«Avoir 100 ans? Je n’y pense pas!»
14 février 2025 | Textes: Maude Benoit | Photos: Michel DuperrexEdition N°3892
Un siècle d’altruisme, d’activités physiques et d’amour du règne végétal, ou comment décrire la vie de Suzanne Thomet qui vient de fêter son centième anniversaire.
Un grand sourire, les yeux pétillants et entourée de sa famille, Suzanne Thomet a fêté ses 100 ans hier, à l’EMS Le Château à Corcelles-près-Concise où elle réside. Son domicile, en revanche, est toujours à Chamblon, le village où elle a passé sa vie. Entourée de ses enfants, des représentants de la Municipalité chamblonnoise, à savoir le syndic Max Holzer, le vice-syndic Blaise Nicole et le municipal Jonathan Marendaz, ainsi que le préfet Fabrice de Icco, elle a passé ce cap, flûte de champagne à la main dans un décor de Saint-Valentin.
En effet, sur la table étaient dispersés des pétales de rose qui ne font pas seulement écho à la fête des amoureux, mais surtout à la passion de la centenaire pour les fleurs et les plantes qui a marqué sa vie. Une existence qui a été retracée lors de cet événement grâce à ses enfants, au travers d’un discours et d’une présentation photographique.
L’amour des autres
Ayant grandi dans la ferme du château de Chamblon, Suzanne Thomet, née Besson, a vécu toute son enfance, toute sa jeunesse et toute sa vie dans ce village. Après l’école, elle fait l’école ménagère à Yverdon et part quelque temps en Suisse alémanique, dans les cantons de Bâle et Berne comme jeune fille au pair où elle s’occupe de jeunes enfants. Prendre soin des autres, c’est comme une seconde nature. En effet, sa mère étant décédée jeune, Suzanne Thomet s’occupe alors de ses quatre frères et sœurs. Et pendant la guerre, elle fait la cuisine pour les jeunes gens venus d’outre-Sarine dans le cadre du plan Wahlen.
La vie à la ferme
«Tombée amoureuse d’un militaire», comme le décrit sa fille Christiane, Suzanne se marie avec Pierre Thomet. Ensemble, ils ont trois enfants. Fermiers à Chamblon, il y avait toujours du monde sur le domaine. En effet, avant la mécanisation, comme l’explique son fils Pierre, prénommé comme son père, il fallait du monde pour travailler dans les champs. Suzanne cuisinait chaque jour pour dix à quinze personnes et tenant le ménage, elle recevait comme il se doit les nombreux amis de son mari.
Protectrice de la nature et des jeunes pousses
Durant toute sa vie, Suzanne Thomet a fait du milieu végétal son refuge et passait beaucoup de temps dans son jardin potager. Un jardin dans lequel elle n’a jamais utilisé de pesticide ou d’herbicide ayant la fibre écologique. Et son savoir végétal, elle aimait le transmettre, notamment à la fille de l’une des collaboratrices de l’EMS avec qui elle allait se promener en lui apprenant le nom des fleurs. Encore aujourd’hui, sa mémoire ne lui fait jamais défaut quand il s’agit de nommer des noms de fleurs. De nombreux bouquets lui ont d’ailleurs été offerts à cette occasion.
Un soin apporté aux plantes qu’elle a naturellement reporté sur ses frères et sœurs, ses trois enfants, ses cinq petits-enfants et ses sept arrière-petits-enfants. Et en retour, tous les membres de sa famille viennent souvent la trouver. Ainsi, elle s’enquiert toujours des dernières nouvelles les concernant. Certains étant absents en ce jour d’anniversaire, ils lui ont envoyé leurs meilleurs vœux d’anniversaire depuis l’île Maurice en vidéo.
Une centenaire bien fêtée
C’était la fête à l’EMS ! L’après-midi, un apéritif avec tous les résidents était mis sur pied, tandis qu’une journée d’anniversaire sera organisée durant le week-end avec toute la famille. Ainsi, même si selon ses proches Suzanne Thomet n’a jamais vraiment apprécié fêter ses 70 ou 80 ans, n’aimant pas être au centre de l’attention, elle méritait bien une journée spéciale pour un tel jubilé. Et quand on lui demande ce que ça fait d’avoir 100 ans, elle répond humblement, mais toujours avec un grand sourire, «Je n’y pense pas!».
Et d’autres anecdotes
Adepte de chant, elle faisait partie des chœurs mixtes d’Yverdon — nommé La Récréation — et de Chamblon. Mais le saviez-vous? Suzanne Thomet a fait du théâtre dans sa jeunesse. Son fils Pierre a confié son petit secret pour apprendre ses rôles sans perdre de temps. En rentrant à vélo depuis Yverdon-les-Bains, où elle travaillait comme assistante dentaire, elle profitait de la remontée à Chamblon pour apprendre ses répliques tout en poussant son vélo.
Et le vélo n’était pas la seule activité physique qu’elle pratiquait. Adepte de randonnée et de sortie en plein air, il était rare de ne pas la croiser dehors en train de jardiner. Une activité physique qui l’a maintenue en bonne santé toute sa vie durant. Ce n’est qu’à partir de la retraite que Suzanne Thomet a possédé une télévision, peut-être pour prendre le temps de se reposer. Mais pas trop longtemps, il faut ensuite aller s’occuper du potager !