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Black ou Fair Friday?

26 novembre 2020

Vendredi et samedi, le mouvement Fair Friday s’opposera au Black Friday, en proposant une version éthique de cette tradition américaine. Une initiative de soutien pleine de sens en cette année 2020.

 

Pour la troisième année consécutive, Payot répond à la tradition américaine fraîchement importée en Suisse, le Black Friday, par un concept plus éthique, le Fair Friday.

Si cette alternative aura lieu aux mêmes dates que le Black Friday, soit ce vendredi 27 novembre puis le lendemain, ce n’est pas un hasard. «Les valeurs véhiculées par le Black Friday ne nous correspondent pas », exprime Anne Niederoest, directrice de la communication de Payot Libraire. «Avec le Fair Friday, nous parlons de consommation raisonnée, c’était la bonne réponse à apporter au Black Friday.»

Pour cette troisième édition, le principe reste le même. Les clients des 160 commerces actuellement inscrits sur le site fairfriday.ch, pourront volontairement arrondir le montant de leur ticket à la hausse lors de leurs achats, demain et samedi. Les gains seront reversés à l’organisation Caritas Suisse afin de soutenir les personnes en situation de précarité dans le pays (voir encadré). «Nous estimons qu’il est nécessaire de sensibiliser et mobiliser les consommateurs, consommatrices et citoyen(ne)s dans la lutte contre la pauvreté.» La nouveauté cette année: le mouvement s’est étendu jusqu’en Suisse alémanique.

Jusqu’ici ce fut un franc succès, «à la fois médiatique, car on apporte une réponse aux consommateurs qui ne veulent pas de ce Black Friday. Mais également envers les commerçants», commente Anne Niederoest. Effectivement, l’action 2019 a notamment permis de récolter 30 000 francs pour la cause. «Les gens réagissent très bien. Ils nous demandent même s’ils peuvent arrondir la somme déjà une semaine avant l’action. Je dirais qu’environ 55% des clients jouent le jeu», ajoute-t-elle.

Pour rappel, le Black Friday est à l’origine une tradition américaine qui suit le jeudi de Thanksgiving, fête traditionnelle célébrant les récoltes. Importé en Suisse il y a quelques années, le «Black Friday ne s’inscrit dans aucune tradition locale», selon Payot. Ce concept proposant des rabais dans de nombreux commerces plaît beaucoup mais déplaît tout autant: «C’est une simple opération mercantile, destinée à augmenter la fréquentation et les achats dans les magasins, à travers des rabais souvent importants. C’est une incitation à l’hyperconsommation que nous jugeons inadaptée à une époque où le développement durable, l’éthique et la consommation raisonnée constituent des priorités sociétales majeures», peut-on lire dans le communiqué de la chaîne de librairies dirigée par Pascal Vanderberghe.

Ainsi, chaque année, des alternatives durables ou éthiques émergent pour contester ce mouvement: «Green Friday», «Good Friday» et le «Fair Friday», appellation choisie par Payot. «Il fallait une réponse claire au Black Friday et aussi quelque chose de parlant pour toute la Suisse», explique Anne Niederoest.

Si la première année de l’action accueillait déjà 120 commerçants partenaires, cette année n’en compte qu’une trentaine de plus. «Nous espérions toucher davantage de commerçants. Mais cette année, ils ont d’autres préoccupations et c’est tout à fait compréhensible. Malgré tout, cette édition du Fair Friday est incontestablement chargée de sens, à la suite de la crise du coronavirus, qui a positionné de nombreuses personnes en situation de précarité», témoigne Anne Niederoest.

Parmi les commerçants qui participent, on retrouve notamment les Magasins du Monde à Vallorbe, véritable repaire de produits éthiques et artisanaux de qualité. En plus de proposer des produits issus du commerce équitable, cette enseigne tenue par des bénévoles, et réinstallée après un déménagement à la Grand-Rue 35, a à cœur de soutenir cette action. Les gérantes espèrent donc que les gens joueront le jeu pour cette occasion.
Tous les commerçants suisses sont invités à s’inscrire gratuitement jusqu’à vendredi sur fairfriday.ch pour participer à l’action.

 

«La pauvreté en Suisse crève les yeux»

 

«Nous sommes très honorés que Payot nous rende à nouveau bénéficiaires de l’action Fair Friday», salue Fabrice Boulé, responsable de la communication de Caritas Suisse. «C’est une réaction bienvenue, qui correspond bien à l’aspiration de beaucoup de consommateurs», ajoute-t-il.

En 2010, Caritas créé la campagne «Pauvreté, faisons-là disparaître!», qui s’inscrit dans la décennie de lutte contre la pauvreté en Suisse. Cette action visait à diminuer de moitié le nombre de personnes atteintes de précarité d’ici à 2020. «La précarité en Suisse crève les yeux. La détresse sociale est apparue de manière encore plus visible avec le contexte du Covid mais elle était déjà là», déplore Fabrice Boulé. «Malheureusement, on ne peut pas dire que la pauvreté a diminué en 10 ans. Les chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique montrent une augmentation sensible de pauvreté dans le pays et une forte progression chez les enfants.» Malgré cette réalité, Fabrice Boulé se réjouit de la visibilité apportée à la problématique, notamment à travers les médias.

Les bénéfices du Fair Friday seront injectés dans des programmes de réinsertion professionnelle ou de formation pour les jeunes. En 2018 et 2019, le succès «remarquable» du Fair Friday a rapporté en moyenne 30 000 francs. La tendance va-t-elle se poursuivre en cette année où la solidarité est plus que jamais de mise?

 

Fairfriday.ch

Commerces partenaires du Fair Friday dans le Nord vaudois:
– Boutique Image plus (Yverdon)
– Librairie Payot (Yverdon)
– Boucherie Calvano (Yverdon)
– Kaléïdoscope LAB (Orbe)
– Adequat Interiors (Orbe)
– Carré d’artistes (Orbe)
– Librairie Papeterie Padi (Orbe)
– Magasins du monde (Vallorbe).

Léa Perrin