La milieu de terrain d’Yverdon Sport vient à peine de fêter ses 16 ans et elle impressionne tout le monde, avec une décontraction sidérante. Où se trouvent ses limites?
«Hey les filles, maintenant on fait la fête dans le bus!» Yverdon Sport Féminin vient à peine de s’imposer après une rude bataille dans le froid de Rapperswil samedi dernier que la voix de Noémie Potier se fait entendre, avant même le retour aux vestiaires. A 16 ans, la jeune femme montre déjà un sacré caractère, sur et hors du terrain. Alors qu’YSF galérait face à cette bonne équipe de LNB, c’est elle qui a montré la voie au cœur du jeu, en étant l’une des seules à surnager au cours d’une pauvre première mi-temps et, surtout, en se montrant décisive en deuxième période, marquant elle-même le but du 2-1 et obtenant le penalty du 3-1!
Surtout, il y a cette impression de facilité désarmante, avec ses contrôles orientés soyeux, toujours dans le sens du jeu, ces changements d’appuis secs et efficaces, et une certaine élégance frondeuse balle au pied, quelque part entre détermination et finesse, un mélange rare et détonant. En résumé: Noémie Potier est un phénomène.
«Elle est largement au-dessus. C’est un des plus grands talents que j’aie vu, garçons et filles confondus. C’est exceptionnel», s’enflamme Frédéric Davoli, son entraîneur cette saison en Super League. L’ancien attaquant de 1re ligue a vu passer pas mal de bons joueurs durant sa carrière, mais avoue être bluffé par cette boule d’énergie qui électrise tout le monde autour d’elle. «Sincèrement, j’espère que le club va tout faire pour la garder, tant elle représente l’avenir. Je me doute bien que ça va être difficile, mais si on veut développer le football féminin ici à Yverdon, il faut construire avec elle, et avec des autres talents que l’on a ici bien sûr», continue le technicien.
La jeune joueuse ne s’est jamais cachée d’avoir des ambitions nationales et même au-delà des frontières, au point que, d’après Frédéric Davoli, certaines personnes l’auraient découragée de signer à Yverdon. «On a tout entendu, confirme-t-il. Soi-disant, il ne fallait pas qu’elle joue à Yverdon en LNA, parce qu’on n’allait faire que défendre… On prouve le contraire et elle aussi! Elle s’éclate, elle est titulaire indiscutable, elle fait des matches magnifiques et elle apporte énormément. Elle a la technique, le caractère, elle ne se cache pas. En résumé: super joueuse, super mentalité.»
Sa coéquipière Mirjana Pajovic, de treize ans son aînée, est elle aussi impressionnée. «C’est impossible de croire qu’elle a 16 ans quand on la regarde jouer. Elle vit le match à fond, elle a une grosse personnalité. Quand elle a marqué à Rapperswil, sa joie était géniale, on aurait dit qu’elle avait marqué en finale de Coupe du monde! J’ai rarement vu, pour ne pas dire jamais, une fille qui se démarque autant des autres à 16 ans. Elle me fait penser à Lia Wälti, avec qui j’ai joué en équipe de Suisse et qui est aujourd’hui à Arsenal, pour la vision du jeu et la technique», explique la défenseuse.
Des compliments qui vont évidemment droit au but pour Noémie Potier, qui rêve d’une grande carrière et veut s’en donner les moyens. Mais le meilleur moyen de préparer demain, l’Helvético-Panaméenne le sait, est de vivre à fond l’instant présent, ici à Yverdon. «Tous les jours à l’entraînement, je me donne à fond, notamment pour améliorer ma technique. Je tente un geste et je le refais, et refais encore, jusqu’à ce que je réussisse. J’ai tout ce qu’il me faut ici. Les filles sont super, elles m’ont très bien accueillie. Je m’améliore chaque semaine, j’écoute mes entraîneurs et ma famille aussi.» Un pas après l’autre. Jusqu’où?
Un match très important face à Lugano
Noémie Potier et ses coéquipières s’apprêtent à vivre potentiellement le premier tournant de la saison, samedi à 16h au Stade municipal. Les Yverdonnoises recevront en effet Lugano, qui se trouve un point devant elles. L’occasion, donc, de décrocher la première victoire de la saison et, en même temps, de laisser la dernière place aux Tessinoises! La capitaine Tanja Bodenmann sera là pour mener les troupes au combat, alors qu’Yverdon, statistique paradoxale, a perdu tous ses matches de Super League et gagné tous ceux de Coupe de Suisse cette saison. De là à dire que Frédéric Davoli va demander à ses joueuses d’aborder cette rencontre comme une finale de Coupe, il n’y a qu’un pas…