Cyclisme – Jonas Goy a terminé la Transcontinental au 3e rang, dans la soirée de lundi. Le cycliste-aventurier de Romainmôtier a avalé quelque 4100 km, de la Belgique à la Grèce, en neuf jours, 21 heures et 46 minutes.
Il tient sa revanche, Jonas Goy. Deux ans après avoir dû abandonner -blessé- en fin de course, le cycliste de Romainmôtier a terminé sur le podium de la 5e édition de la Transcontinental. Il a franchi la ligne d’arrivée aux Météores, lundi aux alentours de 21h, heure locale. Troisième de l’épreuve en neuf jours, 21 heures et 46 minutes, l’aventurier de 29 ans s’est révélé être particulièrement à l’aise dans les ascensions et les descentes. Ce qui, malgré quelques péripéties inhérentes à un tel périple, lui a permis de terminer à un peu moins d’une journée du vainqueur James Hayden.
Contacté hier matin en Grèce, Jonas Goy était fier de sa performance. «Je termine au 3e rang, je ne suis pas tombé et je suis entier», résume-t-il. Pourtant, vraisemblablement encore dans la course, l’athlète ne pouvait s’empêcher de penser aux mauvais choix qu’il a opérés durant son périple.
Après s’être assoupi un peu trop longtemps au premier passage obligé (lire ci-dessous), le grimpeur a entamé une incroyable remontée dans les Alpes, lorsqu’il devait atteindre le Monte Grappa. Dans les cols, il a réalisé une démonstration, même sous l’orage, quand les autres se sont arrêtés, pour se retrouver à nouveau 2e au checkpoint italien.
«Je n’ai, ensuite, pas pris le bon chemin en me rendant en Autriche, où une route était fermée, pour rejoindre la Slovaquie. James Hayden est passé par la Slovénie. Même s’il n’était encore que 2e derrière Bjorn Lenhard aux Hautes Tatras, c’est à mon sens là qu’il a remporté la course.»
Devancé par ces deux hommes à la mi-course, Jonas Goy n’a jamais pu les rattraper. «Ils dormaient moins que moi (ndlr : lui s’est accordé trois à quatre heures de sommeil par nuit), mais je roulais plus vite qu’eux, raconte le Romainmonastérien. Malheureusement, mes lacunes en mécanique m’ont coûté cher lors du parcours vers la Roumanie, puis la Grèce.»
A la pompe
Dans la chaleur, le cycliste a souffert du mauvais choix de chambres à air, trop souples -il ne savait pas qu’il en existait des plus rigides- qui, dans la chaleur, lui ont donné l’impression d’avancer avec des crevaisons. Il s’est retrouvé contraint de pomper toutes les heures et, sur le vélo, n’a pas été aussi rapide que souhaité. «Dans les montées, je m’énervais, car je n’allais pas aussi vite que d’habitude, affirme le spécialiste de la montagne. Dans les descentes, je roule habituellement à 60 ou 70 km/h. Là, même en pédalant de toutes mes forces, je ne dépassait pas les 50 km/h. En résumé, j’avais bien moins de rendement.»
Jonas Goy ne pointait qu’à 60 kilomètres de Bjorn Lenhard, futur deuxième, lors de l’ultime nuit. Il n’a pas pu les combler. «J’ai dû effectuer d’énormes efforts les derniers jours, relevait-il. Oui, je pense que j’aurais pu gagner la course. Cela s’est joué sur des détails. A régler à l’avenir.»
Arrivé au bout de la Transcontinental, Jonas Goy va encore visiter un peu la Grèce sur son vélo, avant de rejoindre Athènes en milieu de semaine prochaine, puis de rentrer en Suisse, de retour dans un monde où ce héros de Météores reprendra son quotidien de mortel, à la recherche d’un emploi.
Une course endeuillée
La première nuit de la Transcontinental, dont le départ a été donné le vendredi 28 juillet à 22h, a coûté la vie à Frank Simons, l’un des participants, renversé. Le comité de course a envisagé de stopper l’épreuve. Arrivé en 2e position au premier checkpoint, en Allemagne, Jonas Goy est allé passer la nuit suivante à l’hôtel, en attendant des nouvelles. A son réveil, la décision avait été prise de poursuivre. «La famille de Frank en a voulu ainsi», glisse le Nord-Vaudois qui, dans la mésaventure, est reparti avec de nombreuses heures de retard sur les plus rapides. Un retard qu’il a rattrapé dans les Alpes, où il a excellé.