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Bataille annoncée pour la préservation du bâti culturel
L’attaque du champignon virulent qu’est la mérule avait conduit les autorités yverdonnoises à débloquer des centaines de milliers de francs pour restaurer le temple, en 2014. © Nadine Jacquet

Bataille annoncée pour la préservation du bâti culturel

26 août 2021

La nouvelle loi sur la préservation du patrimoine culturel immobilier promet un débat fleuve.

«C’est du jamais vu!» Présidente de la commission du Grand Conseil qui a examiné le projet de loi sur la protection du patrimoine culture immobilier, Muriel Thalmann résume en une phrase le véritable marathon qu’elle a présidé pour parvenir au bout de l’examen de cette loi et de l’exposé des motifs préparés par les services du conseiller d’Etat Pascal Broulis.

En effet, la commission a siégé à quinze reprises, un record, et les débats ont été tellement serrés que les votes ont été obtenus souvent par une seule voix d’écart, quand la présidente n’a pas eu à les départager, ce qui s’est produit à deux reprises.  Mais au terme de ce processus préparatoire, la commission en charge de l’examen recommande l’entrée en matière. Ce fût difficile, mais c’est déjà une étape de franchie.

Cela dit, la partie est loin d’être gagnée et les débats parlementaires promettent des étincelles. Mais pourquoi ce projet suscite-t-il autant de passion? «Il y a ceux qui pensent que l’Etat n’a pas à se mêler de ce type d’affaires et de l’autre côté les partisans d’une action plus poussée, qui implique plus le Canton dans la préservation du patrimoine», relève la présidente de la commission.

Et bien évidemment, lorsqu’on parle de patrimoine culturel immobilier, cela comporte forcément des surprises et des travaux archéologiques ou de restauration qui ont un coût. Le projet de décret prévoit le versement de 10 millions de francs complémentaires au Fonds cantonal des monuments historiques pour des fouilles archéologiques et de restauration des objets classés. C’est certes une somme non-négligeable, mais une paille lorsqu’on envisage une évaluation prospective de la tâche. «Il va falloir mettre de l’argent», commente Muriel Thalmann.

Aider les privés à préserver

Si l’Etat a, comme cela a été le cas ces quinze dernières années, les moyens d’entretenir son patrimoine, il n’en va pas de même des privés. Souvent, ils sont amenés à proposer un projet immobilier pour dégager les ressources nécessaires à la préservation et à la restauration de leur patrimoine ancien. On l’a vu notamment avec le château de Coppet et celui de Hauteville, sur la Riviera vaudoise.

Pour des objets de cette importance, le Gouvernement peut présenter un exposé des motifs et projet de décret dédié exclusivement à une opération de cette ampleur. Même si l’opération date un peu, on relèvera que le château de Prangins, offert par les Cantons de Genève et de Vaud à la Confédération afin d’y ouvrir l’antenne romande du Musée national suisse, avait pris des allures de cadeau empoisonné. La restauration, initialement estimée à une vingtaine de millions de francs, avait, après plus de quinze ans de travaux ponctués de surprises, coûté le quadruple!

Plus près de nous, le Conseil communal d’Yverdon-les-Bains avait dû débloquer plusieurs centaines de milliers de francs dans le cadre de la restauration du temple, pour éliminer la mérule (champignon) qui minait la charpente et d’autres parties boisées. Autrement dit, la préservation du patrimoine a un prix.

Les 28es Journées européennes du patrimoine auront lieu les 11 et 12 septembre en Suisse, sur le thème «Faire et savoir-faire». Dix-neuf visites seront proposées dans le cadre du programme vaudois, dont celle de l’Atelier des verriers à Sainte-Croix. Réservation obligatoire.

Isidore Raposo