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«Arrête-moi si tu peux»
Les contrôles sur les routes reliant la vallée de Joux ne devraient pas faiblir. KEYSTONE/Laurent Gillieron

«Arrête-moi si tu peux»

5 février 2025 | Textes: Maude Benoit
Edition N°3885

Le Conseil d’Etat a dû se prononcer sur les moyens mis en place pour lutter contre les quasi-grands prix motorisés sur les routes d’accès à la vallée de Joux.

À l’arrivée de la belle saison, les cols du Marchairuz, du Mollendruz et la Route Blanche (Nyon–Saint-Cergue) qui permettent de se rendre à la vallée de Joux voient leur fréquentation augmenter sensiblement. Empruntés pour profiter des paysages de la Combe vaudoise, ces routes sont également prises d’assaut par les conducteurs, motards ou voitures en recherche de sensations fortes, souvent au péril de leur vie et de celle des autres usagers de la route.

Ainsi, l’interpellation «Combien de temps la vallée de Joux et l’ensemble du Pied du Jura serviront-ils encore de circuit motorisé informel vaudois?» a été déposée le 25 juin 2024. Et le 29 janvier dernier, le Conseil d’État y a répondu.

Un ras-le-bol général

Cette transformation progressive de ces routes sillonnées en Grand Prix motorisé agace et inquiète. À tel point que le Lausannois David Raedler, membre du Grand Conseil vaudois, a déposé cette interpellation avec l’appui de plusieurs codépositaires.

Si le texte reconnaît que le Conseil d’État a déjà pris des mesures en la matière, notamment en 2022 avec la mise en place de marquages au sol visant à réduire les risques d’accidents, il demande maintenant le bilan de cette entreprise. De plus, il demande quels sont les projets de l’organe gouvernemental en matière de surveillance de la vitesse, du bruit et de la conformité des véhicules, mais aussi de prévention et de formation.

Des véhicules en toute illégalité

À la lecture de la réponse du Conseil d’État, Sébastien Cala, député au Grand Conseil issu de l’arrondissement du Jura-Nord vaudois/La Vallée et président du groupe socialiste, réagit ainsi: «Le Conseil d’État a apporté des éléments de réponse à tous les points soulevés. Nous avons pu constater que de nombreuses démarches avaient été entreprises, tant sur le plan du contrôle du bruit que de la vitesse et de la conformité des véhicules. Je suis d’ailleurs très surpris de lire le nombre de véhicules non conformes qui circulent sur ces routes.»

En effet, en 2024, sur les 806 véhicules contrôlés, 290 ont été dénoncés et jugés non conformes, soit un peu plus de 35%. De plus, 44 véhicules ont été saisis et 86 jeux de plaques retirés, car impropres à la circulation.

Encore des comptes à rendre

Concernant le marquage au sol, les études démontrent qu’il n’a pas eu «d’effet significatif sur le bruit». Ainsi, l’organe gouvernemental reconnaît que le dispositif doit être complété par des d’actions de sensibilisation et de répression, voire d’adaptation de la législation. Les contrôles devraient donc s’intensifier sur ces routes sinueuses.

D’autre part, aucun bilan n’existe pour l’heure quant à leur impact sur le nombre d’accidents. Il devrait toutefois  être établi cette année. Le Conseil d’Etat a bon espoir d’y voir des résultats positifs en se basant sur des études étrangères. «Je me réjouis d’avoir ce retour, car le caractère meurtrier de ces routes est un véritable problème», complète Sébastien Cala.

Proactivité soulignée

Après étude des tracés routiers, des mesures de sécurisation des tronçons ont été prises, comme l’abattage des arbres à risques ou l’optimisation des glissières. De plus, le Conseil d’Etat souligne la mise en place de programmes de prévention et de sensibilisation à la conduite sûre, comme les week-ends «Sécurité motards» organisés par le Touring Club Suisse (TCS) et la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR).

Des projets dont se félicite le député, qui tient à «saluer les démarches de la DGMR, tant sur le plan de la prévention, de la formation que de l’aménagement de cols». Toutefois, il relève également que «malheureusement, au regard des chiffres, on n’observe pas d’évolution à la baisse, ce qui est préoccupant».

Et maintenant?

Maintenant que la réponse est tombée, Sébastien Cala adopte une attitude mesurée quant aux prochaines étapes à entreprendre: «Nous allons d’abord nous réunir avec les codépositaires pour voir la suite à donner. Mais il est important de laisser le temps au Conseil d’État de pouvoir mettre en place ses projets et de voir ses résultats», conclut-il.