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Badile Lubamba avait tout prédit
© Carole Alkabes

Badile Lubamba avait tout prédit

2 mai 2018
Edition N°2238

L’ancien joueur de l’équipe de Suisse est venu raconter à Yverdon-les-Bains comment il vient en aide aux enfants de son pays d’origine, la République démocratique du Congo.

Littéralement parachuté en Suisse au début des années 1980, alors qu’il n’avait que 6 ans, Badile Lubamba a tout un tas d’anecdotes à partager sur son incroyable parcours. «A mon âge, je n’avais évidemment pas choisi moi-même de quitter mon pays. Je ne voulais pas partir et me souviens que dans l’avion, j’étais en train de pleurer. Je ne savais pas où je me rendais, a raconté celui qui est né à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Malheureusement, je suis arrivé en Suisse en plein hiver!» L’adaptation à sa terre d’adoption est notamment passée par le football, dans les hauts de Lausanne. Puis, quelques années plus tard, celui qui a ensuite grandi à Avenches est devenu le premier joueur de couleur à porter le maillot de la Nati lors d’un match officiel.

Destin gravé

Hier, l’ancien latéral du Lausanne-Sports, de Sion, de Neuchâtel Xamax et de Troyes, en France – entre autres – était l’invité du Club des 1000, au Restaurant de la Plage d’Yverdon-les-Bains. Désormais à la tête de la Fondation Badile Lubamba – «nommée ainsi en hommage à ma grand-mère, dont j’ai hérité du nom, ainsi qu’aux femmes», a-t-il insisté –, l’ancien footballeur a évoqué avec bonhomie et entrain son parcours et les projets en cours, devant les membres du club-service soutenant Yverdon Sport.

Badile Lubamba est un homme dont le destin était gravé au plus profond de son cœur et de son esprit. «A 10 ans, alors qu’une institutrice m’avait giflé, j’avais alors rétorqué qu’un jour je serais footballeur professionnel et qu’elle me verrait jouer à la télévision, a révélé celui qui avait déjà tout prévu, tout prédit. Une poignée d’années plus tard, j’ai reçu une lettre de l’enseignante en question, qui m’a écrit qu’elle était au bord des larmes devant son écran en train de me regarder.»

Adolescent, et alors qu’il n’avait encore jamais remis les pieds en République démocratique du Congo, le jeune homme affirmait aussi qu’un jour, il viendrait en aide aux enfants de son pays d’origine. Ces rêves d’enfant, le quadragénaire les a aujourd’hui tous exaucés.

Le sport pour contribuer au développement

Badile Lubamba l’a répété à plusieurs reprises, la République démocratique du Congo dispose «d’énormément de richesses». Mais rien n’est simple de ce grand pays situé au cœur de l’Afrique. L’ex-footballeur, qui «passe pour un blanc» là-bas, est à la tête d’une fondation dont les idéaux sont à la fois sociaux, environnementaux et culturels.

En janvier prochain, le Lucensois espère inaugurer un centre sportif sur le vaste terrain qu’il a pu acquérir en 2010, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale congolaise. «On ne cherche pas à faire des sportifs d’élite, mais simplement à soutenir la jeunesse, et notamment l’accès à la scolarité, souligne-t-il. Et on sait à quel point le sport est idéal pour cela, puisqu’il contribue à la santé, à la tolérance, à la paix et à l’intégration sociale.»

Les activités proposées vont du football, au basketball, en passant par le volleyball et le théâtre. Un terrain synthétique de foot devrait y être installé, mais, pour cela, le bienfaiteur recherche encore environ 40 000 francs, afin de transporter le matériel.

Voilà aussi plusieurs années que la Fondation accueille des jeunes défavorisés et les initie à diverses techniques d’agriculture et de pisciculture. A terme, Badile Lubamba projette également la construction d’un hôpital. «Mais un projet à la fois», lâche-t-il, impatient de pouvoir terminer son centre sportif.

Infos: www.badilelubamba.org