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Aux bons souvenirs de Chine
© Daniel Heimberger

Aux bons souvenirs de Chine

15 juin 2018 | Edition N°2268

En se classant 12e en Coupe du monde à Wuhan, Guillaume Dutoit a confirmé sa progression. Le jeune plongeur de Vuarrens est allé crescendo dans ses performances durant tout le printemps.

La voie du succès passe par la Chine. Du moins, c’est ce qui semble se dégager inexorablement du parcours de Guillaume Dutoit. Le plongeur de Vuarrens avait passé huit mois et demi dans l’Empire du Milieu, entre 2015 et 2016, au cours de stages qui lui ont permis de faire ses armes dans des conditions uniques. La semaine dernière, c’est à Wuhan que le multiple champion de Suisse a obtenu le meilleur résultat de sa carrière – un 12e rang en Coupe du monde –, le plaçant véritablement parmi l’élite mondiale à 3m.

«J’espérais simplement pouvoir disputer la demi-finale (top 18) et, finalement, j’ai même pu accéder à la finale, se réjouit le sportif de 22 ans. Ça s’est révélé être une excellente expérience. Pour réussir à bien plonger en finale, je pense qu’il est nécessaire d’en avoir déjà connu au moins une avant. La pression, au sommet du plongeoir, est assez intense.» Le cap est désormais franchi.

Une participation aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, constitue toujours le moteur de Guillaume Dutoit. Et le jeune homme est sur la bonne voie. Il a pu mesurer sa progression durant le printemps: d’abord en terminant deux fois 4e en avril en Ukraine (3m et 3m synchro) bien qu’il était malade, ce qui lui a permis de définitivement valider son ticket pour les Championnats d’Europe et la Coupe du monde; puis en se hissant en demi-finale (7e) en mai au Canada, où il a pu tester avec succès un saut – le quatre et demi avant groupé – qui lui causait quelques soucis; et enfin en rivalisant avec l’élite mondiale en Chine début juin, un parfait indicateur de son niveau actuel.

Il s’est fait un nom

«Avec Tokyo dans le viseur, il est hyper important de pouvoir me situer, relève-t-il. Juste après les Jeux de Rio (ndlr: auxquels il n’avait pas participé, manquant de peu sa qualification), je soutenais qu’il était important pour moi de me faire un nom dans le milieu. Depuis, j’ai pu montrer à l’international que je peux réaliser de belle manière des plongeons avec des grosses difficultés et, aujourd’hui, je fais gentiment partie de la liste des hommes que les autres surveillent quand c’est à mon tour de m’élancer.» Un statut à consolider dès les prochains Championnats d’Europe, en août, à Edimbourg.

Ambitions, avenir et besoins financiers

Chaque jour, Guillaume Dutoit passe, en deux allers-retours, entre trois et quatre heures sur la route pour se rendre à ses entraînements à la piscine de Mon-Repos, à Lausanne. Une perte de temps pas idéale pour un sportif de haut niveau. Sans parler du fait que cela ne facilite pas la récupération, importante lorsqu’on pratique entre quatre et cinq heures quotidiennement.

Par ailleurs, le plongeur de Vuarrens va commencer, en septembre prochain, une école de massage. Un premier pas avant, dans quelques années, de poursuivre son cursus pour devenir physiothérapeute.

Deux facteurs qui font que le sportif du Gros-de-Vaud cherche à s’installer à Lausanne assez rapidement, afin d’optimiser son programme journalier. «Forcément, une fois que je serai loin du domicile parental, cela va me coûter plus cher et me contraindra à trouver un petit job», explique celui qui détient les papiers pour officier au sein d’un fitness. A cela s’ajoute le fait que, dès l’an prochain, dans l’optique d’une qualification pour les JO de Tokyo 2020, Guillaume Dutoit prévoit d’augmenter sa charge d’entraînement, ainsi que de participer à plus de camps de préparation et de compétitions. «Je vais devoir trouver plus de soutien financier. J’espère que mon 12e rang obtenu en Coupe du monde en Chine m’aidera en ce sens.» Ceci, sachant que son budget purement sportif pour la saison en cours s’élève à quelque 20 000 francs. Un montant qu’il faudra considérablement revoir à la hausse pour aller au bout du rêve olympique.

Manuel Gremion