Belle histoire de dix ans
2 avril 2025 | Textes: Robin Badoux | Photos: Gabriel LadoEdition N°3921
La librairie et papeterie Padi a fêté ses dix ans samedi dernier. Un anniversaire célébré sobrement avec diverses activités et des dédicaces.
«Je suis très émue. On espère tenir au moins encore 25 ans, jusqu’à la retraite!» C’est avec émotion et enthousiasme que Mélinda David, gérante de la Librairie-Papeterie Padi, sise à la Grand Rue d’Orbe, a accueilli les visiteurs samedi dernier. Ils étaient nombreux à être venus féliciter le petit commerce qui vient de passer le cap des dix ans.
Une décennie faite de petits soubresauts et de défis, que la patronne, avec l’aide de son mari Patrick David et du reste de son équipe, a surmontée avec brio.
D’un défi à l’autre
L’histoire commence le 1er avril 2015 à La Sarraz avec la reprise de la Papeterie Padi. Très vite arrive l’idée de s’agrandir. Cela commence par l’ajout d’une partie librairie puis, après six mois, par l’ouverture d’une succursale à Orbe dans les anciens locaux du Cerf-Livres à la rue Pierre-Viret. «L’objectif était de faire en sorte qu’il y ait toujours une librairie à Orbe», indique Mélinda David.
Mais le fait de gérer deux magasins devint vite laborieux. «On a petit à petit eu l’idée de réunir les deux endroits.» Le choix se portera sur la succursale d’Orbe où la clientèle était plus importante. Par la suite, le 29 février 2020, la librairie-papeterie se déplace à la Grand-Rue, dans les locaux qu’elle occupe encore aujourd’hui, juste avant… la pandémie. «On a dû se réinventer. Malgré tout, les gens avaient toujours besoin de livres et de produits de papeterie. On a donc appris à fonctionner par livraison. Cela a sans doute été un frein pour faire connaître notre nouveau local.»
Grâce à de gros efforts, 2020 et 2021 ont été de bonnes années pour la boutique. Mais les défis demeurent: «Aujourd’hui, on voit tout de même que les gens ont moins de pouvoir d’achat, remarque la gérante. De manière générale, il y a moins de demande pour les offres culturelles.»
La petite structure peut néanmoins compter sur une clientèle fidèle venant d’Orbe et de ses environs, mais aussi sur le développement dynamique de la Cité aux deux poissons.
Les coups de cœur d’abord
Désormais, le magasin est surtout à la recherche de stabilité, mais entend bien rester en place encore longtemps. Pour cela, la patronne mise sur une gamme large à l’écoute des besoins des clients et sur les conseils.
Par ailleurs grande lectrice, Mélinda David s’efforce de mettre en avant «des choses qui nous ressemblent, la culture locale, les auteurs moins connus ou les romans qu’on ne trouve pas partout».
La fête organisée pour les dix ans de la boîte samedi dernier était à l’image de ses patrons et de leurs ambitions: simple, mais bourrée de convivialité.
Cthulhu en terres vaudoises
Les dix ans de la Librairie-Papeterie Padi ont été l’occasion d’inviter quelques auteurs de la région pour une petite séance de dédicace. Quatre écrivains ont fait le déplacement. Tous sont les auteurs d’une nouvelle dans l’ouvrage collectif Sous nos monts hallucinés, édité par Hélice Hélas.
Ce recueil, rassemblé par Lucien Vuille – et illustré par lui – imagine ce qui se serait passé si H.P. Lovecraft s’était établi en Suisse romande pour écrire ses fameuses nouvelles peuplées d’entités cosmiques, d’horreur et de mystères innommables.
Treize auteurs ont participé, créant des histoires dans le style de l’écrivain étasunien, mais dans des paysages locaux, du Jura aux Alpes valaisannes. «À la manière de Lovecraft, il y a un peu d’épouvante, mais ce n’est pas gore. Il y a des livres mystérieux, des gouffres sombres, des mystères propres à la mythologie lovecraftienne, mais dans des paysages locaux», explique Pierre Yves Lador, un des éditeurs et auteur d’une des nouvelles de l’ouvrage.
Une idée qui plaît, à en croire les auteurs. «Le livre a très bien marché au Salon du livre dernièrement», remarque Jean-François Thomas. «Lovecraft a toujours été à la mode. Il y a toujours eu des imitateurs de son style, qui a tellement marqué les gens», ajoute Pierre Yves Lador.
Ainsi, le nom de Cthulhu résonne autour du Léman, tandis que d’autres horreurs se tapissent dans les ombres, parfois à deux pas de chez soi. C’est le cas par exemple dans la nouvelle imaginée par Nicolas Genoud, auteur d’Orbe, qui a créé une histoire lovecraftienne dans la Cité aux deux poissons. «Les habitants du coin reconnaîtront l’endroit», assure l’écrivain.
Les auteurs mettent toutefois en garde: il ne s’agit pas d’une copie du style de Lovecraft. «C’est plutôt un hommage, un exercice de style», indique Fabrice Pittet, de Fey.