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Une année entière sans supermarché

13 septembre 2017 | Edition N°2080

Suscévaz – La famille Kiener a banni les grands magasins durant un an, pour favoriser les commerces de proximité. Retour sur une expérience concluante.

Myriam Kiener a acheté ses fruits et légumes au marché d’Yverdon-les-Bains, accompagnée de deux de ses filles, Sephora (à g.) et Ifélyne. ©Carole Alkabes

Myriam Kiener a acheté ses fruits et légumes au marché d’Yverdon-les-Bains, accompagnée de deux de ses filles, Sephora (à g.) et Ifélyne.

«Tout le monde me disait que c’était impossible, alors j’ai voulu tester», explique Myriam Kiener, habitante de Suscévaz. Du 31 août 2016 au 31 août 2017, cette mère de cinq enfants a décidé de ne plus faire ses courses au supermarché, afin de favoriser les commerces de proximité.

«Avec mon mari, nous avions déjà tenté le coup durant quarante jours, pendant le carême. Comme nous avions encore des stocks provenant de divers supermarchés, cela avait été facile. Alors nous avons décidé de pousser l’expérience plus loin.»

Munie de son chariot à roulettes, la jeune femme de 38 ans a arpenté les enseignes locales et les marchés, sans oublier les ventes directes auprès des agriculteurs de la région. «L’idée était de casser les chaînes de production des grandes enseignes, tout en ayant le maximum de contact avec les producteurs.»

 

Naturels et écologiques

 

Pour les fruits et les légumes, Myriam Kiener s’est rendue au marché, deux fois par semaine. Les produits plus spécifiques, elle les a trouvés à La Ferme d’Yverdon-les-Bains, un magasin favorisant la vente directe de produits fermiers. «C’est agréable de savoir ce que l’on a dans son assiette, raconte-elle. Cette expérience, je l’ai aussi faite par respect pour les gens qui travaillent la terre et qu’on ne rencontre malheureusement jamais dans les supermarchés.»

Si la jeune femme a favorisé les produits bio, il n’a pas toujours été facile d’acheter local. «Quand nous avons eu besoin de matériel pour réparer le cabanon du jardin, nous sommes allés à la quincaillerie de Sainte-Croix, mais les clous venaient tout de même de Chine», explique- t-elle. Pour les produits de ménage, Myriam Kiener a fait face au même problème. «J’ai décidé de commander sur le site Internet suisse Ecovision. Même si ce ne sont pas des produits locaux, ils sont naturels et écologiques. J’ai pu acheter le dentifrice, les couches lavables et le papier toilette !» Grâce à un livre de recettes bio, l’habitante de Suscévaz a même fabriqué ses propres produits d’entretien.

Bien que la jeune maman affiche un sourire des plus sereins, l’aventure n’a pas été de tout repos. «Les mois de mars et d’avril ont été les plus difficiles, car nous mangions souvent la même chose, c’est-à-dire les produits de saison de notre potager, confie-t-elle. Puis, les enfants ont souffert du manque de céréales, de gourmandises et de biscuits dont ils avaient l’habitude !»

 

Favoriser le troc

 

Durant cette année, le site de petites annonces en ligne Anibis a été le meilleur ami de la famille Kiener. «Ma fille de douze ans voulait les dernières baskets de marque à la mode. Nous les lui avons trouvées pour 30 francs en bon état», se réjouit- elle. De cette manière, nous n’avons pas enrichi les grandes marques qui surexploitent les matières premières, tout en faisant des heureux !»

Pas d’huile de palme, moins de sucre, peu d’emballages. Pour Myriam Kiener, la liste des avantages est longue. «Toute la famille a pris de bonnes habitudes. Même si notre aventure est terminée, je compte tout de même me rendre moins souvent au supermarché, conclut-elle. Sauf peut-être pour le chocolat !»

 

Faire des économies en achetant local

 

«Avant, je dépensais 330 francs par mois dans les courses. Aujourd’hui, je n’en dépense plus que que 290», souligne Myriam Kiener, secrétaire à temps partiel. «Comme je travaille à 20%, j’ai le temps de cuisiner, d’aller au marché et de me plier aux horaires parfois strictes des ventes directes chez les producteurs. Acheter local est un réel investissement personnel.»

Lila Erard