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Arnaques au travers d’internet

3 décembre 2019

Les escrocs commandent sous votre identité. L’émission ABE de la RTS évoque un cas de la région.

Rien de plus simple que commander, par un simple click, un objet sur internet. C’est d’ailleurs le principal slogan des grands opérateurs de vente en ligne. Mais l’argument vaut aussi pour les arnaqueurs. A Bon Entendeur (ABE) évoquera le sujet ce soir (20h10)  sur la RTS. En effet, Anne, une habitante de Champagne, a découvert qu’un tiers usurpait son identité pour commander des capsules Nespresso, dont il s’emparait à son insu, lui laissant le soin de régler la facture… Le cas est loin d’être unique. La police a déjà enregistré des dizaines de plaintes.

Souvent en déplacement, Anne a eu la surprise de découvrir dans sa boîte aux lettres une facture pour des capsules Nespresso. Elle s’en est inquiétée, parce qu’elle n’avait rien commandé. Elle a donc pris contact avec le fournisseur, qui lui a confirmé qu’une commande avait été effectuée… et livrée.

D’habitude, elle fait envoyer  le café à l’adresse de son compagnon, dans un autre canton. Finalement, après de longues démarches, la filiale du groupe Nestlé a admis qu’elle était de bonne foi et qu’il y avait un problème. «Ils m’ont envoyé des chocolats en guise de dédommagement. Mais j’ai eu le sentiment qu’ils ne tiennent pas à ce qu’on fasse du bruit avec cette affaire», témoigne la victime.

Et pour cause! Anne n’est que l’une des très nombreuses proies de commandes fallacieuses réalisées par des réseaux bien organisés, basés en France voisine, et qui font appel à des complices sur notre territoire.

Professions libérales

L’arnaque débute par la sélection des victimes, en général de profession libérale, car les sites de vente en ligne font parfois un contrôle de solvabilité. Il suffit ensuite d’effectuer une commande au nom de la victime, et d’intercepter le colis dans sa boîte à lait, ou au lieu de dépôt  de PickPost – souvent un commerce local -, où il suffit de donner le numéro de commande… Depuis cette affaire, le magasin Denner de Champagne exige une pièce d’identité, car Anne a pris soin de remonter la filière.

Ce cas est loin d’être unique. «Nous en avons environ 150 qui ont été annoncés», explique Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la Police cantonale vaudoise. La Police est un peu embarrassée parce que l’usurpation d’identité n’est pas prévue dans le Code pénal suisse. Alors elle ouvre des enquêtes pour escroquerie.

Grands acteurs ciblés

Les cas portés à la connaissance de la police concernent non seulement Nespresso, mais aussi les sites de La Redoute et Zalando. Craignant que ces agissements ne nuisent à leur commerce, les responsables de ces sites font de moins en moins de difficultés pour reprendre les articles qui n’ont pas été commandés par le légitime détenteur de l’identité.

Seule l’identité numérique…

Potentiellement, il y aurait bien une parade: introduire, à l’instar de ce qu’ont fait, entre autres, l’Italie et l’Espagne, l’identité numérique. Mais en Suisse, on n’en est pas encore là, alors que les personnes malveillantes ont trouvé la faille. Qui a dit que le voleur avait toujours un coup d’avance sur le gendarme?

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Trois prénoms pour un même nom!

La responsable du satellite Denner de Champagne évoque également le cas d’un individu, circulant à bord d’une voiture immatriculée dans le Doubs (25), qui s’est présenté pour récupérer trois colis de capsules Nespresso envoyés par PickPost: «Le destinataire avait trois prénoms différents avec le même nom de famille. Cela nous a surpris. Nous lui avons demandé une pièce d’identité. Il est allé à sa voiture et en est revenu avec un vieux permis de conduire français à moitié déchiré, ce qui a renforcé notre méfiance. Nous lui avons demandé une vraie pièce d’identité. Il a dit qu’il reviendrait. Nous ne l’avons jamais revu!» Ces faits, et d’autres éléments utiles à l’enquête, ont été communiqués aux agents de la Police cantonale vaudoise.

Ce modus operandi semble confirmer que les usurpateurs agissent dans les zones proches de la frontière. L’un d’eux a même mandaté un chauffeur Uber pour la prise en charge du colis.

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La Poste assure avoir sécurisé la filière des colis

Même si elle a peu communiqué sur le sujet, La Poste suisse était parfaitement au courant des arnaques. Une pièce d’identité valable est désormais exigée pour le retrait d’un envoi dans un point de PickPost.

Première intéressée au développement du transport des colis, en progression de 7% durant les trois premiers trimestres de cette année – PostLogistics a acheminé 500 000 colis par jour ouvrable -, La Poste assure avoir resserré le contrôle. Selon Nathalie Dérobert Fellay, colis et lettres recommandées ne peuvent plus être retirés que sur présentation d’une pièce d’identité officielle valable. Les membres de la famille du destinataire ayant le même nom et un document d’identification officiel peuvent également venir chercher cet envoi. Il faut préalablement s’être enregistré à PickPost dans le centre clientèle pour obtenir un numéro d’identification. Le destinataire du colis reçoit ensuite une notification par courriel ou par SMS, éléments avec lesquels il est possible de retirer l’envoi. En ce qui concerne les colis déposés dans la boîte à lait, pour ceux qui n’ont pas créé de compte PickPost, les arnaqueurs ont encore le champ libre. D’autant plus que les concurrents de La Poste ne prennent pas autant de précautions.