Betteraves et prix du sucre
3 février 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-Wenger | Photo: Michel DuperrexEdition N°3883
Plusieurs thèmes importants ont été abordés lors de l’assemblée générale de l’Association des betteraviers de la plaine de l’Orbe, vendredi.
Le point le plus attendu de l’assemblée générale de l’Association des betteraviers de la plaine de l’Orbe, qui s’est tenue à Suchy, s’articulait autour du projet de fusion avec l’association éponyme de la région Venoge – La Côte – Genève. Plusieurs informations ont été présentées, notamment concernant la structure du futur comité. Une assemblée générale extraordinaire a été fixée au mercredi 4 juin prochain, afin de formellement soumettre au vote la dissolution des deux associations actuelles pour donner vie à la nouvelle, dont le nom n’a pas encore été arrêté.
Un CO2 étouffant
Parmi les nombreuses personnalités représentant toute la filière betteravière, des champs jusqu’au sucre livré aux industriels, Philippe Egger, membre du conseil d’administration de Sucre Suisse SA, a rappelé les efforts que toute la branche va devoir continuer à fournir dans le sens d’une réduction des émissions de CO2. Que ce soit au niveau des cultures ou dans les usines de transformation d’Aarberg ou de Frauenfeld. Par ailleurs, l’agriculteur chavornaysan a aussi évoqué les fluctuations marquées du prix du sucre. «On reste sur deux belles années où le prix du sucre blanc est monté à plus de 1000 francs la tonne, a-t-il exposé à un public attentif. Nous avons donc effectué les investissements nécessaires avant de renflouer la caisse du fonds de réserve dans lequel nous avions dû puiser lors de mauvaises années. Les prix du sucre ont maintenant à nouveau drastiquement chuté.»
Betterave encore bien lotie
Par rapport à d’autres cultures – céréalières notamment –, la betterave sucrière possède plusieurs avantages. Tout d’abord, les contributions fédérales demeurent les meilleures, avec près de 2100 francs payés à l’hectare, auxquels s’ajoutent des rallonges si l’exploitation est bio ou IP Suisse, ou si elle renonce aux fongicides/insecticides ou aux herbicides. Toutefois, ces chiffres ne sont assurés que jusqu’au terme de l’année prochaine. Il s’agira, via un lobbyisme intensif et ciblé, directement dans la Berne fédérale, de mener des discussions pour conserver cette exception.
Autre point unanimement reconnu comme une épine dans le pied de toute la filière: la possibilité pour les industriels d’apposer la croix suisse, synonyme de «Swissness», sur des produits contenant aujourd’hui moins de 50% de sucre indigène. Pour remédier à ce problème, l’idée est d’augmenter le nombre d’hectares où l’on cultive de la betterave.
Passage de témoin au sein du comité
L’assemblée générale de vendredi a aussi vu une modification au sein du comité. Le vice-président Bertrand Sunier, qui évoluait à domicile à la salle polyvalente de Suchy, a décidé de faire un pas de retrait et laisse ainsi sa place à Sébastien Malherbe, de Chavornay. Bertrand Sunier était entré au comité de l’Association des betteraviers de la plaine de l’Orbe en 2008 déjà. Il a œuvré en tant que vice-président depuis 2020, assumant également le rôle de délégué auprès de la Fédération suisse des betteraviers, ainsi qu’auprès d’Economie sucrière vaudoise.
Son remplaçant a inauguré sa nouvelle fonction de membre du comité en restant positif: «C’est certain qu’il y a des défis à relever, mais le futur de la betterave n’est pas aussi noir que certains le dépeignent.» En 2020 déjà, l’agriculteur chavornaysan avait lancé un cri d’alarme, lié à l’interdiction en 2019, par la Suisse et l’Union européenne, des insecticides aux néonicotinoïdes. Conséquence de ce choix: des rendements impactés négativement par certaines maladies affectant au final soit l’ampleur de la récolte en tonne, soit le taux de sucre des racines, voire les deux. Le travail pour découvrir des variétés plus résistantes a depuis porté ses fruits. Mais n’a pas complètement éliminé le problème.