Bretonnières et le pilier de la discorde
10 avril 2013Initialement prévue pour le 7 avril, l’élection communale de Bretonnières a été annulée par la Préfecture. En cause, le non respect du délai d’affichage au pilier public.
À Bretonnières, au chapitre des curiosités locales, on connaissait déjà le clocher «bulbe» et les nombreuses fontaines qui ornent les rues du bourg. Des singularités auxquelles il faudra désormais ajouter celle des «élections annulées».
En effet, comme l’annonçait L’Omnibus, après une première élection annulée, en 2012, car un candidat étranger ne répondait pas aux conditions d’éligibilité imposées par la loi -faute de n’être domicilié dans le canton depuis trois ans-, la préfète du district Jura-Nord vaudois, Evelyne Voutaz, vient de faire annuler l’élection communale, prévue le 7 avril, afin de remplacer le municipal Fabrice Ferrié, et «de convoquer les électrices et les électeurs de la Commune de Bretonnières à une date ultérieure». Cela sera le 9 juin prochain.
Une élection non annoncée
Une annulation à l’origine de laquelle se trouvent quelques habitants de Bretonnières. En effet, alors que l’un d’entre eux, début mars, se rend sur le site Internet du Canton de Vaud, quelle n’est pas sa surprise de constater qu’une élection, à Bretonnières, est agendée pour le dimanche 7 avril et que, vérification faite, aucune information à ce sujet ne figure au pilier public communal, contrairement à ce que prévoit la loi. Dans ce cas, le délai qui était imparti pour l’affichage était, au plus tard, le 25 février dernier.
Interrogée au sujet de cet «oubli», la Municipalité affirme pourtant, en date du 12 mars, que «l’arrêté de convocation de la Préfecture est affiché au pilier public officiel, depuis plus de 20 jours». La situation est alors dénoncée à la préfète Evelyne Voutaz qui, dans un premier temps, confirme que «renseignements pris auprès de la Syndique ainsi qu’auprès du Président du Conseil général, l’arrêté de convocation a bien été affiché dans le délai imparti». Or, le 27 mars dernier, cette dernière décide d’annuler cette élection, constatant que «le délai d’affichage au pilier public n’a pas été respecté». Un renversement de situation qu’Evelyne Voutaz explique du fait que «les autorités ont finalement reconnu que l’affichage n’avait pas été fait dans les temps».
Le retour de l’ancien syndic
Un retard «d’un jour ou deux», admet la syndique Birte Guinand. «D’au moins 20 jours!», dénoncent plusieurs habitants de Bretonnières. Mais quoiqu’il en soit assez pour que les élections soient reportées en juin. D’autant plus qu’il ne s’agit pas là du seul problème lié à ce qui devait être l’élection communale du 7 avril. Puisque, certains habitants, voyant le délai pour se porter candidat, soit le 11 mars, passé, et ceci sans qu’aucun candidat ne se soit présenté, décident de demander à l’ancien syndic de Bretonnières, William Trolliet de se porter candidat. «Ce que j’ai accepté pour mettre un terme à cette politique de non-transparence», assure ce dernier. Un tous-ménages officieux est alors distribué dans toutes les boîtes aux lettres du village pour annoncer la candidature de l’ancien syndic. Un tous-ménages qui sera suivi, le mardi 26 mars, par un second tous-ménages de la Municipalité qui propose alors trois autres candidats. «Une manoeuvre pour m’empêcher d’être élu», affirme William Trolliet. «Pas du tout», assure l’actuelle syndique Birte Guinand, qui explique, par ailleurs, que la Municipalité fait son travail consciencieusement et que «tout le monde peut faire des erreurs, ce qui ne veut pas pour autant dire que l’on mérite d’être accusé d’incompétence». Un discours qui trouve écho dans celui du président du Conseil, Patrick Chezeaux, qui tient à rappeler que «dans ces petites communes, les élus sont dévoués et travaillent quasi bénévolement». De quoi pardonner ce cafouillage?
Quoi qu’il soit, c’est peu dire que l’ambiance, jusqu’au 9 juin, risque d’être électrique, à Bretonnières qui, évidemment, devra assumer le coût de cette élection annulée.