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Bras de fer autour d’une antenne
Orbe, 26.06.18, Léon Warnier. © Carole Alkabes

Bras de fer autour d’une antenne

27 juin 2018 | Edition N°2276

Orbe – Un litige oppose les habitants d’un quartier à l’opérateur de téléphonie Salt. Vendredi dernier, la justice s’en est mêlée en se rendant sur place.

«Non à une téléphonie mobile sans garde-fou!», «La téléphonie mobile rend malade et tue!», «Exigeons le respect du vivant!». La centaine d’opposants réunie, vendredi dernier, devant un immeuble sis au chemin de la Magnenette 29 à Orbe, n’y est pas allée par quatre chemins en dénonçant le projet d’implantation d’une antenne Salt près des habitations. Présente sur les lieux, la Cour de droit administratif et public (CDAP) a entendu les différentes parties, lors d’une audience d’inspection locale organisée à la suite d’un recours de l’opérateur contre la décision de la Municipalité de refuser le permis de construire, en 2017. L’affaire s’était ensuite envenimée avec une plainte pénale des opposants (lire encadré dans notre édition papier).

Une fiche «illégale»

Fer de lance de ce combat, Léon Warnier assure que «vingt-et-une indications incorrectes ont été relevées dans la fiche technique d’Amodus S.A. (ndlr: le bureau technique chargé des calculs) certifiée par Salt.» Vêtu d’un costume en fils d’argent de la tête au pied, l’homme souffre depuis 2015 de multiples troubles liés aux effets néfastes des rayons non ionisants. «En 2016, je suis devenu complètement vert et j’ai perdu plus de douze kilos. J’ai cru que tout était fini pour moi», poursuit le juriste. Après plusieurs analyses, le diagnostic est tombé: l’Urbigène souffre d’électro-hypersensibilité. Cela signifie qu’il ne peut pas être exposé à des champs électromagnétiques de plus de 0,02 volt/m, soit 250 fois moins que ce que l’antenne de Salt pourrait émettre.

Les opposants dénoncent en particulier le fait que l’opérateur aurait mal fait ses calculs pour l’emplacement de l’antenne, ce que Salt reconnaît. Mais c’est le seul grief que la société de téléphonie admet. Pour le reste, son porte-parole, Benjamin Petrzilka, affirme qu’«il n’y a eu aucune intention de tromper». Si l’opérateur a choisi d’implanter ce dispositif à cet endroit, c’est parce qu’«il existe un manque de couverture avéré dans la partie nord de la zone habitable de la commune». La Municipalité avait proposé que l’antenne soit installée sur la caserne des pompiers. Un site balayé par Salt: «Il n’aurait couvert que la partie sud de la commune.»

La Direction générale de l’environnement (DGE), qui avait validé la fiche technique et l’avait jugée conforme à l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI), refuse de se prononcer tant que la procédure pénale est en cours. Mais les opposants n’entendent pas baisser les bras: «Si on se bat, c’est pour préserver la santé de nos enfants», affirme Léon Warnier.

Valérie Beauverd