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Aurore Maeder-Brand s’en est allée après un dernier tour de piste
Aurore Maeder-Brand ©Michel Duperrex

Aurore Maeder-Brand s’en est allée après un dernier tour de piste

6 octobre 2021

Gressy - Alors qu’elle venait de renouer avec sa passion pour le rallye, la navigatrice de 52 ans est décédée vendredi dernier d’un cancer dont elle se savait atteinte depuis trois mois seulement.

Quand elle avait poussé la porte de la rédaction de La Région, en avril dernier, Aurore Maeder-Brand venait de renouer avec sa passion, le rallye, après pratiquement deux décennies de pause. La navigatrice de Gressy avait décidé de reprendre du service au côté du pilote Cyril Henny, avec qui elle avait pris part à une soixantaine de compétitions entre 1992 et 2001. Elle avait évoqué les courses à venir, et les diverses possibilités envisageables en fonction des résultats qui tomberaient. Elle aura finalement tout juste eu le temps de renfiler sa combinaison pour le Rallye du Chablais, en mai dernier. Quelques semaines plus tard, un cancer du foie lui était diagnostiqué. La Nord-Vaudoise de 52 ans s’est éteinte vendredi dernier.

«On n’a rien pu faire, souffle son mari Joël Maeder. Elle a appris le 1er juillet qu’elle était malade et, trois mois plus tard jour pour jour, elle était morte. Après le bon résultat obtenu au Rallye du Chablais, on devait réfléchir si Cyril et elle allaient se présenter avec une voiture plus performante à celui du Valais, fin octobre. Et là, soudain, il n’y a plus rien à quoi réfléchir.» La copilote avait en effet embarqué son conjoint dans l’aventure, lorsqu’elle avait décidé de reprendre le rallye, alors qu’elle ne pratiquait plus sa discipline de prédilection quand le couple s’était rencontré, en 2006.

«Elle était revenue vivre à Gressy après avoir arrêté le rallye. Elle s’était aménagée un appartement dans la maison de ses parents, voisine à la mienne. C’est comme cela que l’on s’est rencontrés, raconte Joël Maeder. Avec son papa, Eric, on était tous deux impliqués dans la vie politique du village. Comme il est socialiste et moi plutôt de droite, on finissait souvent les séances du Conseil chez l’un ou chez l’autre. Et finalement, il a été mon témoin de mariage.»

De leur union est né un fils, Grégoire, aujourd’hui âgé de 13 ans. «Aurore a arrêté son travail à La Poste quand il est venu au monde, pour s’en occuper. Elle était aussi comme une maman pour mes deux aînés, dont j’avais la garde partagée, relève son époux. Elle était toujours souriante, gentille.» «Aurore était une fille très affectueuse, confirme Cosette Brand-Bourgeois, maman de celle qui était surnommée «Schnouky» par son papa. On pouvait compter sur elle. C’était notre fille unique et elle a toujours gardé un œil sur nous. On a vécu des expériences formidables avec elle, notamment quand elle faisait du rallye.»

Terre-à-terre et naturelle

Bricoleuse, Aurore Maeder-Brand avait posé le carrelage et s’était occupée de la peinture dans sa maison, avant de rénover un chalet durant trois ans avec son mari. «Et puis un jour, alors qu’il n’y avait plus grand-chose à faire, elle m’a annoncé qu’elle allait reprendre le rallye. Je lui ai dit ah ouais, quand même… tu es sûre que c’est ce que tu veux vraiment? relate Joël Maeder. Elle était déterminée. Alors j’ai adhéré au projet, et je me suis occupé du côté sponsoring et finances.» Le Nord-Vaudois ne tarit pas d’éloges sur le duo que sa femme et Cyril Henny avaient reformé pour le Rallye du Chablais 2021. «Cyril est un excellent pilote, et tous les deux s’entendaient vraiment bien. Il n’y a qu’à voir le résultat: finir 7es avec cette toute petite voiture, c’était incroyable!»

Et le pilote de Grandson d’abonder: «On était en phase les deux, on avait cette osmose nécessaire pour rouler vite et en sécurité, même lors des épreuves du Championnat du monde, pour lesquelles on n’avait le droit qu’à deux passages pour la prise de notes.» Le binôme s’était rencontré en 1985, au sein d’un groupe d’amis communs. Cyril Henny avait testé plusieurs sports motorisés avant de se tourner vers le rallye. Il avait rapidement proposé à Aurore Maeder-Brand, sa copine d’alors, d’être sa copilote.

«C’était une personne très terre-à-terre, franche et naturelle, souligne-t-il. Elle faisait toujours les choses bien et s’il fallait prendre du temps pour faire quelque chose, elle le prenait.» Et Cyril Henny d’admettre son incompréhension: «On a dû passer un examen médical pour reprendre le rallye, avec un test à l’effort. Tout allait bien, on nous a dit qu’on était les deux bien en forme pour notre âge. Après le Rallye du Chablais, Aurore a eu un coup de fatigue et deux ou trois symptômes particuliers. Les premiers examens n’ont rien donné, il a fallu en réaliser des plus poussés pour trouver ce qu’elle avait. Au début, on attendait les premiers signes d’amélioration. Tout le monde y croyait, on nous demandait ce qu’on allait faire comme rallyes l’année prochaine. Et tout a dégringolé à une vitesse irréaliste…» Un dernier hommage sera rendu à Aurore Maeder-Brand cet après-midi, à 14h, à l’Église de Gressy.

Muriel Ambühl