que c’est ce que j’aime faire. J’ai trouvé la motivation de poursuivre.»
Tandis qu’elle entend s’aligner aux Championnats de Suisse multiples à Payerne, à la fin août, pour à nouveau enchaîner les disciplines, Elodie Jakob savoure son récent retour aux affaires. Finaliste «chocolat» du 100m haies, l’athlète a réalisé «un temps de début de saison». Du temps, justement, elle est prête à en prendre pour revenir au sommet de son art.
L’heptathlon suisse «au niveau mondial»
Le record de Suisse de l’heptathlon vient d’être battu à trois reprises, coup sur coup, par la Lucernoise Géraldine Ruckstuhl (19 ans, deux fois) et par la Seelandaise Caroline Agnou (21 ans), championne d’Europe M23 en titre. C’est pourtant bien la première nommée qui détient le nouveau meilleur total, grâce aux 6357 points obtenus aux Championnats d’Europe d’athlétisme juniors disputés en Italie, où elle a décroché l’argent en fin de semaine dernière. C’est dire le niveau atteint par les Suissesses dans la discipline, à laquelle prend également part la Nyonnaise Ellen Sprunger (record à 6124 points).
Couronnée championne de Suisse de la spécialité en 2015 à Lausanne, Elodie Jakob avait alors obtenu 5803 points. Elle souligne l’excellent encadrement dont bénéficie les deux jeunes nouvelles leaders de la discipline. «Désormais, pour espérer un podium national, il faut être au niveau mondial, se réjouit l’Yverdonnoise. C’est une très bonne chose qu’il y ait une telle concurrence, c’est super motivant.»