Logo
Brocanteurs, envers et contre tout
Le froid mordant n’a pas spécialement refroidi la motivation des exposants, venus en nombre le long de la promenade Auguste-Fallet.

Brocanteurs, envers et contre tout

4 février 2025 | Textes: Robin Badoux | Photos: Gabriel Lado
Edition N°3884

Passés de mode les vide-greniers et le marché de seconde main? Les brocanteurs relèvent en effet de plus en plus de difficultés dans leur activité. Témoignages de quelques exposants au vide-grenier de la Promenade dimanche dernier.

La journée était rude pour les brocanteurs présents au vide-grenier de la promenade Auguste-Fallet dimanche. Il fallait en effet composer avec les températures hivernales, mais aussi avec des conditions de travail de plus en plus difficiles pour certains. «Le monde de la brocante devient compliqué», déplore Alain Maille, brocanteur de longue date du Val-de-Ruz (NE), spécialisé dans les montres, les jumelles et les couteaux. Il regrette également le manque d’intérêt, voire de respect, des clients envers le travail des brocanteurs. «On me demande souvent si mes montres sont des vraies, alors que je m’y connais: j’ai travaillé trente ans dans les montres. C’est un loisir qui devient pénible. Il y a de moins en moins de bons clients», s’exclame le retraité.

Le marché de seconde main: un effet de mode?

Un constat que partagent ses confrères? Un rapide tour auprès des différents exposants révèle une situation à peine moins sombre. «On sent que les gens ont moins d’argent», remarque l’un d’entre eux.

A l’heure où le marché de seconde main est mis en avant dans les discours, comment expliquer cette baisse d’intérêt remarquée par les exposants? «C’est vraiment un truc que je ne comprends pas», s’écrie David Lozano, brocanteur de Fey depuis un an et demi. «Je vends des outils à 1 ou 4 francs, mais les gens n’en veulent pas, continue-t-il en brandissant une caisse d’outils divers et de laquelle il sort un gros tournevis à peine altéré par le temps. Celui-ci coûte 18 francs en magasin, mais je ne peux quand même pas le vendre.»

Il révèle d’ailleurs que de nombreux objets de son stand ont été récupérés à la décharge, parfois en très bon état.

Internet, la panacée?

De quoi inquiéter les chineurs invétérés? Somme toute, pas vraiment. La plupart des brocanteurs interrogés parviennent à rentrer dans leurs frais, surtout à Yverdon, à la promenade Auguste-Fallet où les places sont bon marché.

Sans compter que pour la majorité des exposants, la brocante reste un loisir. Pour ceux qui ont décidé d’en vivre toutefois, la donne est différente. C’est le cas par exemple de Damien Grandjean, de Genève, qui vend des cartes de collection, des jouets et des DVD. «Ce n’est pas possible d’en vivre pour l’instant, mais il y a du potentiel.» Lancé dans l’aventure depuis un peu plus d’un an, il compte sur Internet pour booster ses ventes.

«Internet c’est mort!» rétorque de son côté David Lozano. «Ça marchait bien il y a quelques années, mais maintenant, c’est très chronophage avec toutes les questions bêtes posées par les clients et ceux qui ne respectent pas les rendez-vous. Internet ne vaut la peine que pour les objets de valeur.»

Pas de recette miracle donc pour s’en sortir? «Ce qui compte, c’est de ne pas trop regarder ce que font les collègues. Il faut aller à l’instinct, sourire et respecter le client», remarque avec optimisme Valérie Beneton, venue d’Yvonand.